Rapprochement Criteo/Publicis : la pépite française revient dans l'actualité
Trois essais avant de trouver le bon business model
En 2005, deux ingénieurs des Mines, Franck Le Ouay et Romain Niccoli intègrent l'incubateur de start-ups Agoranov et y croisent la route de Jean-Baptiste Rudelle, un jeune serial entrepreneur issu de l'école Supélec. Leur projet prendra le nom de Criteo, un moteur prédictif en temps réel basé sur l'analyse de la navigation des internautes.
Puis début 2006, la société mise sur la R &D et change 4 fois avant de trouver le bon modèle pour aboutir à des recommandations de produits personnalisées au sein de bannières publicitaires (pour une saga sous un angle produits et marketing cliquez ici). Nous sommes alors en juin 2008. Très vite le chiffre d'affaire affiche des croissances mensuelles vertigineuses. 1,2 millions d'euros sur le seul second semestre de 2008, 15 millions en 2009, 66 en 2010 ...et 444 millions en 2013. Durant cette période, Criteo, qui déménage trois fois, ses effectifs explosant, réalise 4 levées de fond, en cercles concentriques, à l'image de son développement international. D'abord avec des investisseurs français, puis européens, puis américains et, après l'arrivée de Benoit Fouilland, la quatrième, pré-IPO, bouclée en septembre 2012 avec principalement SoftBank Capital et Yahoo! JAPAN. Dans le viseur : le développement en Asie. Et en chiffre : 30 millions d'euros pour une entreprise qui forte alors de 200 millions d'euros de CA, n'avait jusqu'alors levé que 17 millions d'euros (pour la partie financement notamment, lire la relation très dynamique faite par Marie Ekeland, associée chez Elaia Partners, l'un des fonds d'investissements historiques de Criteo).
Cette activité que les fondateurs ont tant peaufiné, apporter de la performance à la publicité digitale requiert une présentation adaptée pour le marché. Criteo suit et mesure la performance de son activité via un CA ex- Traffic acquisition costs (TAC), le TAC désignant pour Criteo les coûts d'achat des emplacements publicitaires sur lesquelles l'entreprise diffuse. "Le CA ex-TAC, utilisé par Google ou bien Yahoo, est une métrique courante dans le secteur et donc bien comprise des investisseurs". Si le CA 2013 ex-TAC (cf lexique ci après) était de 179 M€, celui de 2014 devrait s'envoler de plus de 56%, aux alentours de 280 millions d'euros (selon les dernières perspectives en août).
Finger printing: technique qui permet non pas d'identifier une personne mais une machine via le comportement de l'utilisateur. Logiciels et extensions installées, fuseau horaire, police d'écriture, taille et résolution d'écran, votre navigateur Web glane certaines informations liées à votre système informatique Le tout forme une "signature" ou "empreinte digitale". Selon l'EFF (Electronic Frontier Foundation), qui a mené une enquête en 2010 sur les navigateurs Web de 500 000 internautes, 84% des internautes sont identifiables.
TAC : coût d'acquisition de traffic, soit achat d'inventaires auprès d'éditeurs. Un CA ex TAC est un CA net après coûts d'achat des espaces publicitaires.
Maximiser le potentiel de croissance de l'entreprise et non pas jouer sur sa seule rentabilité, c'est à n'en pas douter le mantra professionnel de Benoit Fouilland. L'entreprise est toutefois profitable depuis le 2eme semestre 2009 coté EBITDA et depuis 2010 coté résultat net. Et au premier semestre 2014, elle affichait un bénéfice net de 6.2, millions d'euros contre une perte de 4,9 en 2013 sur la même période.