Quand le turnover touche les directions financières
Nouvelle dynamique de recrutement et évolutions du management et des compétences font émerger de nouveaux enjeux au sein des directions financières, notamment en matière de rétention des collaborateurs
Historiquement, le taux de turnover sur les métiers de la comptabilité et de la finance a toujours été relativement bas, avec des départements plutôt stables au sein des entreprises, et faiblement impactés par les épisodes de crises économiques. Mais depuis 2 ans, un phénomène de turnover touche également les directions financières. Explications.
La guerre des talents s'ouvre aux métiers de la Finance
La redynamisation du marché de l'emploi observée ces dernières années n'est pas sans impact sur les métiers de la Finance et de la Comptabilité. Elle a en effet généré une augmentation du niveau de sollicitation sur les profils de contrôleurs de gestion et de comptables notamment, et ainsi mis en mouvement une population habituellement moins volatile ou encline au changement.
Dans un marché où le spectre du chômage effraie moins, les employés les plus audacieux, conscients de leur attractivité, n'ont plus peur de démissionner. Les départs à l'initiative du salarié ont ainsi tendance à augmenter, même pour des postes traditionnellement épargnés par ce type de turn-over.
Mais ce n'est pas tout : le déséquilibre progressif entre l'offre de candidats disponibles et la forte demande des entreprises sur ces métiers au centre de l'attention a entraîné une augmentation des rémunérations.
Dans un contexte de tension où 2/3 des dirigeants financiers déclarent rencontrer des difficultés pour réaliser leurs recrutements, la guerre des talents passe aujourd'hui également par une certaine guerre des salaires. L'enjeu principal pour les dirigeants financiers est double : parvenir à retenir les éléments clés en répondant aux nouvelles aspirations des salariés d'une part, attirer les talents dont ils ont besoin en se montrant attractifs d'autre part. On observe en conséquence l'apparition d'une surenchère salariale sur ces postes, et une incompréhension au sein de certaines directions, contraintes à un effort financier substantiel pour recruter de nouveaux collaborateurs.
Une demande qui reste forte sur l'année 2019
En 2018 déjà, plus d'1 dirigeant financier sur 2 avait recruté pour renforcer ses équipes. Des recrutements externalisés par l'intermédiaire de cabinets spécialisés dans 70% des cas pour les comptables et 64% pour les contrôleurs de gestion.
En 2019, les besoins en recrutement restent élevés sur les postes de comptables et contrôleurs de gestion qui représenteront près de 80% des profils recrutés. Ainsi, selon l'étude Michael Page/DCFG, 1 dirigeant sur 3 prévoit encore de recruter pour renforcer ses équipes, dans le cadre de créations de poste majoritairement sur les profils de contrôleurs de gestion (60% des recrutements sur ce poste), et de remplacements sur les profils comptables (dans 63% des cas), preuve d'une plus grande volatilité de ces experts financiers.
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La raison des créations de poste en contrôle de gestion est simple : l'entreprise ne peut aujourd'hui plus se permettre d'être en sous-effectif sur ces métiers clés du pilotage de l'activité. Dans un cycle économique dynamique, les organisations ont relancé le renforcement de leur contrôle de gestion alors que les incertitudes préalables les freinaient.
Pour en savoir plus
Mikaël Deiller est Directeur des divisions " Finance & Comptabilité " de Michael Page et Michael Page Interim Management. En plus de cette fonction, il anime régulièrement des " Assessment Centers ". Entre 2007 et 2010 il a également participé au lancement du bureau Michael Page au Luxembourg où il a structuré et développé la division " Banque & Services Financiers ". Avant de rejoindre PageGroup, il évoluait au sein d'un cabinet des Big 4 sur des missions de conseil en Organisation et en Ressources Humaines.
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