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Pourquoi le DAF doit-il se préoccuper de priorités extra-financières en 2024 ?

Un mot pour décrire 2024 ? L'incertitude. C'est ce qui ressort de l'étude Hub institute, qui annonce une année tumultueuse marquée par l'inflation, les taux d'intérêt et la géopolitique.

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Pourquoi le DAF doit-il se préoccuper de priorités extra-financières en 2024 ?

Bien que l'inflation ait baissé en Europe vers la fin 2023, il est encore trop tôt pour que les entreprises se relâchent en pensant que la suite sera facile. En outre, les élections présidentielles prévues dans plus de 50 pays cette année risquent d'entraîner de nombreux changements politiques auxquels il faudra faire face.

Dans ce contexte, se concentrer sur des priorités autres que les aspects financiers permettra aux organisations - et en particulier aux équipes financières - de répondre et d'atteindre leurs objectifs de croissance.

Les grands enjeux des directeurs financiers en 2024

Nous avons observé que la quasi-totalité (98 %) des décideurs français pensent que le rôle du DAF a changé, et qu'il s'étend à des domaines d'activité tels que le marketing, les opérations, la conformité et l'innovation technologique. Leur ajouter plus de responsabilités semblerait être une mauvaise idée, mais en 2024, les directeurs financiers n'auront pas nécessairement le choix.

Explorons les priorités sur lesquelles les directeurs financiers devront se concentrer cette année, mais aussi ce que les DAF doivent faire pour se préparer et pourquoi ces nouveaux facteurs pourraient constituer des opportunités pour les entreprises.

Les rapports extra-financiers

Tout d'abord, les rapports ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) vont devenir un domaine majeur pour les organisations dans un contexte où l'ambition est de réduire les émissions mondiales de 45 % d'ici à 2030 et d'atteindre le niveau zéro d'ici à 2050. Sans oublier leur responsabilité de créer des entreprises pérennes et socialement responsables. Ces enjeux sont cruciaux, si bien que les gouvernements, les régulateurs et les actionnaires du monde entier renforcent la pression sur les organisations pour qu'elles montrent qu'elles sont en conformité et ont des objectifs.

Pour les chefs d'entreprise, 2024 sera une première : ils devront appliquer les mesures pendant cette année fiscale afin d'alimenter les rapports en 2025. Par où les entreprises doivent-elles commencer ? Bien que les rapports ESG n'aient pas grand-chose à voir avec la comptabilité, les dirigeants devraient se tourner vers leurs directeurs financiers. En effet, les compétences de ces derniers s'appliquent complètement à cette forme de reporting extra-financier. 67 % d'entre eux souhaitaient d'ailleurs renforcer leur comptabilité environnement l'année dernière selon une étude BCG.

Qu'il s'agisse de définir des indicateurs clés de performance, de mettre en oeuvre une stratégie ambitieuse ou d'éliminer les erreurs de communication et le manque de transparence (le greenwashing par exemple), les DAF sont parfaitement adaptés à ce type de rôle.

L'intelligence artificielle

Nous avons mentionné précédemment que l'innovation technologique était l'un des sujets phares pour les directeurs financiers. En effet, ils comprennent bien le principe du retour sur investissement et, à une époque où les entreprises dépensent parfois sans compter dans de nombreux outils technologiques, les directeurs financiers peuvent s'assurer des résultats de ces investissements. Selon une étude Pulse de PwC, 88 % des directeurs financiers et autres cadres d'entreprise déclarent avoir du mal à tirer parti de leurs investissements technologiques.

Pour remédier à cela, les DAF doivent collaborer avec les directeurs informatiques et les directeurs de la technologie, prendre du recul et réfléchir de manière plus stratégique à l'investissement technologique. Il s'agit d'explorer les différents outils disponibles sur le marché, de ne pas souscrire à des abonnements longs et coûteux et de réfléchir stratégiquement à la manière de donner davantage de responsabilité aux collaborateurs. Pour les directeurs financiers qui se demandent par où commencer, il n'y a rien de mieux que de le faire « chez soi ». Nous avons observé que seules 25,7 % des entreprises affirment avoir confiance dans l'introduction de l'IA (générative et autre) dans leurs opérations financières. En prenant l'équipe financière comme terrain d'essai, les DAF contribueront à lever deux grands obstacles à une mise en oeuvre efficace de l'IA : la gestion du changement et l'éducation.

Préparer une introduction en Bourse

Alors que l'on s'attend à ce que certaines grandes banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, commencent à baisser leurs taux d'intérêt cette année, l'introduction en Bourse revient à l'ordre du jour de nombreuses entreprises.

2023 a été une année relativement creuse en introductions en Bourse par rapport à 2022, mais les entreprises doivent désormais se tenir prêtes. Les directeurs financiers sont impliqués lors d'introductions en Bourse car ils sont les mieux placés pour décider si une entreprise a tout ce qu'il faut, de la configuration de l'infrastructure à la mise en place de la bonne équipe, en passant par le suivi de l'analyse et des prévisions financières, avant d'entamer et de soutenir les nouveaux processus. L'introduction en Bourse n'est donc pas une opération banale. Elle exige de l'engagement, de la résilience et, dans certains cas, du recrutement. Mais le DAF peut faire de ce projet une réalité en se rapprochant du directeur général pour former une équipe solide de cadres dirigeants capables de tempérer l'ambition par la stratégie et de séduire les investisseurs.

Réaliser son potentiel de directeur financier

Alors, comment transformer ces trois tendances économiques de poids en bonnes nouvelles lorsque les cadres dirigeants sont déjà à bout de temps et de ressources ? D'abord, au lieu de considérer ces priorités comme une nouvelle charge pour les responsables financiers, il faut les voir comme des opportunités. Celle par exemple de gérer une entreprise plus durable et plus conforme. L'opportunité d'exploiter les outils de travail technologiques les plus puissants depuis internet. Ou encore, la possibilité de mieux toucher ses audiences et d'augmenter sa base de clients.

Mais pour saisir chacune d'entre elles, les chefs d'entreprise doivent libérer leurs DAF des tâches quotidiennes réalisées par les équipes financières. Pour un rôle qui a déjà atteint ses limites, il est crucial que les directeurs financiers délèguent les tâches administratives et fastidieuses qu'ils doivent gérer quotidiennement. Pour cela, ils peuvent s'appuyer sur de l'IA ou leurs équipes élargies. S'ils ne le font pas, il sera difficile d'atteindre un seul des objectifs évoqués, et voire impossible de réaliser les trois.

Les priorités des directeurs financiers devraient à nouveau changer cette année. Mais grâce à une bonne préparation, ils peuvent assurer des prévisions financières précises.

Alvaro Dexeus, directeur général Europe du Sud, Pleo.

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