Mark Hurd, CEO d'Oracle : " Le vrai risque aujourd'hui pour un Daf serait de passer à côté du cloud "
Le passage à un ERP en mode cloud sera-t-il une tendance de fond dans les années à venir pour les ETI ? Pour Mark Hurd, le grand patron d'Oracle, la question n'est pas de savoir s'il faut changer, mais quand s'opérera le changement.
Alors que la transformation numérique des entreprises est bel et bien en marche, de nombreux Daf se posent la question de la pertinence d'un passage à un ERP en mode cloud. L'aversion de certains à externaliser ces services vitaux pour l'entreprise et à stocker des données ultra-sensibles dans les serveurs d'un prestataire sont-elles le fruit de simples réticences culturelles ? Mark Hurd, le CEO d'Oracle, a répondu à nos questions sur ce nouveau modèle.
Constatez-vous une appétence aussi forte pour les Daf français qu'ailleurs dans le monde pour les ERP en mode cloud ?
Comme ailleurs dans le monde, les Daf français commencent à voir la qualité de ce qu'un modèle cloud peut apporter à leur entreprise. Il y avait une véritable attente des CFO à l'échelle mondiale en matière de transition vers le cloud. Il s'agit non seulement d'une avancée technologique, mais aussi d'une avancée en matière de business model. Le fait d'avoir accès à des données analytiques ou des indicateurs clé en temps réel, est une vraie avancée pour la direction financière. De même que la possibilité d'alimenter le processus décisionnel sans avoir besoin de passer par un intégrateur de systèmes. Sans compter les bénéfices en matière de TCO (coût global de possession) obtenus en externalisant les ressources. Il reste bien sûr des inquiétudes à surmonter, notamment sur le plan de la sécurité. Il faudra sans doute un peu de temps à certaines personnes pour comprendre à quel point ces solutions sont fiables.
Que répondez-vous aux Daf qui expriment ces craintes ? Et notamment à ceux qui sont réticents à externaliser des données vitales pour l'entreprise. Outre le risque de piratage, certains craignent risque d'une panne, d'un problème de serveur, de pertes de données... Voire une relation de dépendance vis-à-vis de leur prestataire.
Pour moi, les Daf qui ne se sentent pas à l'aise pour passer au cloud sont généralement ceux qui n'ont pas étudié la question en profondeur. Cela prendra peut-être du temps, mais dans l'ensemble, les avantages du cloud finiront fatalement par balayer ces préjugés. Toutes les données que nous stockons sont cryptées. Si un hacker parvenait à les récupérer, il ne pourrait rien en faire sans la clé de sécurité que le client est le seul à posséder. Nos données sont par ailleurs sécurisées au sein de 21 data centers via plusieurs réseaux indépendants les uns des autres. Le fait qu'un serveur, ou même qu'un data center entier ou un réseau tombe en panne ne changerait rien à l'accessibilité des données. Il suffit de se poser la question en ces termes : selon vous, qui est le plus à même de créer un système sécurisé, robuste et fiable ? Un client individuel, ou Oracle ? Je crois que la réponse est assez simple : les risques sont infiniment plus grands pour un petit data center d'une PME ou une ETI. Quand à la question de la dépendance, elle existe dès lors qu'il y a externalisation. Combien d'entreprises externalisent la gestion de la paie à ADP ?
L'un des avantages de passer à un ERP en mode cloud est de permettre une meilleure accessibilité des informations financières pour tous les services. N'y a-t-il pas un risque de perte de contrôle pour le Daf ?
Beaucoup de gens pensent être indispensables si ils centralisent l'information. Je pense que la direction financière la plus efficace n'est pas celle qui veut à tout prix garder les données financières, mais celle qui est le catalyseur d'une bonne prise de décision. Le fait de pouvoir fournir aux autres services des analyses en temps réel qui leur permettront de jouer sur la supply chain, d'ajuster l'offre par rapport à la demande, est un énorme avantage. Beaucoup de gens sont réticents au changement dès lors qu'il les affecte directement. Mais je pense que le changement induit par le cloud est résolument bénéfique pour la direction financière. On peut comparer l'arrivée du cloud aux ERP de nouvelle génération lorsqu'ils sont arrivés sur le marché il y a 12 ans. Tout le monde ne s'y est pas mis en même temps, mais aujourd'hui il n'est plus question de revenir en arrière. Selon moi, le vrai risque aujourd'hui serait de passer à côté du cloud. Une direction financière qui déciderait de faire l'impasse sur cette solution risquerait de se retrouver d'ici quelques années dans une situation de désavantage compétitif. Le vrai risque aujourd'hui est d'être confronté à des concurrents qui opèrent en temps réel à des coûts moindres, avec de meilleures analyses financières et qui peuvent s'adapter en temps réel aux évolutions du marché.
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