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[Point de vue] Quelle alternative aux banques pour les PME ?

La plupart des entreprises n'étaient pas prêtes à faire face à la situation. Les PME notamment ont aujourd'hui du mal à se refinancer dans des conditions normales malgré la pression du gouvernement sur les banques.

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[Point de vue] Quelle alternative aux banques pour les PME ?
© Sergey Nivens - stock.adobe.com

Ce mois-ci, et comme nous l'avions anticipé, le gouvernement annonce l'état de récession allant même jusqu'à tabler sur une baisse de la croissance de l'ordre de 9%. Une situation qui évolue de jour en jour et qui pourrait s'aggraver ou s'améliorer en fonction de l'évolution de la crise sanitaire. Cependant, la plupart des entreprises ne sont pas prêtes à faire face à une telle situation.

Compte tenu de l'arrêt brutal de l'économie, l'effondrement du chiffre d'affaires de certaines entreprises pourrait atteindre entre 75 % et 90 % en fonction des secteurs d'activité. La grande différence de cette crise sanitaire d'ordre majeure, est qu'elle est généralisée. Pas un seul secteur économique n'est épargné par le COVID-19 et ses conséquences. En période de récession, on estime qu'environ 60 % à 70 % des entreprises sont concernées. La crise actuelle touche près de 100 % des entreprises, notamment dans les pays où des mesures de confinement ont été mises en place, comme la France.

Sous la pression du gouvernement, les banques ont annoncé un moratoire de six mois sur le remboursement des prêts aux entreprises. Comme lors de la précédente crise de 2007-08, une action coordonnée des banques centrales des pays du G7 a rapidement eu lieu dès le début du mois de mars.

L'enjeu dans les prochaines semaines est d'éviter que la crise sanitaire, qui est désormais une crise économique, n'aboutisse pas à une crise financière. Les différentes interventions des banques centrales visent d'abord à contenir les tensions observées sur les marchés financiers, particulièrement sur le marché du crédit.

Comme les intervenants de marché anticipent une récession économique, ils paniquent, se retirent du marché, ne veulent plus prêter ce qui conduit les entreprises jugées les plus fragiles à avoir des difficultés pour se refinancer. On observe ainsi des tensions majeures sur le marché du crédit outre-Atlantique où les entreprises faisant face à des problèmes de rentabilité (par exemple dans le secteur du pétrole de schiste) ont le plus grand mal à se refinancer dans des conditions normales.

La transparence aura-t-elle force de loi ?

Courant février, Bruno Le Maire a dressé le bilan des engagements des banques françaises en matière de modération des tarifs d'incidents bancaires pour les publics les plus fragiles. Le ministre de l'Économie a par ailleurs décidé d'utiliser la transparence comme sanction à l'égard des établissements peu scrupuleux. Pourtant, aujourd'hui, aucune mesure équivalente n'a été prise pour réguler l'action des banques auprès des publics professionnels.

Ainsi, dans le domaine des transactions internationales, il n'y a pas eu d'engagement significatif des banques en faveur d'acteurs économiques plus fragiles, comme les PME.

Une étude récente, portant sur plus de 10 000 entreprises européennes, a établi que les PME faisaient l'objet de tarifs discriminatoires sur le marché des changes. Elle démontre qu'en restant fidèles à leur banque, les PME paient jusqu'à 14 fois ce dont s'acquittent les grandes entreprises. Rien que sur la paire euro-dollar, cette surfacturation génère pour les banques en moyenne 638 millions d'euros de revenus par an. Et occasionne pour les PME un manque à gagner certain.

Cette étude fait écho à l'enquête de l'UNAF et de 60 Millions de consommateurs de 2017, qui a suscité l'initiative des banques en faveur de leurs clients particuliers en difficulté. Selon cette dernière, les frais d'incidents bancaires représentaient parfois un tiers des revenus des grandes banques de détail. Si les particuliers voient leurs conditions bancaires évoluer en leur faveur, la partie n'est pas perdue pour les entreprises.

Pour les PME, il existe une alternative : celle des fintechs. Deux directives européennes, la DSP1 puis la DSP2, ont mis fin au monopole des banques et permis la création d'établissements de paiement. Ces acteurs ont démocratisé les paiements en devises et les solutions de couverture de change, avec leurs services en ligne et leurs tarifs transparents. Les PME ont ainsi accès à des taux de change en temps réel, autrefois réservés aux grandes entreprises ayant accès à une salle de marchés. Pour les PME importatrices et exportatrices (soit 38 % des entreprises exportatrices françaises en 2017 et 17% des exportations totales selon l'INSEE), l'impact est significatif.

Alors que Stéphane Mallard dans son essai Disruption dénonce le manque de lisibilité des offres classiques : " Soit les produits sont trop nombreux soit l'offre est totalement incompréhensible (volontairement ou non) ", les nouveaux entrants proposent une offre claire et sont même allés jusqu'à concevoir des outils, les comparateurs de frais notamment, permettant aux PME de réévaluer leur relation avec les banques historiques et gagner en indépendance.

En France, où les TPE/PME représentent 99,9 % du tissu économique national, la compétitivité des PME constitue un enjeu déterminant pour la croissance du pays. Or ces entreprises ignorent souvent qu'elles pourraient avoir accès à des solutions innovantes. Selon les mots de Geoffroy Roux de Bézieux " multiplier les contacts entre les fintechs et le monde des PME est un bon sujet de politique économique. "

Pierre-Antoine Dusoulier, est le président fondateur d'iBanFirst, fintech spécialisée dans la gestion des paiements internationaux.


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