Autofinancement : rapidité et autonomie
Les levées de fonds font les gros titres des journaux, mais qu'en est-il des entreprises qui choisissent d'auto-financer leurs investissements ? Si cette option est parfois subie, elle apporte également des avantages non négligeables.
En novembre 2019, la société de services informatiques Xefi (CA 2019 de 140 millions d'euros, 800 collaborateurs) a construit un deuxième data center pour 25 millions d'euros d'investissement au total. Une somme largement auto-financée. " Sur ces 25 millions, environ 10 millions représentent le terrain, la construction, l'électricité, le refroidissement, etc... Le reste, la plus grosse somme, concerne l'IT et la sécurité ", précise Sylviane Teil, la Daf de Xefi. C'est cette seconde partie, l'IT, que l'entreprise a auto-financé. " Cela nous a permis de construire le data center en seulement 9 mois. L'autofinancement permet d'aller plus vite et d'être plus efficace. On préfère prendre des risques sur nos fonds propres pour être plus rapides ", explique Sylviane Teil.
La construction de ce data center n'est pas le seul investissement que Xefi auto-finance. La société auto-finance également ses certifications (elle est notamment un hébergeur de données de santé agréé) et surtout ses investissements RH, étant donné que l'entreprise doit faire appel à des expertises IT pointues. Dans ce domaine de l'embauche d'experts en informatique, il est évident que la rapidité doit être de mise pour décrocher les meilleurs talents.
Seul décisionnaire à bord
L'exemple de Xefi montre les avantages que peuvent apporter l'autofinancement, surtout en matière de rapidité d'exécution. Sylvie Gamet, qui accompagne les PME et ETI dans l'innovation, constate que ce choix de l'autofinancement est surtout lié à la culture de l'entreprise. " Ce n'est pas dans la culture des PME traditionnelles de lever des fonds. Les dirigeants préfèrent la gestion en bon père de famille et réinvestir les bénéfices. Ils ne veulent pas perdre leur autonomie ", constate-t-elle.
Pour Sylvie Gamet, le principal avantage de l'auto-financement réside d'ailleurs dans l'autonomie. " On reste décisionnaire ", insiste-elle. Sylviane Teil ne dit pas autre chose : " Lors de la construction du premier data center, nous nous sommes posés la question de recourir à des investisseurs. Nous sommes finalement partis seuls, ce qui nous a permis d'être maître de nos circuits de décision et de ne pas dépasser ni le budget ni le délai ", note-t-elle.
Prendre des risques
Sylvie Gamet pense cependant qu'un bon investisseur peut être un accélérateur formidable pour une entreprise. Elle craint également que le recours à l'auto-financement fasse prendre moins de risque aux entreprises qui auront tendance à se limiter. Elle n'est pas rejointe sur ce point par Sylviane Teil : " Sacha Rosenthal, le fondateur de Xefi, a une véritable culture de la prise de risque entrepreneuriale. Ce qui fait que l'on n'hésite pas à investir trois fois nos fonds propres dans des projets auxquels on croit."
Reste que l'auto-financement doit être réservé aux sociétés rentables disposant d'une trésorerie importante. Le recours à des investisseurs s'impose bien souvent par lui-même, parce que l'entreprise n'a pas le choix. Les entreprises françaises doivent donc veiller à protéger leur trésorerie pour conserver une capacité à s'autofinancer qui peut être salvatrice dans bien des cas.
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