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La Pologne, terre de fournisseurs

Proximité, coûts bas et qualité : les fournisseurs polonais réunissent un triptyque gagnant et attirent de plus en plus d'entreprises françaises. Un pays à regarder avec attention, donc, mais sans oublier de se faire accompagner.

Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
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La Pologne, terre de fournisseurs

Fenêtres, meubles, composants industriels, électroménager mais aussi miel, champignons et même escargots... La Pologne est un fournisseur important du marché français et des entreprises françaises. Si ces dernières se sont intéressées aux fournisseurs polonais pour leurs tarifs compétitifs, elles sont restées pour la qualité des produits. La Pologne est en effet le premier bénéficiaire des fonds structurels européens et en a profité pour acheter du matériel de production neuf : le parc machine des usines polonaises est donc totalement rénové et les produits sont, en conséquence, de qualité. Autre avantage : la main-d'oeuvre est qualifiée. De nombreux Polonais réalisent même une partie de leurs études à l'étranger et maîtrisent bien l'anglais.

Enfin, les indicateurs sont au vert : la Pologne a affiché en 2016 une croissance de 3,2 %. Et elle devrait être du même niveau pour 2017. Par ailleurs, " les investissements sont de retour ", observe Grzegorz Sielewicz, économiste chez Coface pour l'Europe centrale et l'Europe de l'Est. Côté infrastructures, des centres de logistiques performants et des autoroutes permettent d'assurer une livraison rapide des marchandises.

Contrôler la qualité de visu

Tout semble donc idyllique du côté des fournisseurs polonais. Est-ce à dire qu'il faut y aller les yeux fermés ? Certainement pas ! Comme pour n'importe quel pays, il faut se renseigner sur son partenaire avant de nouer un contrat. Même si le taux de faillite est bas : selon Coface, le nombre de faillites et procédures de restructuration en Pologne a reculé de plus de 14 % sur un an au premier semestre 2016. Des renseignements doivent être pris sur les fournisseurs envisagés auprès d'organismes qui fournissent de l'information financière sur les entreprises. Mais cette investigation doit aller plus loin.

Première chose : s'assurer que les normes affichées par les fournisseurs sont bien réels. Et qu'elles sont certifiées par des organismes sérieux. " Les certificats ISO sont très répandus en Pologne ", indique Nadia Bouacid, directrice du Centre de développement des affaires à la CCI France Pologne. Sabina Frankowska, représentante en France de la société B2B in Poland, mentionne également le label allemand TÜV, lui aussi très courant en Pologne. Il peut être intéressant également de se rendre sur place pour rencontrer d'éventuels partenaires et visiter leurs usines. D'autant plus que la Pologne est géographiquement proche et qu'un aller-retour peut être organisé dans la journée. La CCI France Pologne et B2B in Poland organisent des rencontres sur des salons ou encore des visites d'usines. " Cela permet aux entreprises de voir les parcs machines et donc d'imaginer la qualité qui en découlera ", explique Nadia Bouacid. Sabina Frankowska recommande également de profiter de ces visites pour s'assurer que le sous-traitant envisagé possède bien des capacités de fabrication suffisantes.

Ces rencontres sont également importantes pour nouer une relation de confiance avec son futur fournisseur. " Les sociétés polonaises ont besoin de temps pour faire connaissance avec leurs partenaires français. Il s'agit de ne pas brûler d'étapes, de bien faire les choses, petit à petit, si l'on espère nouer des relations à long terme ", indique Nadia Bouacid. La culture polonaise, bien que proche de notre culture française, doit également être un minimum étudiée avant de se lancer dans un partenariat avec une entreprise polonaise car des différences existent.


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Méfiance sur les contrats !

Une fois le partenaire sélectionné, le contrat doit également être un sujet de vigilance. D'autant plus que la justice polonaise n'est pas des plus performantes. " Il existe de véritables longueurs au niveau des procédures judiciaires ", affirme Sabina Frankowska, ajoutant que le gouvernement souhaite remédier à ce problème. Vous l'aurez compris : mieux vaut faire un contrat en droit français. Nadia Bouacid conseille également de s'offrir les services d'un interprète pour le premier contact, notamment si les questions abordées sont d'ordre technique. Car même si les Polonais parlent généralement très bien anglais, mieux vaut éviter toute incompréhension.

Ne pas oublier, enfin, que la Pologne ne fait pas partie de la zone euro. Il y a donc un risque de change, même si le pays essaye de faire en sorte que sa monnaie, le zloti, reste stable par rapport à l'euro, en vue d'une possible intégration prochaine à la zone euro. Grzegorz Sielewicz conseille également d'observer les décisions qui seront prises par le gouvernement en matière de taxes. " Les banques sont lourdement taxées depuis l'année dernière et il y a une crainte que cela s'étende aux entreprises, comme ce fut le cas en Hongrie ", explique-t-il. Les tarifs des fournisseurs pourraient donc évoluer à la hausse.


Un pays d'ingénieurs

Pays de l'Union européenne, la Pologne comporte de nombreuses similitudes culturelles avec la France. Notamment avec la mondialisation : habitués à travailler de 8 h à 15 h non stop, sans pause déjeuner, les Polonais commencent de plus en plus à vivre à l'Occidentale. " Dans les grandes villes polonaises, les horaires de travail tendent à ressembler de plus en plus à ceux des autres grandes villes du monde ", observe Nadia Bouacid, directrice du Centre de développement des affaires à la CCI France Pologne. Attention, les horaires polonais sont toujours en vigueur dans les campagnes : à avoir en tête si l'on souhaite contacter des sous-traitants installés loin des grandes villes.

Autre différence, pointée par Nadia Bouacid : " La Pologne est un pays d'ingénieurs. Les fournisseurs polonais ont donc besoin d'informations précises, de dessins techniques, de fiches concrètes sur les produits à réaliser ". Une première étape essentielle pour que le fournisseur ait confiance. C'est seulement après cette étape que les relations peuvent devenir plus conviviales. " On ne peut rien imposer à un fournisseur polonais : il faut expliquer, dialoguer ", ajoute Sabina Frankowska, représentante en France de la société B2B in Poland. Grzegorz Sielewicz, économiste chez Coface pour l'Europe centrale et l'Europe de l'Est, voit quant à lui dans les Polonais des négociateurs implacables : " Les Polonais sont très orientés business, ils sont focalisés sur les profits qu'ils peuvent réaliser et il est difficile alors de négocier ", affirme-t-il.

Dernière petite différence : " Les Polonais ne répondent pas toujours aux e-mails. Il ne faut pas mal interpréter cela mais simplement rappeler ", conseille Sabina Frankowska.

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