Quels risques pèsent sur la trésorerie des entreprises ?
Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
Plusieurs facteurs fagilisent actuellement la trésorerie des entreprises. Pour la préserver et l'optimiser, les directions financières peuvent s'appuyer sur des outils et des process.
Alors que la trésorerie des entreprises était relativement abondante à la sortie du Covid, la situation est aujourd'hui plus complexe. Plusieurs risques donnent du fil à retordre aux entreprises. A commencer par le contexte économique mondial incertain. "Cette année, nous estimons que le PIB mondial s'établira à 2,7 % et à 2,2 % en 2024", a révélé Régis Roche, directeur des risques chez Allianz Trade, lors d'un webinaire organisé le 7 novembre par Option Finance. De même, le commerce mondial est actuellement en baisse. "En volume, nous sommes entre -2 et -3 %", pointe Régis Roche.
Pour les entreprises, le canal de crédit s'est durci tandis qu'elles doivent commencer à rembourser les dettes contractées durant la crise sanitaire. "Le montant du paiement d'intérêt net est revenu à une proportion beaucoup plus élevée par rapport à l'excédent brut d'exploitation des entreprises. Nous remarquons que le crédit des entreprises non financières ralentit rapidement", souligne Régis Roche. Pour autant, l'expert d'Allianz Trade estime que les taux d'intérêt pourraient commencer à baisser à partir de l'été 2024. "De même, l'inflation devrait décliner pour se régulariser en 2024", commente-t-il.
Moins d'investissements en France
Si la France a connu un bon premier semestre, la deuxième partie de l'année est marquée par un ralentissement avec une croissance faible et une chute de la demande de prêts, ce qui signifie moins d'investissements à venir. "Cela ne pourra pas être compensé par la consommation du fait de l'inflation, ce qui va générer des difficultés de trésorerie que nous commençons déjà à percevoir", note Régis Roche. En tant qu'établissement et assureur de crédit, Allianz Trade surveille également les impayés des entreprises, qui ont actuellement tendance à grimper en flèche. "Nous sommes revenus au niveau de 2019. Une entreprise sur quatre fait défaut à cause d'impayés de client. Les tensions de trésorerie sont donc plus vives aujourd'hui", constate l'expert. Un constat partagé par Jean-Baptiste Auzou, directeur de la BU Finance chez l'éditeur Cegid. "Les marges d'exploitation chutent dans les entreprises puisque l'Ebitda est en baisse alors que les charges financières augmentent", explique-t-il.
Mettre en place des outils et des process
Pour préserver la trésorerie face à ces risques, les experts insistent sur l'importance de mettre en place des process et des outils. "Nous distinguons trois niveaux de traitement de la trésorerie : court, moyen et long terme", observe Jean-Baptiste Auzou. Certaines solutions permettent de suivre les paiements au quotidien, ce qui permet d'anticiper les opérations et de trouver rapidement des solutions en cas de défaut de paiement. Il est aussi important d'avoir une visibilité de la trésorerie à moyen terme, sur plusieurs semaines, afin d'anticiper les futures entrées et sorties d'argent. Sur le long terme, certains outils sont capables de modéliser le cash pour avoir une vision budgétaire pluriannuelle. "Cela permet à une entreprise de pouvoir arbitrer certains investissements au regard de cette modélisation du cash", indique Jean-Baptiste Auzou. De son côté, Régis Roche conseille de bien gérer le poste client car le poids des créances clients peut peser très lourd dans le bilan financier d'une entreprise. Il recommande de ne pas faire l'impasse sur les conditions générales de vente et d'évaluer la solvabilité des clients et prospects. "Il ne faut pas oublier de réaliser des relances proactives à l'approche de l'échéance et de mettre en place une procédure de recouvrement échelonnée en cas de non-paiement", ajoute-t-il.