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Blockchain : une révolution pour les directions financières

Grégoire Andrieu et Patrick Mollard, cofondateurs de la fintech Fipto, décrivent les mutations des paiements internationaux grâce à la blockchain. Face aux défis des trésoreries, l'adoption des stablecoins s'accélère, portée par une réglementation plus claire et des innovations qui réinventent les flux financiers.

Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à
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Blockchain : une révolution pour les directions financières

Les paiements internationaux, longtemps dominés par des infrastructures vieillissantes comme SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), sont en pleine mutation. L'arrivée de la blockchain et des stablecoins transforme un secteur où rapidité, transparence et réduction des coûts deviennent des priorités absolues. Rencontrés vendredi à Paris, Grégoire Andrieu et Patrick Mollard, cofondateurs de Fipto, ont partagé leur vision des enjeux actuels et des tendances à venir.

Un secteur en pleine transformation

Pour de nombreuses entreprises, les paiements transfrontaliers restent un casse-tête : délais prolongés, coûts élevés et manque de transparence freinent leur efficacité. " Le système SWIFT, datant de 1973, a prouvé sa résilience, mais atteint ses limites, notamment sur les corridors monétaires moins standards comme l'Amérique latine, l'Afrique ou l'Asie ", explique Grégoire Andrieu. Ces zones, souvent qualifiées de "marchés émergents", subissent des problèmes de liquidité ou des taux de change volatils, rendant les transactions encore plus complexes.

Face à ces défis, la blockchain offre des solutions prometteuses. En permettant des transactions quasi-instantanées, sécurisées et moins coûteuses, elle attire l'attention des trésoriers et des directeurs financiers. " Aujourd'hui, les entreprises cherchent à optimiser leurs paiements en contournant les frictions des réseaux traditionnels ", poursuit Patrick Mollard.

La montée en puissance des stablecoins

Les stablecoins, cryptomonnaies adossées à des actifs comme le dollar ou l'euro, sont au coeur de cette révolution. Contrairement aux cryptomonnaies classiques comme le Bitcoin, ils offrent une stabilité qui les rend particulièrement adaptés aux transactions financières. Selon les deux experts, les volumes échangés en stablecoins ont explosé ces dernières années, reflétant une adoption croissante, notamment pour les paiements B2B.

Une des pratiques émergentes est le "stablecoin sandwich", où les fonds transitent temporairement sous forme numérique avant d'être reconvertis en monnaie traditionnelle. "Les directions financières restent prudentes vis-à-vis des cryptomonnaies, mais elles apprécient les bénéfices tangibles des stablecoins : rapidité, réduction des coûts et meilleure transparence", précise Grégoire Andrieu.

Un cadre réglementaire en structuration

La réglementation joue un rôle crucial dans cette transformation. En Europe, le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets) entrera prochainement en vigueur, offrant un cadre clair pour l'utilisation des cryptomonnaies et des stablecoins. "MiCA garantit une harmonisation réglementaire dans toute l'Union européenne, un levier essentiel pour rassurer les entreprises et les banques", explique Patrick Mollard.

Cette évolution n'est pas propre à l'Europe. Aux États-Unis, des initiatives similaires émergent, portées par un regain d'intérêt pour les cryptomonnaies. Parallèlement, 96 % des banques centrales mondiales travaillent sur des projets de monnaies digitales de banque centrale (CBDC), soulignant l'importance stratégique des technologies blockchain.

Les banques traditionnelles en marche

Les grandes banques internationales, autrefois sceptiques, investissent désormais dans des solutions blockchain propriétaires. JP Morgan, par exemple, a lancé Onyx, une infrastructure interne basée sur des "tokenized deposits" pour simplifier les flux entre ses succursales. Toutefois, ces initiatives restent limitées à leurs clients internes, alors que les solutions ouvertes, accessibles à tous, gagnent du terrain. "La vraie valeur de la blockchain réside dans son caractère ouvert, qui permet une interopérabilité globale entre différents acteurs", souligne Grégoire Andrieu.

Des défis à surmonter

Malgré ces avancées, plusieurs obstacles freinent encore une adoption massive. Les banques et les directions financières expriment des préoccupations concernant la sécurité, la conformité et la volatilité des cryptomonnaies. Cependant, des technologies robustes, comme Fireblocks, et des certifications telles que la norme ISO 27001, renforcent progressivement la confiance des acteurs.

Les mentalités évoluent aussi sous la pression des marchés. "De plus en plus de fournisseurs dans les zones émergentes exigent des paiements en stablecoins, allant parfois jusqu'à offrir des réductions pour encourager leur adoption", observe Patrick Mollard. Une dynamique qui pourrait rapidement devenir la norme, accélérant la transition vers des paiements internationaux plus modernes.

"À l'image de l'email qui a remplacé les lettres, la blockchain redéfinit la manière dont transitent les flux financiers", insiste Patrick Mollard. L'avenir des paiements se dessine dans un univers où rapidité, transparence et flexibilité priment. Pour les directions financières, l'heure est venue de s'approprier ces technologies pour rester compétitives sur un marché globalisé.

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