Bilan sur un été record pour les géants du numérique
Les précédents mois ont été animés pour le secteur de la tech, entre valorisations record des valeurs technologiques et contexte de crise sanitaire. Malgré tout, les récentes performances des entreprises de la tech ont démontré leur capacité à surmonter ces crises et en sortir gagnants.
Ce trimestre marque la consécration d'un adage de plus en plus répandu sur les marchés financiers : la performance boursière n'a (presque) plus rien à voir avec les performances financières court terme des entreprises. Evidemment, la crise du COVID-19 a fortement amplifié ce phénomène qui a créé une pseudo bulle sur le marché de la Tech.
Les valorisations des Géants de la Tech se sont envolées cet été
Les valorisations tech cet automne retombent légèrement suite à la publication de Softbank qui a annoncé avoir investi dans ces valeurs, effrayant un certain nombre de nouveaux boursicoteurs. Mais ces valorisations avaient littéralement explosé à la fin de l'été à l'image des performances de Tesla qui a multiplié par cinq sa capitalisation boursière depuis le début de l'année.
Les performances financières que nous avons décryptés dans notre nouvelle étude GAFAnomics Quarterly sont bien sûr au rendez-vous même si la croissance semble ralentir pour un certain nombre de Géants de la Tech à cause de la crise sanitaire, entre autres. Malgré cela, en 3 mois seulement, ces mêmes entreprises, à savoir Apple, Microsoft, Amazon, Facebook et Alphabet par exemple, ont généré près de 2,1 trillions de dollars de capitalisation boursière. C'est plus que la valorisation d'Apple ou 2 fois celle de Facebook !
Ce phénomène s'explique notamment par la démocratisation des applications d'investissement aux Etats-Unis ainsi que le fait qu'un grand nombre de ces entreprises sont devenues des valeurs refuges pour les investisseurs de par leur taille très importante et leur capacité à grandir trimestre après trimestre depuis plusieurs années.
Les GAFA : un modèle d'anti-fragilité pendant la crise du Covid
La performance de ces entreprises sur ces derniers mois a mis en lumière leur antifragilité : non seulement elles ne s'effondrent pas face aux chocs, mais y résistent et vont même sortir renforcées de ces épreuves. Plus que jamais, les géants de la tech ont révélé cette force, nourrie grâce au développement de leurs "super-pouvoirs" et à leurs investissements dans leurs actifs immatériels tels que leurs talents, clients, impacts, infrastructures ou écosystèmes.
Cette capacité à réagir et à saisir des opportunités s'est particulièrement illustrée dans certains domaines d'activités durant les trois derniers mois. Des entreprises comme Microsoft ont su réagir rapidement et s'adapter afin de saisir l'opportunité d'investir de nouveaux secteurs, comme celui de la santé, en créant un partenariat avec Amazon et le National Health Service afin de développer des algorithmes permettant d'optimiser la gestion du personnel et des équipements en cas de crise. L'entreprise a également adapté son modèle en rendant son service de communication Teams gratuit, anticipant l'afflux massif de télétravailleurs prêts à adopter sa solution, et a su faire face aux défaillances de son infrastructure afin de sortir meilleure de la crise.
Dans des secteurs divers comme la santé, le e-commerce, le divertissement ou encore les outils de travail, les GAFA ont prouvé sur ce trimestre leur capacité à innover et à réagir, et ont su démontrer la pertinence de leurs modèles tout en les renforçant. Leurs initiatives dans un secteur aussi sensible que celui de la santé, leur prépondérance sur certains sujets, dans une période où nos comportements et habitudes n'ont jamais évolué aussi vite, ne vont pas sans soulever certains débats ou questions.
Des innovations à penser dans un cadre raisonnable
Ces évolutions nous invitent à repenser nos futurs modes de vie, de consommation et d'interaction. Il importe que ce futur soit appréhendé de manière raisonnable, c'est à dire en prenant des décisions basées sur des données précises, favorisant un équilibre économique, qui seront acceptables culturellement et individuellement. Et si demain un futur raisonnable impliquait d'aborder nos modes de travail différemment, partagés entre du travail à distance et des temps d'échanges collectifs ponctuels ? Et si nos modes de consommation devenaient plus durables, grâce notamment à des plateformes favorisant le troc ou la location plutôt que l'achat ? Et si la technologie était mise à profit de solutions médicales favorisant la démocratisation de l'accès aux soins ?
Ces interrogations devront être anticipées dès les premières étapes du processus de conception des futurs produits et solutions, avec pour objectif de maximiser la création de valeur pour toutes les parties prenantes.
Pour en savoir plus
Jérémy Taïeb, analyste financier, Fabernovel depuis 2018. Il est spécialisé dans l'analyse financière des entreprises Tech et Santé. S'appuyant sur sa double formation ingénieur financier (Centrale Paris - ESCP Europe), il utilise les données financières et extra-financières des entreprises afin d'en fournir une analyse complète.
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