Avant de demander des aides, les PME doivent s'assurer d'y être éligibles
La tentation est grande de compter sur les aides publiques pour soutenir les projets de développement de son entreprise. Attention toutefois : non seulement les conditions pour obtenir ces aides regorgent de subtilités qui peuvent parfois en bloquer le versement, mais elles nécessitent aussi d'avoir sécurisé ses fonds propres pour porter pleinement leurs fruits.
Le sujet des aides publiques aux entreprises est vaste. Les récentes crises en ont fait une ressource clé pour beaucoup de PME. Si c'est une erreur de ne pas étudier les possibilités qu'elles offrent, il faut néanmoins en maîtriser les mécanismes et subtilités pour être dans une démarche de création de valeur et leur faire pleinement jouer leur rôle d'accélérateur d'activité.
Un très riche vivier d'aides en France
De quoi parle-t-on ? Les aides de l'Etat peuvent être catégorisées en trois grands ensembles : les crédits d'impôts (les plus connus étant le CIR et le CII) ; les aides versées par les Régions et par Bpifrance, qui sont essentiellement des avances de fonds conditionnées ou des prêts et assurances ; et les dispositifs de prêts garantis par l'État dont le fameux PGE mis en place lors de la crise Covid.
Parmi ces aides, on distingue des dispositifs spécifiques, pour les entreprises en difficultés ou pour les entreprises en création par exemple. Plus récemment, il y a aussi eu des aides conjoncturelles – rappelons à ce titre les différentes mesures du « quoi qu'il en coûte » liées aux confinements et à la crise sanitaire de 2020, dont le fonds de solidarité qui reste actif encore en ce début 2022 pour certains secteurs. Le plan France Relance de 2021 prévoit également un certain nombre d'outils.
Les aides publiques sont finalement assez nombreuses et permettent d'épauler l'entreprise dans ses investissements, innovation ou développement international.
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La clé du succès d'un recours aux aides publiques : travailler son haut de bilan
Toutefois, un dirigeant doit rester vigilant sur un point particulièrement critique : son haut de bilan et son plan de trésorerie. Trop d'entrepreneurs demandent des aides d'État sans ni avoir anticipé un niveau suffisant de fonds propres, ni s'être doté d'un plan de trésorerie robuste et fiable. Or pour bénéficier des aides, l'Etat demande des garanties. Pour Bpifrance par exemple, l'aide est versée, entre autres critères, sous condition d'avoir en fonds propres la moitié de la somme demandée.
Tout dirigeant aguerri vous le dira : les aides sont là pour améliorer le cash en vue d'une accélération de la croissance (par exemple, explorer un nouveau champ d'activité ou passer d'une phase A à une phase B d'un plan stratégique). Elles ne sont pas là pour apporter des garanties à la réussite de l'entreprise.
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Miser sur des modèles et processus alternatifs ou complémentaires
Un entrepreneur se rend compte souvent trop tard qu'il n'est pas éligible au regard de sa structure bilancielle. S'il veut être éligible, il lui faut donc retravailler la structure de son bilan comptable avant de demander des aides.
Pour cela, augmenter le chiffre d'affaires et réduire les coûts est une piste. Cependant, force est de constater que dans beaucoup de situations, cela ne suffit pas. L'une des solutions est alors de repenser ses processus, d'introduire une rupture, de définir des modèles alternatifs ou complémentaires. Par exemple, en développant des solutions dérivées à cycles de vente courts, qui rapportent plus et plus vite afin de dégager une marge suffisante, avec un impact notable à court terme sur la situation bilancielle. Autre option : plutôt que développer sa propre R&D assortie d'une obtention incertaine du CIR ou du CII, opter pour une R&D externalisée.
Si malgré tout, le dirigeant n'arrive pas à adapter sa situation comptable, il peut s'appuyer sur un expert extra-financier ou un pair qui, l'ayant déjà fait, saura le guider dans les initiatives à lancer pour rétablir la situation et afficher un bilan comptable adapté. En se basant sur son expérience, il saura aider à identifier les ruptures et processus (commerciaux, R&D, etc.) permettant d'atteindre le bilan cible.
Au bout du compte, un dirigeant ne doit pas attendre de savoir s'il est éligible aux aides publiques. Il doit prendre les devants, sélectionner les aides qui lui seraient utiles pour accélérer son développement, puis travailler son haut de bilan pour avoir 100% de chances de les obtenir. En prenant des décisions responsables de gestion, non seulement il en bénéficiera mais aussi il pourra faire en sorte qu'elles jouent pleinement leur rôle d'accélérateur dans l'exécution du plan de croissance.
Pour en savoir plus
Hervé Yahi a rejoint I&S Adviser en 2018. Précédemment il a été à la tête d'Horizontal Software. Il est également à l'origine de quatre autres sociétés informatiques (Transtar Software, Verilog, Virtools et Mandriva), il a aussi officié chez Bull en tant que vice-président.
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