Post Covid-19 : quelle relance pour les PME ?
Les prévisions ne sont pas exactement les mêmes selon les indicateurs retenus et les analystes, mais elles convergent toutes vers un avenir économique morose pour les prochains mois. La Banque de France table sur une chute de 10% du PIB de la France en 2020 et une hausse du chômage de 11,5%. L'OCDE, de son côté, prédit une baisse du PIB de 11,4% si l'épidémie en reste là, mais de 14,1% si une deuxième vague vient de nouveau submerger le pays à l'automne.
Dans ce contexte, le gouvernement multiplie les annonces de soutien et de relance à l'économie nationale pour soutenir l'offre. A ce titre, il a présenté ce mercredi 10 juin son troisième plan de finances rectificatif (PLFR3). Celui-ci prévoit un soutien public à l'économie de l'ordre de 460 milliards d'euros. Il inclut les quelque 400 milliards déjà programmés pour les diverses mesures d'urgence et d'accompagnement des entreprises (fonds de solidarité, activité partielle, prêts garantis par l'Etat, etc.), mais aussi les différents plans sectoriels égrenés au fil des derniers jours : 18 milliards pour soutenir et relancer le secteur du tourisme, 8 pour la filière automobile, 600 millions pour accompagner le rebond des start-ups de la French Tech, 15 milliards pour l'aéronautique, ainsi que des aides pour les secteurs du livre, du petit commerce et du BTP.
Rattraper le retard
" Personne ne peut contester que beaucoup de mesures sont sur la table, commente François Perret, directeur de Pacte PME. Il y a d'abord eu les mesures d'urgence. Nous sommes désormais dans une séquence intermédiaire avec les mesures sectorielles. Viendra ensuite un plan de relance plus complet. "
Pour l'expert, ce plan devra intégrer trois priorités affectant les PME : mettre en place des solutions relais aux mesures d'urgence, soutenir l'investissement et l'emploi pour rattraper le retard de productivité de la France, et enfin organiser le renforcement en fonds propres des petites et moyennes entreprises.
Sur ce dernier point, François Perret préconise de cibler les 30 000 PME les plus prometteuses pour les aider à accéder au statut d'ETI. Le directeur de Pacte PME insiste également sur la nécessité de s'intéresser à l'offre et de renforcer les dispositifs de partage de valeur avec les salariés. " Contrairement à la crise de 2008, il ne s'agit pas désormais uniquement de relance économique sinon, nous irons vers une fracture supplémentaire de la société. Après les gilets jaunes, les grèves contre la réforme des retraites et le Covid, nous ne pouvons plus nous le permettre. "
Muscler les entreprises en transformant les PGE
Le calendrier gouvernemental n'est pas encore calé, Bruno Le Maire et ses services planchent sur le sujet, mais le plan de relance de l'économie devrait probablement être présenté à la fin de l'été ou à l'automne. " Trop tard, tacle François Asselin, président de la CPME. Les mesures sectorielles sont nécessaires mais qu'en est-il de toutes les PME qui n'appartiennent pas à ces secteurs prioritaires ? Il faut aller vite pour donner de la visibilité et des perspectives à toutes nos PME. Nous demandons un plan avant l'été. "
Dans cette optique, François Asselin a présenté la semaine dernière au gouvernement les 109 propositions de la CPME. Au premier lieu desquelles, des mesures fiscales : franchise fiscale, annulation des charges sociales, maintien du chômage partiel à 100% jusqu'à la fin de l'année pour les entreprises qui ont perdu plus de 50% de chiffre d'affaires sur le premier semestre, etc.
" Il faut également muscler nos entreprises, ajoute François Asselin. Les mesures d'urgence étaient une très bonne chose mais il faudra bien rembourser. Nous proposons donc de faire remonter les prêts garantis par l'Etat (PGE) en quasi-fonds propres, avec un remboursement sur 10 voire 20 ans. "
Le syndicat patronal suggère par ailleurs la réactivation d'une prime à l'embauche, le zéro charge pour le recrutement d'un apprenti, l'exonération d'IS pour les montants réinvestis ou remontés en fonds propres etc.
Offre, demande et compétitivité
La semaine précédente, le Medef avait également dévoilé son plan de relance. Avec une mesure emblématique : des éco-chèques à destination des ménages modestes pour relancer la consommation. Le Medef demande aussi un plan massif pour favoriser le travail des jeunes avec une exonération de 12 mois de cotisations sociales pour un premier CDI et une aide de 10 000 euros pour le recrutement d'un apprenti.
Concernant la trésorerie des entreprises, comme la CPME, le Medef plaide pour une annulation des charges fiscales reportées.
-PLFR3. Le troisième budget rectificatif prévoit notamment 31 Mds € pour financer l'activité partielle, 8 Mds pour le fonds de solidarité des TPE, 4,5 Mds pour les collectivités et 43,5 Mds pour les secteurs les plus touchés.
-Charges. Parmi les entreprises susceptibles de bénéficier d'une exonération des cotisations et contributions patronales : les TPE et PME de l'hôtellerie, de la restauration, de la culture, de l'événementiel, du sport, etc.
-800 000. C'est le nombre d'emplois qui pourraient être supprimés en France dans les prochains mois, selon l'évaluation du ministre de l'économie Bruno Le Maire devant la commission des finances de l'Assemblée Nationale.
-Aéronautique. 15 Mds € pour l'aéronautique : le plan de relance de la filière prévoit la création de deux fonds, notamment pour accompagner les transformations et améliorer la compétitivité des PME du secteur.
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