IA et fonction finance : un déploiement encore trop prudent ?

L'IA devient de plus en plus prégnante pour les fonctions financières : comptabilité dans le cloud et cloud computing, analyses big data, automatisation des données pour les prévisions, cybersécurité, etc. Cependant pour les fonctions finances et RH « la traçabilité des algorithmes est essentielle pour garantir la conformité réglementaire ». Dans ce contexte, quels impacts l'IA a-t-elle sur les fonctions métiers de la finances et des ressources humaines ? Comment les daf de grandes entreprises exploitent-ils les outils IA ? Réponses dans l'étude* « Trends of IA » co-construite avec des décideurs de chacune des fonctions métiers, réalisée par KPMG et le think tank les EnthousIAstes.

IA et finances : défi de traçabilité

Dans les fonctions financières des entreprises interrogées, l'intégration des outils IA se fait avec prudence avec un taux de déploiement entre 13 % et 16 %, bien inférieur à d'autres services, comme le marketing. En pratique, il existe des cas d'usage comme la lutte contre la fraude ou la qualité des données pour lesquelles leur utilisation semblent primordiale. Pourquoi un tel décalage ? Les répondants mettent en avant essentiellement des défis de transparence et de traçabilité.

Les financiers semblent jouer la carte de la prudence. 21 % des répondants ont « déployé des solutions de détection et correction d'anomalies », tandis que 13 % les testent et 40 % veulent encore y réfléchir, décrit l'étude.
« La cartographie et l'intégration des données » se mettent en place lentement avec 11 % seulement de déploiement, 22 % sont « en phase de test », et 35 % « en cours de réflexion ».

Des obligations réglementaires

Les raisons ? Les fonctions finances doivent composer « avec de multiples sources de données, des obligations réglementaires et des référentiels non harmonisés dans un environnement en évolution constante », souligne l'enquête.

Adapter ses compétences pour exploiter efficacement les outils IA est le principal défi pour les daf. Gérer la sécurité des données « pour les risques de confidentialité qu'engendrent l'utilisation de solutions externes » reste encore un enjeu important pour eux, loin d'être dépassé.

« Transformer le métier Finance avec la Data et l'IA, ce n'est pas simplement développer des outils et des algorithmes ; c'est aussi et surtout bien penser l'articulation entre l'humain et les algorithmes tout en clarifiant le sens et la valeur qu'on veut donner à cette interaction », témoigne Hélène Doré, Transformation Officer Finance L'Oréal, qui a participé à l'étude nationale.

IA et RH : des enjeux de transformations

Pour les fonctions des ressources humaines, l'IA permet de jouer sur plusieurs tableaux : le recrutement, la formation et la gestion de la marque employeur. Malgré tout, il semblerait que ces usages soient encore au début de leur adoption « en raison des contraintes réglementaires et des risques liés aux données sensibles ».

Pour 45 % des entreprises sondées « l'utilisation de l'IA concerne la préqualification de CV » et une personne sur quatre l'a déjà mis en place. Un usage « qui optimise considérablement le recrutement en identifiant rapidement les talents les mieux adaptés aux besoins ».

Autres cas d'usage en déploiement dans les fonctions RH : 30 % utilisent l'IA « pour la traduction des communications internes », 20 % « s'appuient sur l'IA pour la génération de documents RH ».

Pour Laura Pho Duc, Transformation Executive Director, LVMH Recherche, « L'IA redéfinit complètement la manière dont on recrute, retient les talents et gère les carrières ».

*Etude nationale « Trends of AI » menée en partenariat avec KPMG et le think tank Les EnthousIAstes entre septembre et octobre 2024 sur quatre fonction métiers : Ressources Humaines, Informatique, Marketing et Finance. Co-construite avec 80 experts issus de grandes entreprises : BPCE, Orange, LVMH Recherche, L'Oréal, Veolia, Carrefour, Michelin, Renault Group, SNCF Connect & Tech, RATP Dev, Suez, Back Market, Les Mousquetaires...