Les supply chain exposées à de nombreux risques
En 2022, plus d'une entreprise sur deux a subi plus de 10 crises majeures sur leur supply chain, selon le dernier baromètre publié par Kyu. De nombreux risques devraient continuer à venir perturber les chaines d'approvisionnement cette année. Certaines solutions existent pour tenter d'y faire face.
L'année 2022 fut compliquée pour les gestionnaires de supply chain. La guerre en Ukraine, les phénomènes climatiques extrêmes ou encore l'inflation et la récession sont venus fragiliser les supply chain. Si bien que, selon le 4ème baromètre des risques supply chain publié par Kyu en ce début d'année, 58% des entreprises ont subi plus de 10 crises majeures concernant leur supply chain l'année dernière.
Les secteurs les plus touchés par ces crises sont ceux de l'industrie automobile et aéronautique, qui ont peiné à se remettre de la crise Covid. Ce marasme s'explique notamment par les différentes pénuries auxquelles ces entreprises ont fait face, les risques industriels de plus en plus nombreux et des défauts qualité. Ce qui a entrainé chez ces sociétés une baisse des capacités, des pertes de revenus et l'insatisfaction générale de leurs clients.
2023 s'annonce aussi difficile
Malheureusement, l'année 2023 s'annonce tout aussi compliquée pour les supply chain. « Alors que les flux logistiques semblent se détendre car les stocks sont au plus haut, l'inflation menace de se muer en récession et les entreprises peinent à trouver les matières et la main d'oeuvre nécessaires pour répondre à la demande, entrainant des pénuries à répétition, » décrit l'étude.
Pour cette année à venir, le baromètre présente les 10 risques principaux qui vont menacer les supply chain. Tout en haut de ce classement arrive le manque de capacité de production, avec les pénuries de matières, de composants et de travailleurs. « Ces pénuries sont le résultat à la fois de facteurs conjoncturels, comme le fait que les entreprises ont dû brutalement ralentir leur production pendant la pandémie et la relancer tout aussi brusquement par la suite, et structurels, comme les travailleurs ne souhaitant plus assumer des emplois précaires, pénibles et peu rémunérés, » commente Orsetta Causa, économiste à l'OCDE (l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques).
Le risque géopolitique en forte hausse
En seconde position, se trouve les risques liés à la hausse des coûts. La guerre en Ukraine a entrainé une crise énergétique, à cause notamment de la dépendance de l'Europe au gaz russe, ce qui a eu comme effet de renforcer l'inflation (+9,2% à fin décembre en zone euro dont +25,7% pour l'énergie, +6,7% en France selon Eurostat). Pour les entreprises les plus énergivores, cela s'est aussi traduit par un véritable choc de rentabilité. Cela a également eu pour conséquence de faire repartir à la hausse les défaillances d'entreprises en 2022, une tendance qui devrait se poursuivre en 2023 avec une hausse des défaillances de +19% anticipée par Allianz.
Parmi les autres risques, le cyber se classe en troisième position, juste devant le risque géopolitique (qui est d'ailleurs le seul risque à connaitre une criticité en forte hausse par rapport au précédent baromètre), le risque de crise logistique, de volatilité de la demande de rareté des sources et de crise climatique. Seul risque à avoir vu sa criticité baisser par rapport à la précédente édition du baromètre, le risque de pandémie est 9ème de ce classement, juste devant le risque de controverse RSE.
Evaluer de manière précise sa supply
Face à ces risques, quelles solutions pour les supply chain ? L'étude en présente un certain nombre. La première action à mener serait d'évaluer et de qualifier sa chaine d'approvisionnement afin de disposer de partenaires solides, avec une évaluation toute particulière sur les risques fournisseurs dans les achats (solution envisagée par 85% des répondants). « Cela consiste à mieux les évaluer, fournisseur par fournisseur, en mettant en oeuvre une approche analytique, systématique et exhaustive, intégrée à leur processus de décision d'attribution de marché et d'établissement de leurs stratégies d'achat. Toute la difficulté demeure néanmoins dans la capacité des entreprises à aller au-delà du rang 1 et à disposer d'informations suffisantes sur les sources d'approvisionnement de commodités car nombre d'entre elles sont touchées par des pénuries liées à des rang 3 voire au-delà, » relate l'étude.
Concernant les autres solutions envisageables, le fait de déployer des outils plus réactifs et plus précis devrait être envisagé, avec notamment le suivi renforcé des KPI, que 76% des répondants souhaitent mettre en place. Diversifier sa chaine d'approvisionnement et la rendre plus responsable fait également partie des objectifs des gestionnaires de supply chain, qui sont respectivement 71%, 68% et 54% à vouloir augmenter le double sourcing, développer des sources locales et avoir un sourcing plus respectueux de l'environnement.
Enfin, le fait d'anticiper pour mieux se protéger des conséquences ressort également chez les répondants comme solution considérée. « Le Plan de Continuité d'Activité apparaît toujours comme l'outil privilégié pour limiter les impacts des pires scénarios de crise en identifiant les ressources clés concernées et en définissant les actions à conduire pour guider les opérations jusqu'à la reprise de l'activité, » détaille l'étude. 64% des répondants projettent de renforcer leurs PCA et 57% souhaitent élargir ces PCA à leur supply chain étendue.
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