Daf de transition : et si vous vous lanciez ?
" J'ai démarré la direction financière de transition par hasard, en 2016. Je venais de quitter un poste lorsqu'un confrère m'a sollicité pour l'accompagner temporairement dans une phase de restructuration financière. Depuis, j'enchaîne les missions ! ", sourit Frédéric Soares, 43 ans, ex-directeur financier d'une Business Unit. Même constat du côté de Xavier Neyrand. Il endosse les casquettes de directeur financier de transition depuis bien plus longtemps puisqu'il a commencé en 1998 mais, lui aussi, par le fait d'une opportunité. " J'ai assuré la direction financière de CIC Lyonnaise de banque pendant 10 ans avant de rejoindre une entreprise cliente. J'y allais pour la développer mais il s'est avéré qu'elle était en réalité très mal en point. "
Les deux hommes se sont pris au jeu, à tel point qu'ils n'ont plus fait marche arrière et n'envisagent pas leur carrière autrement. Et ils ne sont pas les seuls visiblement : selon l'édition 2018 de l'étude Valtus sur le management de transition, 41% des managers (tous métiers confondus) ayant réalisé au moins une mission de transition se disent engagés dans cette voie, allant jusqu'à ignorer des offres en CDI. Seuls 3% déclarent ne plus vouloir exercer leur métier de cette façon.
Alors, qu'est-ce qui fait courir les DAF de transition ?
Des missions intéressantes et bien rémunérées
Patrick Abadie est le président du cabinet Delville Management. La structure a démarré 135 missions en 2018, dont 20% en direction financière. Il confirme : " Quand on a goûté à la transition, il est souvent difficile de faire marche arrière car le travail est en général très satisfaisant ". Satisfaisant car varié d'abord. " Les entreprises font appel à des Directeurs financiers de transition pour des missions assez différentes. Nous sommes sollicités par des entreprises de toutes tailles, réalisant des chiffres d'affaires de 50 millions d'euros à 2 milliards. Aussi bien lors de rachat par un fonds d'investissement que pour des opérations de fusions, de carve-out, de déploiement SI, de fiabilisation de reporting, de restructuration financière, de LBO, etc ".
Satisfaisant aussi car le travail réalisé pendant ces missions est crucial. " On fait souvent appel à mes services quand l'entreprise est au bord du gouffre. Le sauvetage est grisant ! ", sourit Xavier Neyrand. Frédéric Soares enchaine : " Nous arrivons avec un objectif, nous savons que la mission a un début et une fin. Vous atteignez l'objectif et vous partez. Pas de routine, donc ! C'est très enrichissant."
Autre avantage très apprécié des DAF de transition : la liberté. " Je dispose désormais d'une liberté de ton totale que je n'avais pas quand j'étais salarié. Il n'y a pas de lien de subordination. C'est un vrai point positif. Vous savez pourquoi vous êtes là, le dirigeant le sait aussi. Vous faites ce que vous devez faire pour réussir la mission, sans plan de carrière ", souligne Frédéric Soares.
Côté rémunération, les deux hommes reconnaissent gagner mieux leur vie que s'ils étaient restés salariés. Revers de la médaille : les missions sont de plus en plus longues, 6 à 9 mois en moyenne, mais ne s'enchainent pas toujours parfaitement. Des périodes d'intermission sont donc possibles. Nicole Faboumy, senior consultant du pôle direction administrative et financière de Robert Walters Management de Transition, relativise néanmoins cet inconvénient : " Les missions sont en général très intenses, les DAF de transition se donnent à 200%. Alors souvent, ils apprécient ces pauses et en profitent pour prendre des vacances ou se former ".
Selon l'étude Valtus, la moitié des managers de transition ont créé leur propre structure mais travaillent la plupart du temps via des cabinets. L'autre moitié a fait le choix du statut salarié. Pour Delville et Robert Walters, ce statut passe, pour les managers de transition qu'ils placent chez leurs clients, par du portage salarial.
Avez-vous le profil du DAF de transition ?
Si le métier de DAF de transition vous a mis l'eau à la bouche et a titillé vos envies de changement, sachez néanmoins que cela ne convient pas à tout le monde. Nicole Faboumy insiste : " pour être DAF de transition, il est indispensable de s'inscrire dans le temporaire. Lorsque la mission est terminée, le Daf de transition doit assurer le transfert des dossiers. Et lorsqu'on débute une nouvelle mission, il faut tout recommencer... Il s'agit d'une vraie philosophie de vie. " Les collègues , les équipes, le bureau, durent le temps de la mission et il n'y a pas d'assurance sur l'avenir. Pas de collègues ou d'équipes sur la durée donc, pas de bureau, pas d'assurance sur l'avenir. Elle dresse le profil type du DAF de transition : " avoir au moins 15 ans d'expérience, savoir prendre ses marques rapidement et se fondre sans difficulté dans une nouvelle organisation. Il y a aussi une vraie question de savoir-être, ce n'est pas à la portée de tout le monde. Le DAF de transition doit être capable d'accompagner le client avec diplomatie mais fermeté pour le challenger et être également force de proposition ". Alors, prêts ?
Sur le même thème
Voir tous les articles Fonction finance