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Évaluation des tiers : où en sont les entreprises ?

Neuf ans après l'adoption de la loi Sapin 2, les entreprises peinent à mettre en place une évaluation efficace de leurs tiers. Cette obligation réglementaire, pourtant essentielle dans la lutte contre la corruption, reste difficile à mettre en oeuvre dans les processus internes en raison d'un manque de ressources et de structuration.

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
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Évaluation des tiers : où en sont les entreprises ?

L'évaluation des tiers est une obligation clé de la loi Sapin 2. Cette procédure consiste à estimer le niveau de risque que représente un partenaire, un fournisseur ou un client en matière de corruption. Pour cela, l'entreprise doit collecter un certain nombre de documents et d'informations. En fonction de la gravité et de la fréquence des menaces, l'organisation peut décider de continuer ou d'interrompre la relation ou de mettre en place des actions de remédiation. Ce processus reste cependant complexe à mettre en oeuvre pour de nombreuses entreprises. Selon la 4ème édition 2023 du baromètre Grant Thornton portant sur la maturité des dispositifs anticorruption, seules 45 % des entreprises se considèrent conformes en matière d'évaluation des tiers et seules 29 % d'entre elles estiment avoir un dispositif efficace.

Un manque de ressources

En cause, un manque de ressources humaines et financières pour traiter la volumétrie importante de tiers et d'opérations. « Les entreprises ont aussi du mal à faire adhérer les opérationnels à cette démarche, qui voient l'évaluation des tiers comme une procédure trop chronophage », souligne Yann Soudy, directeur associé chez Value Associates. L'éditeur français de solutions pour les métiers de la compliance, du contrôle et de l'audit interne a récemment publié un livre blanc portant sur la digitalisation de l'évaluation des tiers, dans lequel il délivre des conseils et bonnes pratiques. Pour faciliter cette procédure, Yann Soudy insiste sur l'importance du travail collaboratif. « Il est essentiel de mobiliser toutes les personnes en contact avec les tiers comme les équipes compliance, les juristes ou encore les acheteurs, mais aussi les tiers eux-mêmes », explique-t-il. Or le nombre de collaborateurs et de tiers à embarquer dans cette démarche constitue souvent un frein pour les entreprises.

Segmenter les tiers

Face à cette complexité organisationnelle, les entreprises doivent structurer leur approche. La première étape consiste à fragmenter les tiers afin de prioriser les efforts d'évaluation. « Il faut partir de la cartographie des risques de l'entreprise et ne pas hésiter à segmenter les tiers selon le niveau de risques pressentis », préconise Yann Soudy. Une entreprise peut ainsi définir plusieurs procédures de validation en fonction de la criticité et des niveaux de risques associés au tiers. Les groupes de tiers jugés peu ou pas risqués pourront faire l'objet d'une évaluation simplifiée tandis que les groupes les plus risqués nécessiteront une évaluation approfondie. Cela se traduit souvent par la mise en place d'une procédure de validation en escalade à plusieurs niveaux, associée à un workflow personnalisé.

Un choix complexe en matière d'outils

En raison de la volumétrie et la complexité des données à traiter lors d'une évaluation des tiers, digitaliser ce process semble une étape incontournable. De nombreuses solutions logicielles sont présentes sur le marché. Intuitives et évolutives, celles-ci permettent de personnaliser les risques et de s'adapter aux enjeux spécifiques de chaque organisation. Problème : il peut être ardu pour les entreprises de bien choisir leur outil, puisque le marché de l'évaluation des tiers est aujourd'hui très fragmenté, avec une diversité d'acteurs proposant des approches variées. « Certaines solutions misent sur une évaluation à grande échelle, capable de traiter des tiers en masse. Si ces outils sont séduisants, ils peuvent parfois manquer de profondeur dans l'analyse », met en garde Yann Soudy. A l'inverse, les approche plus orientées « consulting » offre une expertise poussée et une analyse fine. « Mais elles souffrent souvent d'un manque d'outillage pour passer à l'échelle », pointe le directeur associé chez Value Associates. Tout l'enjeu réside dans la capacité à trouver un équilibre entre ces deux extrêmes : une technologie robuste alliée à une analyse pertinente.

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