Contrôle de gestion : un métier en transformation
Dans une récente enquête menée avec l'université Paris Dauphine-PSL, Grant Thornton fait le point sur le métier de contrôleur de gestion. Cette fonction a pris de l'importance dans les entreprises et le marché est actuellement très tendu. Le métier est également en pleine évolution, ce qui nécessite de nouvelles compétences.
Quel sera l'avenir du contrôle de gestion ? Pour répondre à cette question, le groupe d'audit et de conseil Grant Thornton a mené une étude avec l'université Paris Dauphine-PSL*. Cette seconde édition met notamment l'accent sur les compétences attendues des contrôleurs de gestion. Si elles sont multiples, trois se détachent du lot : maîtriser les processus métiers (44 % contre 38 % lors de l'enquête réalisée en 2021), être capable d'utiliser les solutions IT (14 % contre 28 % en 2021) et savoir animer et communiquer (42 % contre 35 % en 2021). « En deux ans, les entreprises ont affronté beaucoup de crises, il y a donc un besoin accru de bien maîtriser les processus métiers », explique Olivier Rihouet, associé conseil opérationnel et digital performance management chez Grant Thornton.
L'étude souligne également le fait que les compétences comportementales prennent de plus en plus d'importance. Le travail en équipe devient un élément central des contrôleurs de gestion, qui sont amenés à être intégrés à de nombreux projets de modernisation de leurs outils. Ainsi, 40 % des répondants estiment que la notion de travail en équipe doit être mise en avant dans leur quotidien.
Une guerre des talents
D'un point de vue métier, le contrôle de gestion est perçu pour presque la moitié des répondants (étudiants comme financiers) comme un tremplin vers des postes au sein des directions financières. Pour autant, la guerre des talents fait rage dans ce métier. « Le marché reste très tendu. Cela s'explique notamment par le fait qu'il n'y a pas assez de jeunes formés au métier dans les écoles et universités, en comparaison à la demande globale des entreprises. Un profil junior n'aura donc pas de difficultés à trouver du travail », analyse Olivier Rihouet. Avant d'ajouter : « Par ailleurs, les profils expérimentés sont très courtisés depuis la crise Covid car les entreprises ont compris qu'il était essentiel d'avoir de bons contrôleurs de gestion. » Pour attirer les talents, les directions financières doivent donc mettre les bouchées doubles. La rémunération reste le facteur d'attractivité numéro un pour les répondants, suivi du sens et de l'utilité du poste, et de l'évolution de carrière proposée.
L'IA va impacter le métier
Côté technologie, la majorité des répondants estiment que l'intelligence artificielle (IA) permet un gain de productivité important (39 %) ou moyen (35 %). 17 % affirment qu'il s'agit d'une forte révolution dans le métier. « Nous percevons encore peu de cas d'usage dans le contrôle de gestion, mis à part en ce qui concerne la RPA et l'automatisation de certaines tâches à faible valeur ajoutée. Mais de nouvelles fonctionnalités devraient arriver d'ici 12 à 18 mois », note Olivier Rihouet. Selon l'étude, les solutions basées sur l'IA générative, comme ChatGPT, auront d'abord un impact sur la production de rapports simples. Le contrôleur de gestion sera ainsi responsable de l'analyse qualitative et détaillée des données produites par l'IA. Son rôle pourra donc évoluer en fonction de la progression des outils sur le marché. Néanmoins, l'enquête pointe aussi la crainte des utilisateurs vis-à-vis de la sécurité des données, qui pourrait constituer un frein à l'utilisation de l'IA au sein des entreprises.
Un manque d'outils pour le pilotage RSE
En ce qui concerne la RSE, plus de la moitié des répondants affirment avoir mis en place des reportings au sein de leur organisation, en lien avec la mise en place de la CSRD. L'enquête révèle toutefois qu'ils sont encore peu outillés en la matière. Ainsi, 38 % des personnes interrogées n'utilisent pas de solutions de reporting RSE et 27 % indiquent avoir recours à Excel. « Il y a aujourd'hui un très grand nombre de solutions de reporting RSE et il est difficile pour les entreprises de s'y retrouver », note Olivier Rihouet.
* Cette étude a été menée en 2023 auprès de 1 086 répondants issus de grandes entreprises, d'ETI et de PME. Elle a consisté à interroger des contrôleurs de gestion, des clients des contrôleurs de gestion (financiers, contrôleurs financiers, directeurs financiers, etc.) et des étudiants.
Sur le même thème
Voir tous les articles Fonction finance