Financement alternatif : quelles solutions pour les Daf de PME ?
Publié par Ludovic Letellier le | Mis à jour le
Face au ralentissement de l'octroi des crédits aux entreprises, les PME ne peuvent plus se limiter à une seule source de financement. La direction financière doit utiliser différents leviers en fonction de la maturité de l'entreprise et de ses besoins, mais aussi la fiscalité.
Actuellement, les banques sont plus réticentes à accorder des crédits aux entreprises et sont plus exigeantes sur le respect des contraintes réglementaires. De plus, le contexte économique pousse les entreprises à reporter leurs projets et leurs demandes de crédit. Pour compenser cette raréfaction des crédits bancaires, le chef d'entreprise doit partir à la recherche de financements supplémentaires. Différentes solutions alternatives adaptées peuvent être mises en place.
Aujourd'hui, l'affacturage est un financement adapté aux PME qui travaillent en BtoB. 2ème source de financement court terme, il permet aux entreprises d'externaliser leur poste clients, voire de le faire gérer par un spécialiste. Les banques orientent de plus en plus de dossiers clients vers cette activité aux moindres contraintes réglementaires. Attention toutefois à respecter certaines règles.
Une autre forme de financement s'adresse désormais aux PME-PMI : la tritrisation. Cette opération, qui consiste à vendre des créances clients sur les marchés à des investisseurs, permet en effet un apport de cash aux entreprises. Les entreprises qui ont un montant d'encours moyen d'environ 1 M€ peuvent bénéficier de ce financement peu répandu.
Crédit bail et subventions
Pour un financement sur un actif effectué par un établissement financier, les entreprises peuvent également faire appel au crédit-bail mobilier (matériel et véhicule) ou immobilier (bâtiment). Il s'agit précisément d'un contrat passé avec une entreprise (crédit bailleur) qui met un bien à la disposition d'un client (crédit preneur), moyennant l'engagement de le louer pendant une durée déterminée en contrepartie de loyers.
Autre solution: le lease-back permet à l'entreprise de revendre un actif immobilisé à une société financière dans le but de générer de la trésorerie. Les financements sur un actif immobilisé en crédit-bail ou lease-back permettent de financer le bien dans sa totalité et de générer un avantage fiscal important, sans garantie réelle ou apport initial. Concrètement, l'établissement financier achète le bien au fournisseur et le loue à la PME pendant une durée déterminée. À la fin du contrat, la PME récupère la propriété du bien. Il est ainsi parfois plus facile d'obtenir ces financements que les financements classiques car la propriété reste celle de l'établissement financier.
Les PME l'oublient souvent mais obtenir une subvention permet de compléter un plan de financement, et parfois de bénéficier d'un crédit bancaire. Il est possible de bénéficier de subventions pour financer un projet d'amélioration de sa compétitivité, d'innovation, de développement à l'export, etc... Le montant des aides peut atteindre 45% des dépenses. Les subventions peuvent provenir des Conseils Généraux, notamment pour les aides à l'immobilier, ou des Conseils Régionaux, par exemples pour les aides en faveur de l'emploi...
L'univers des subventions est toutefois complexe. Il est difficile de se retrouver dans l'identification des subventions, la vérification des critères d'éligibilité ou la présentation de son projet, par exemple.
Ouvrir son capital à d'autres actionnaires
Plusieurs dispositifs fiscaux ont été créés pour inciter les investisseurs à entrer dans le capital des PME. La loi de finances 2014 vient ajouter aux traditionnelles réductions d'ISF la possibilité pour les contribuables d'investir dans les PME cotées et non cotées avec les mêmes avantages que le PEA. Ce dispositif du PEA PME est intéressant mais plus risqué pour une personne physique.
Ou recourir au marché obligataire
De plus en plus de PME (les entreprises cotées notamment) s'intéressent au marché obligataire. Pour trouver de l'argent frais, elles ont la possibilité de faire appel à des institutions financières, afin de permettre aux investisseurs, de prêter de l'argent, en échange d'une rémunération. Ces institutions financières mutualisent des financements obligataires de plusieurs entreprises permettant de réduire le coût des opérations et de proposer un encours susceptible d'intéresser les investisseurs pour un montant relativement limité pour les PME (environ 2,5 M€ minimum). Nous avons par exemple les fonds Nova 1 et 2 lancés par la Caisse des dépôts.
Si le marché obligataire est un accélérateur de croissance, un facteur de notoriété, qui permet de conserver son indépendance, le formalisme reste lourd et représente une charge de travail importante pour la direction financière. Les frais de documentation peuvent par ailleurs être supérieurs à 100 000 €. Les taux sont toutefois souvent supérieurs à ceux du marché.
La recherche de financement alternatif est un lourd travail que les PME ne peuvent pas toujours mettre en oeuvre seules. Se faire accompagner par un expert peut être judicieux pour évaluer la marche à suivre auprès des différents intervenants et augmenter ses chances d'obtenir des ressources financières tout en maîtrisant les coûts financiers.
Diplômé de l'Institut Technique Bancaire, Ludovic Letellier est associé au sein du réseau d'accompagnement des entreprises Euklead, chargé de la commission de la trésorerie et membre du directoire. Il débute sa carrière dans une banque privée comme Responsable de la trésorerie devises de la banque puis comme Responsable de clientèle Entreprises. Il rejoint ensuite le groupe Banque Populaire en tant que Directeur d'agence, puis occupe des postes de Direction dans le groupe Crédit Mutuel et à la BNPP.