Pour optimiser la LLD, jouez sur la durée
La location longue durée (LLD) est plébiscitée par les moyennes et grandes entreprises. Sa simplicité en termes de gestion administrative est évidente, mais elle peut être gâchée, et son potentiel d'économies mal exploité, faute de s'intéresser à la valeur résiduelle.
En matière de flotte automobile, la location longue durée (LLD) est, aujourd'hui, très largement répandue auprès des ETI et des grands groupes. Selon l'Observatoire du véhicule d'entreprise, 62% des entreprises françaises de plus de 100 salariés ont opté pour cette solution de financement, loin devant l'achat comptant et le crédit-bail. Avantageuse en termes de gestion administrative, la LLD peut également être une source substantielle d'économies. À condition d'identifier les bons leviers d'action.
"L'idéal est d'avoir trois ou quatre catégories de véhicules au maximum. Une car policy doit pouvoir tenir sur une feuille A4." Yves Pépin, Topapor
L'optimisation financière de la LLD passe, tout d'abord, par l'élaboration d'une bonne politique de véhicule (car policy). "Quand vous avez défini votre politique de flotte automobile, vous avez fait un grand pas", assure Yves Pépin, directeur de la société de conseil Topapor (41) et ancien cadre financier chez un équipementier automobile. La car policy doit définir un standard d'attribution de véhicule en fonction du poste et de l'ancienneté du salarié. "L'idéal est d'avoir trois ou quatre catégories de véhicules au maximum, conseille Yves Pépin. Une car policy doit pouvoir tenir sur une feuille de papier A4." Il faut, surtout, éviter l'attribution au cas par cas, au risque de se retrouver avec une flotte composée de véhicules atypiques (SUV, 4x4...) ou équipés d'options exotiques (boîte automatique, attelage de remorque...), dont la difficulté de revente, à terme, sera compensée par un loyer plus élevé. De plus, il peut être judicieux de réduire le nombre de marques proposées afin de bénéficier de remises intéressantes.
Ne pas négliger la valeur résiduelle
"Dans le cadre de la LLD, regarder le prix du véhicule ne suffit pas, avertit Patricia Caulfuty, directrice commerciale de GE Capital Fleet services. Il faut faire attention au TCO (total cost ownership, ou coût global de possession)." Celui-ci inclut les prestations de services (assurance, entretien...), la consommation de carburant estimée, la fiscalité automobile, le coût de revente du véhicule... Autant de points qui peuvent optimiser une LLD. Lors du choix d'un véhicule, il conviendra d'être attentif à la puissance du moteur et au type de carburant utilisé, mais pas seulement. "Il faut choisir en fonction du cycle de vie du véhicule, souligne Patricia Caulfuty. Une voiture récente coûtera, certes, plus cher et donnera moins lieu à des remises, mais sa valeur résiduelle, à terme, sera meilleure. C'est un calcul à faire." Objectif: dénicher le véhicule qui combine la meilleure remise et la meilleure valeur résiduelle. Or, cette dernière donnée dépend largement du succès du véhicule sur le marché. "Si vous prenez une marque comme Audi, qui a le vent en poupe, il y a de grandes chances pour que le loueur perde moins d'argent à la revente du véhicule car celui-ci aura une bonne valeur de rachat", note Yves Pépin.
Il convient également d'être vigilant en matière de prestations de services associées à la LLD. "Il est important d'entrer dans le détail des contrats et de comparer les offres à prestations égales, insiste Yves Pépin. Par exemple, regarder si l'assistance est à 0 ou 100 km, si le garage se trouve à proximité, combien de remplacements de pneus sont prévus, etc. Il est nécessaire d'entrer dans le détail et de faire jouer la concurrence sur la base de critères identiques, même si les prestataires s'arrangent, souvent, pour que leurs offres soient difficiles à comparer." Gérard de Chalonge, directeur commercial d'Athlon, prestataire LLD, met en garde : "Certains prestataires s'organisent pour industrialiser le métier de loueur afin de générer du volume, mais ils perdent en qualité d'expertise et de relation client." Et de poursuivre : "Si, en tant que client, vous n'avez pas face à vous une équipe dédiée à la gestion de vos contrats et que vous devez vous adresser à un call center, vous allez perdre en conseil. Les contrats de LLD durent, en moyenne, 45 mois. Si le prestataire n'est pas capable de vous accompagner sur un partenariat de long terme, vous allez perdre de l'argent."
Carburant, assurance, restitution... l'impact du conducteur
" Une voiture récente coûtera, certes, plus cher, mais sa valeur résiduelle, à terme, sera meilleure. " Patricia Caulfuty, GE Capital Fleet services
L'optimisation de la LLD passe aussi par l'amélioration du comportement du conducteur. À ce titre, investir dans des stages de formation à l'éco-conduite peut porter ses fruits sur le long terme. "On constate que cela réduit la consommation de carburant de l'ordre de 5 à 10%", précise Patricia Caulfuty. Le coaching ou la formation en matière de sécurité au volant peut également conduire à la réduction du nombre de sinistres et de leur ampleur. Donc, une baisse de la prime d'assurance. D'une manière générale, responsabiliser l'usager du véhicule est toujours payant. "Il y a des règles à imposer, estime Yves Pépin. Il sera plus difficile de restituer un véhicule imprégné d'une odeur de tabac. Pour éviter cela, on peut interdire de fumer dans les véhicules ou simplement louer des voitures ne disposant pas de cendrier ni d'allume-cigare." Un mois avant la restitution du véhicule, il peut être judicieux d'effectuer une prévisite de remise en état chez son carrossier habituel. "Cela coûtera forcément moins cher, souligne Yves Pépin. L'idéal est même de regrouper les petites interventions en une seule visite en fin de contrat afin d'éviter de payer plusieurs fois la franchise."
Les loueurs opposés à la refonte de la norme IAS 17
Depuis une décennie, l'IASB (International accounting standards bord) travaille à la refonte de la norme IAS 17 régissant la comptabilisation des actifs loués. Avec, notamment, pour objectif de mettre en place un seul modèle comptable pour tous les contrats de location avec une reconnaissance au bilan pour les locataires. Cela dans le but de tracer une frontière claire entre achat et location, d'une part, et contrat de location et service, d'autre part.
Le projet de réforme prévoit, en effet, pour le locataire la comptabilisation d'un actif (droit d'usage) et d'un passif (dette locative) au bilan. Cela influerait sur le compte de résultat, puisque ces éléments seraient, ensuite, à amortir sur la durée du contrat de location avec un impact au niveau des dotations aux amortissements et des charges financières. Le SNLVLD (Syndicat national des loueurs de voitures en longue durée) voit d'un mauvais oeil ce texte "des plus défavorables pour les locataires en leur imposant une gestion comptable significativement plus complexe". L'organisme professionnel souligne, par ailleurs, que la charge en compte de résultat serait dégressive: "Le résultat serait, ainsi, pénalisé en début de contrat."
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