Dématérialisation des titres restaurant : c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?
La dématérialisation des titres restaurant a pris un nouveau tournant avec l'arrivée surprise d'un nouvel acteur, Moneo Resto. Une concertation entre tous les acteurs de ce marché, souhaitée par le gouvernement, doit avoir lieu à la mi-décembre. Explications.
Ça bouge dans le monde des titres restaurant. À l'image de ce qui se passe dans de nombreux secteurs, le papier pourrait bientôt être remplacé par la carte à puce. En effet, Moneo Applicam, spécialiste des solutions monétiques dématérialisées, s'apprête à lancer en janvier 2013 ses propres titres restaurant… dématérialisés. Concrètement, les entreprises pourront mettre à disposition de leurs employés non plus des coupons papier, mais la carte Moneo Resto, l'équivalent d'une carte bancaire. Le compte du salarié sera rechargé chaque mois automatiquement, à distance.
Reste que cette initiative bouleverse l’univers des éditeurs des titres restaurant. Car, pour l’heure, seules quatre sociétés émettent des titres restaurant : Edenred, le Groupe Chèque Déjeuner, Sodexo et Natixis Intertitres.
Où en sont les émetteurs historiques concernant la dématérialisation ?
« La dématérialisation a dépassé le stade du simple projet. Elle est effective dans 13 pays où nous sommes présents », précise Marie-Pierre Desbons, responsable dématérialisation du Groupe Chèque Déjeuner. Le Groupe Chèque Déjeuner propose donc, d'ores et déjà, des titres restaurant dématérialisés à l'étranger. Par exemple, en Turquie et en Espagne, les salariés privilégient la carte à puce ou la carte sans contact, tandis qu’en Italie, le paiement par téléphone portable (le terminal de paiement reconnaît la carte Sim) est entré dans les mœurs des salariés.
Edenred aussi s’est engagé dans la voie de la dématérialisation. Le prestataire prévoit de passer sous forme électronique la moitié de ses solutions à l’échelle mondiale d’ici à la fin 2012 et 70 % à l’horizon 2016. Quant à Natixis Intertitres et Sodexo, ils planchent aussi sur le projet. “Nous avons tous l’ambition de dématérialiser nos titres restaurant, indique-t-on chez Sodexo. Mais tant que le cadre législatif ne nous le permet pas, les démarches sont gelées.”
En effet, en France, l'utilisation des titres restaurant est strictement encadrée par la législation, qui n'incorpore pas précisément les usages dématérialisés, estiment les parties prenantes historiquement présentes sur le marché. Conscients des enjeux qui entourent la dématérialisation, les ministres du Travail et de l’Économie et des Finances ont donc créé un groupe de travail associant les membres de la CNTR (Commission nationale des titres restaurant) et les opérateurs souhaitant s’engager dans l’émission de titres restaurant dématérialisés. Le but ? Définir précisément les modalités d’accompagnement au développement de la dématérialisation et, notamment, les évolutions du cadre juridique appelées par ce processus.
Le groupe doit se réunir une première fois mi-décembre pour fixer une méthode et un calendrier. À ce stade, la concertation est donc ouverte à tous les membres de la CNTR et aux nouveaux entrants potentiels, donc Moneo. Pour sa part, Christian Delannoy, président de la CNTR, tient à souligner « que l’annonce faite par tout opérateur d’une offre dématérialisé de titres restaurant se fait sous l’entière responsabilité de cet opérateur ».
De son côté, Serge Ragozin, directeur général de Moneo Applicam, éditeur de Moneo Resto, précise l'objet de cette concertation, clairement mentionné, selon lui, dans le courrier qu'il a reçu pour participer à cette rencontre : « L'objectif n'est pas d'étudier les modalités, notamment le cadre légal, pour rendre possible la dématérialisation en France, affirme-t-il. Il s'agit de déterminer comment tirer parti des potentialités offertes par la dématérialisation des titres restaurant en 2013. » Le dirigeant estime donc que la légitimité de Moneo Resto n'est pas à démontrer, et que son développement se fait dans un cadre parfaitement légal.
L'ouverture de ce marché n'en est qu'à ses débuts. D'autres nouveaux entrants commencent également à se manifester, notamment Resto Flash. Même si, à ce jour, seuls les quatre émetteurs historiques sont membres de la CNTR.
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