Comment la Fintech française peut aider les Daf dans leurs problématiques de paiements B2B
Les fintechs ont révolutionné les pratiques de la finance, notamment dans le secteur du paiement. D'abord en B2C, et désormais aussi dans le B2B. La crise sanitaire et l'impérieuse nécessité de la digitalisation donnent aux Daf de nouvelles raisons de s'intéresser de près à ces jeunes pousses.
Dans sa dernière étude, "Future of Payments", publiée en janvier dernier, Deutsche Bank a interrogé 200 CFO et trésoriers de grands groupes européens sur leurs attentes en matière de paiements. Concernant les paiements B2B, plusieurs tendances nettes se dessinent. Avec 32,39 milliards de de dollars de fraudes aux paiements répertoriées en 2020 dans le monde (contre 9,84 milliards en 2011), le sujet de la sécurité des paiements arrive, sans surprise, en tête des priorités des CFO européens. Ceux-ci sont également attentifs à la question des réconciliations entre factures et paiements. Selon Deutsche Bank, 60% des paiements B2B transfrontaliers nécessitent en effet une intervention manuelle, chronophage, de 15 à 20 minutes chacune. Arrivent ensuite les problématiques d'automatisation et d'accès à l'ensemble des transactions effectuées dans le monde. Sur ce dernier point, 54% des trésoriers interrogés assurent qu'il est urgent de mettre en place des solutions capables de tracer les paiements internationaux en cas de problème. Autre défi que ces professionnels de la finance souhaitent relever : l'accélération du recours au paiement instantané. 40% des CFO interrogés s'attendent ainsi à ce que la technologie révolutionne ce dernier point car ils estiment que le paiement instantané aura un impact majeur sur la trésorerie de leurs entreprises notamment en réduisant considérablement le risque d'impayé et les besoins en fonds de roulement. Lire aussi : La sécurité des paiements, un enjeu majeur La fintech française a le vent en poupeSur l'ensemble de ces sujets, des fintechs européennes (dont beaucoup de françaises) sont positionnées. Avec une montée en puissance forte depuis 2018 et la mise en place de la DSP2 (directive européenne sur les services de paiements deuxième version). Celle-ci contraint désormais les banques à fournir l'accès aux données de leurs clients à d'autres acteurs, en particulier aux initiateurs de services de paiement et aux prestataires de services d'information sur les comptes. Les banques ont dû développer des interfaces spécifiques et interopérables pour rendre la communication plus efficiente que les captures d'écran opérées dans un premier temps par ces intervenants extérieurs aux banques. Cette nouvelle ère de l'Open Banking ouverte par la DSP2 a autorisé le développement de multiples services innovants et spécifiques portées par de nouveaux entrants sur le marché de la finance, ces jeunes pousses que l'on appelle les Fintechs. Portées par la crise sanitaire et la prise de conscience qu'elle a suscité sur l'urgence de la digitalisation de l'ensemble des process, les Fintechs françaises ont enregistré près de 830 millions d'euros de levées de fonds en 2020 selon le baromètre de l'association France FinTech. 15,3% de ces levées ont concerné les services de paiement. Parmi les dernières opérations : celle de Libeo (20 millions d'euros) pour sa solution de validation et de paiement de factures sans Iban, de Score and Secure Payment (6 millions) pour sa plateforme de paiement, de Sis ID (5 millions) pour sa solution collaborative de lutte contre la fraude aux virements bancaires ou encore de Soan (1 million) pour son offre à destination des PME/TPE concernant l'optimisation de la gestion en ligne des paiements. Même BpiFrance vient de débloquer une enveloppe spécifique de 100 millions d'euros pour soutenir le décollage de ces entreprises innovantes de la finance. Lire aussi : Les Fintechs, des opportunités qui se structurent " Les fintechs ont des atouts majeurs par rapport aux acteurs bancaires traditionnels : leur agilité, leur positionnement immédiatement international, l'ergonomie intuitive des services et interfaces utilisateurs. ", justifient Pierre-Antoine Dusoulier, fondateur de la fintech IbanFirst et Pierre Queinnec, CEI de Jenji (logiciel de notes de frais basé sur l'IA). Ils sont les porte-paroles de l'association France FinTech. " Elles ne subissent pas des environnements lourds ralentissant leur progression et leurs évolutions de services. Et puis, point majeur de leur différenciation avec les acteurs traditionnels du paiement : la plupart sont positionnées sur un créneau bien particulier, sur lequel elles consacrent toute leur énergie et toute leur R&D ". Lionel Jouve, vice-président de la commission Fintech de l'Association Française des Trésoriers d'Entreprise, leur trouve un autre attrait : " Dans les paiements, le rapport de force est extrêmement présent. Lorsqu'on est client, on souhaite avoir le paiement à sa main. A l'inverse, quand on est fournisseur, on ne souhaite pas dépendre du bon vouloir de son client. La technologie apportée par les fintechs permet de gommer en partie ces sujets en faisant en sorte qu'ils ne soient pas à la main complètement de l'un ou de l'autre ". Autant d'arguments pouvant encourager les directeurs financiers à se lancer dans une nouvelle aventure avec ces jeunes pousses. " Les entreprises doivent absolument se moderniser sur le sujet des paiements et accélérer, cela devient encore plus indispensable avec cette crise. Le paiement n'est pas juste un flux, c'est un vrai élément de performance et de fidélisation ", conclut ainsi Eddy Combier, dirigeant de la fintech Score Secure Payment.
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