Post crise Covid 19 : comment sécuriser sa trésorerie
Publié par Michel Gire, associé, gérant co-fondateur de GMBA le - mis à jour à
La crise sanitaire et économique liée au Covid-19 entraîne des difficultés financières pour de nombreuses entreprises. Dans ce contexte, la trésorerie est devenue une donnée clé pour éviter les dépôts de bilan et assurer l'avenir des entreprises françaises.
La trésorerie renvoie à l'ensemble des sommes immédiatement mobilisables par l'entreprise. Alors que la crise économique actuelle risque d'avoir des répercussions sur plusieurs mois, voire plusieurs années, les entreprises doivent anticiper et actionner plusieurs leviers financiers afin de préserver leur trésorerie : adaptation de leur plan d'actions, budgets d'exploitation et de trésorerie sur 12 mois glissants, mise en place de financements dont PGE, réduction du Besoin en Fonds de Roulement (BFR), ...
Prévoir, facturer et encaisser
Afin d'assurer la pérennité de l'entreprise, un travail de prévisions d'exploitation est nécessaire. En effet, un budget prévisionnel permet d'établir une évaluation chiffrée des produits et charges de l'entreprise. De nombreux critères internes et externes rentrent en compte pour la détermination de ce budget. Il permet par conséquent d'anticiper la situation financière de l'entreprise afin d'adapter sa stratégie de financement. Mais dans le cadre d'une crise économique où l'avenir apparaît comme incertain et risqué, le budget prévisionnel doit être envisagé selon deux scenarii : un scenario vraisemblable ou raisonnable et un scenario dégradé. Le premier scenario anticipe une relance de l'économie nationale et internationale dans les mois à venir avec une reprise progressive des affaires. Le deuxième scenario apparaît comme un stress test c'est-à-dire une simulation des conditions économico-financières extrêmement négatives mais plausibles. Ces deux prévisions permettent ainsi d'anticiper les conséquences de la conjoncture pour assurer les besoins en financement de l'entreprise.
De plus, afin d'éviter l'allongement des délais de paiement et de fluidifier la trésorerie une facturation et un encaissement rapides sont nécessaires. Il s'agit ainsi de réduire au maximum ses besoins en fonds de roulement afin de conserver l'équilibre de sa structure financière.
Pour une gestion efficace du PGE
Dans cette période, l'un des dispositifs les plus efficaces pour préserver sa trésorerie sur le moyen terme est le Prêt Garanti par l'État (PGE). En effet, le PGE est un prêt de trésorerie d'un an à taux 0 et qui peut être converti en prêt à moyen terme à l'échéance d'un an. Ce prêt peut couvrir jusqu'à trois mois de chiffre d'affaires et bénéficie d'une garantie de l'État à hauteur de 70% à 90% selon la taille de l'entreprise. Et même si le chef d'entreprise n'a pas besoin d'avoir immédiatement recours au PGE, il est conseillé de faire une demande de prêt car les difficultés financières peuvent apparaître plus tard, comme un contrecoup de la crise économique. D'ailleurs, selon Bpifrance, les demandes de PGE ont dépassé les 100 milliards d'euros sur l'enveloppe de 300 milliards d'euros prévue d'ici la fin de l'année.
La gestion de la trésorerie est donc une préoccupation de chaque instant pour les entreprises dont l'activité a plus ou moins été impactée par le confinement. C'est pourquoi, les banques se sont engagées à octroyer très largement un PGE aux entreprises qui ne rencontraient pas des difficultés financières avant la crise. Les demandes formulées par les TPE-PME touchées par la crise sont également examinées avec une grande attention par les organismes bancaires. A l'issue de la première année et après accord avec la banque, l'entreprise peut décider d'amortir le prêt sur une durée supplémentaire allant de 1 à 5 ans. Mais les dirigeants d'entreprise devront, dès à présent, prêter attention à l'accord passer avec leur banque en se penchant notamment sur les coûts du prêt, les garanties etc.
Les prévisions d'exploitation et de trésorerie, la réduction des besoins en fonds de roulement et la mise en place de financements adaptés dont le PGE apparaissent donc comme des outils essentiels pour sécuriser sa trésorerie. Mais il existe également un panel de procédures préventives et collectives qui permettent d'éviter les liquidations judiciaires ou de soulager l'entreprise lors de l'apparition de tensions et de difficultés (mandat ad hoc, conciliation, sauvegarde accélérée...). Ces mesures, peu connues notamment chez les plus petites entreprises, restent néanmoins très efficaces lorsqu'elles sont utilisées en amont. La prévention et l'anticipation demeurent les meilleures façons d'éviter d'être confrontés à des difficultés de trésorerie sans solution.
Pour en savoir plus
Expert-comptable et commissaire aux comptes, Michel Gire est associé, gérant co-fondateur de GMBA (Gire, Maulard, Boudot & Associés). Il accompagne de nombreux dirigeants d'entreprises et d'associations dans la gestion de leur activité ainsi qu'en matière d'audit et d'évaluation. Il est également fortement impliqué sur les questions de management responsable et durable et des nouveaux modèles (dont le financement participatif), qu'il défend dans le cadre de nombreux groupes de travail.