[Témoignage] Comment Ipsen se prémunit contre 7 risques financiers majeurs
Ipsen est un laboratoire familial coté en Bourse. Avec 5 700 salariés, nous réalisons un chiffre d'affaires de plus de 2 Md€ avec, à la fois, des médicaments de spécialité (87% de nos activités) et des médicaments de santé familiale (13 %). La notion de risque est étudiée depuis très longtemps chez Ipsen, de manière transversale, avec une cartographie précise mise à jour tous les ans. Chaque division établit la sienne. Le tout est consolidé par une équipe de risk management. Nous avons identifié 7 risques financiers cette année.
1. Le risque de contrepartie
C'est un risque classique : un client qui ne paierait pas. Il figure au rang 3 de nos priorités. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit du risque le plus facilement assurable. Il provient essentiellement de pays émergents, comme la Chine ou la Russie, pour lesquels nous mettons en place des politiques ciblées d'assurance-crédit.
2. Le risque de change
Nous y sommes très exposés, car la France ne représente que 15 % de notre chiffre d'affaires. Nous surveillons donc de très près l'évolution des devises et nous nous couvrons avec la trésorerie adéquate. Chaque année amène son lot d'épisodes difficiles en la matière : dernièrement, la dévaluation de la livre turque en septembre 2018 ou celle du rouble sur les trois dernières années. J'ai demandé expressément aux équipes de nous alerter quand ils signent un contrat dans une devise considérée comme volatile.
Lire aussi : "Les DAF, premiers acteurs de la protection contre les cyberattaques" : Benjamin Leroux (CLUSIF)
3. Le risque de disclosure
Nous sommes cotés en Bourse. Il faut donc absolument veiller à ce que des informations confidentielles ne fuitent pas avant les dates prévues. Les équipes financières sont parfaitement briefées à ce sujet, car, ayant accès à tous les fichiers, elles sont les plus exposées.
4. Le risque de retard de publication des états financiers
Il est très lié à celui de la cybersécurité. Certaines entreprises ont subi des attaques de ce type et ont failli ne pas pouvoir publier leurs comptes à temps. Ce serait extrêmement dommageable dans notre relation avec les investisseurs. Ce risque est un gros sujet, sur lequel nous travaillons spécifiquement cette année. Nous avons même simulé des attaques.
5. Le risque de fraude
C'est un risque plutôt classique. Tous les ans, nous avons une demi-douzaine de tentatives (fraude au président, notamment) et quelques dizaines de milliers d'euros de pertes au maximum. Nous avons récemment pris une assurance pour couvrir ce risque.
6. Le risque fiscal
Étant présents dans plusieurs pays, nous y sommes attentifs, car le risque lié au prix de transfert est important.
7. Le risque "acquisitions"
Ce risque a émergé récemment, puisque Ipsen a réalisé, depuis 2016, plusieurs opérations importantes de croissance externe. Depuis mon arrivée, il y a quatre ans, j'ai structuré un service M&A au sein de la division financière. Il participe à la valorisation et à la négociation des acquisitions, et s'assure que l'ensemble des éléments financiers sont bien considérés (financements, comptabilité, fiscalité, valorisation, assurance...).
Sur le même thème
Voir tous les articles Risques