Affacturage : le temps du sur-mesure pour les PME ?
Publié par Antoine Pietri le | Mis à jour le
Traditionnellement associé à des process lourds et contraignants, l'affacturage se modernise : plus de flexibilité, plus de souplesse, plus de rapidité... Pour répondre aux nouveaux besoins des Daf, cette solution s'oriente vers davantage de dématérialisation.
Le crédit interentreprises demeure aujourd'hui la principale source de financement à court terme des entreprises, et notamment des PME. Selon le Guide de la cession électronique de créances, publié en mars dernier par la FNTC (Fédération nationale des tiers de confiance), celui-ci s'élève actuellement à 500 milliards d'euros en France. Un chiffre qui couplé à l'allongement des délais de paiement, entraine des dépôts de bilan chez les fournisseurs pour cause de problèmes de liquidité à court terme et de tensions de trésorerie. Dans ce contexte, la FNTC préconise la démocratisation de la cession électronique de créances. Une solution qui pourrait permettre de libérer jusqu'à 50 milliards d'euros pour les entreprises françaises selon elle. " Car l'affacturage est un processus qui est encore assez orienté papier, ce qui entraîne des lourdeurs opérationnelles et nuit à l'utilisation de cet outil ", estime Rui Teixeira Guerra, animateur du groupe de travail " Créance numérique " de la FNTC.
De leur côté, les sociétés d'affacturage multiplient les efforts pour séduire les PME avec des formules modulables sur le plan des relances, du recouvrement de créances ou encore de la gestion de contentieux. L'an dernier, GE Capital a par ailleurs lancé Envergure Expansion, une offre visant spécialement les PME françaises détenant des filiales en Europe. Certains de ces factors commencent également à prendre le virage de la dématérialisation pour répondre aux besoins des entreprises. " Lorsqu'une PME a une multitude de clients, la totalité des factures doit pouvoir être pris en charge rapidement. C'est pourquoi il est aujourd'hui possible pour le Daf de nous faire parvenir le bordereau de remise de cession de créance de manière dématérialisée ", explique Bozana Douriez, dg de BNP Paribas Factor, où ce type de solution a été mis en place depuis deux ans.
Mais le marché anticipe une demande encore plus forte sur le plan de la dématérialisation : " C'est dans l'air du temps car la nouvelle génération de Daf a aujourd'hui 35 ans, ils veulent utiliser leur smartphone ou leur tablette, uploader une facture et avoir une réponse sous 48 heures sans avoir à se déplacer pour signer un contrat qui engage l'entreprise pour plusieurs mois et sur un grand nombre de factures ", estime Charles-Henri Rossignol, dirigeant du courtier Factoexpert.
L'émergence de solutions 100% numériques
C'est en s'inspirant de cette tendance qu'est née il y a deux ans la start-up Finexkap. Le principe est simple : une plate-forme en ligne qui permet de financer les factures des entreprises en attente de paiement. " Il ne s'agit pas d'affacturage à proprement parler, car l'affacturage représente énormément de contraintes que nous avons voulu éviter ", explique Arthur de Catheu, co-fondateur de Finexkap. Pas de rendez-vous physique : les utilisateurs doivent simplement uploader leurs factures sur la plate-forme numérique. Une vérification est alors opérée sur la qualité de la facture, et le Daf reçoit une réponse sous 48 heures qui peut déboucher sur un financement si elle est jugée viable par Finexkap. " C'est oui ou non en fonction du profil de risque, mais nous ne demandons pas au Daf de patienter jusqu'à la prochaine réunion du comité de crédit sous trois semaines ", sourit Arthur de Catheu.
" Notre solution est financière mais aussi technique : nous nous pluggons directement sur l'interface qui stocke les factures via l'ERP. L'objectif est de dégager du temps pour que le Daf puisse se concentrer sur l'opérationnel. " Autre facteur différenciant par rapport à l'affacturage en tant que tel : la plate-forme permet de financer des factures en " one shot ", là où les factors traditionnels exigent de se voir confier la totalité des factures d'un client donné. Enfin, le business model ne prévoit pas de définancement en cas de retard ou de défaut de paiement du client. Des services qui ont un coût : Finexkap facture 2,49% du montant des créances au-dessus de 10 000 euros. La plate-forme qui vient de démarrer ses activités, a récolté en novembre un financement de 22,5 millions de dollars . Un petit millier de PME a déjà manifesté son intention d'utiliser la solution (voir encadré Témoignage) après son lancement officiel.
De leur côté, les factors demeurent prudents face à une telle offre. En 2009, GE Capital France avait lancé une solution similaire avec le site de finance en ligne jefinancemapme.com. Un site qui permettait lui aussi d'obtenir des financements rapidement et de façon dématérialisée sur la base de cession de créances. " Le site n'avait pas donné les résultats escomptés pour autant, nous continuons à réfléchir à ce sujet sous une forme différente car nous avons chez GE la chance d'être adossé à un groupe solide et d'envergure qui seul peut permettre un développement pérenne de ce type de financement désintermédié ", remarque Patrice Coulon, directeur général délégué de GE Capital France. Celui-ci rajoute " la viabilité de ce type de plate-forme repose sur les grands nombres, c'est-à-dire la nécessité de capter une énorme masse de clients et une utilisation récurrente de l'outil par chacun d'entre eux. Or, les entreprises qui se tournent vers ce type de solution alternative sont souvent celles qui ont du mal à faire financer certaines créances de façon traditionnelle ou encore des créances unitaires plus risquées... Le risque de sinistralité est donc un risque plus élevé que la moyenne "
Témoignage
Mathieu Grêlé, Daf de Synthesio
" Je suis à la recherche de logiciels fluides et simples d'utilisation. "
La société d'édition de logiciels Synthesio fait partie des toutes premières sociétés à avoir contacté Finexkap pour bénéficier de leur service dès son lancement. " Je me suis intéressé pendant un temps à l'affacturage en tant que tel, mais j'ai été rebuté par les contraintes de ce type de financement ", indique Mathieu Grele, Daf de l'entreprise. Si le montant moyen des factures de Synthesio est de 10 000 euros, il pense financer des factures d'un montant plus significatif, de l'ordre de 50 000 à 100 000 euros. " J'ai été séduit par la formule proposée par Finexkap. Nous sommes une PME en développement, les choses bougent, et nous pouvons toujours avoir besoin de cash. Lorsque la solution sera lancée, je pourrais être amené à céder quelques factures par ce biais. " La question du financement n'est toutefois pas une urgence pour Synthesio, qui a procédé à une levée de fonds importante en mars 2014. " Ce qui m'attire dans l'offre de Finexkap, c'est avant tout la simplicité. Dans mes postes précédents, j'ai été amené à utiliser des logiciels assez lourds. Aujourd'hui, je suis à la recherche de logiciels fluides et simples d'utilisation. "
Repères
Raison sociale : Synthesio
Activité : Edition de logiciels
Siège : Paris
Forme juridique : SAS
Dirigeants : Loic Moisand (DG) et Thibault Hanin (Président)
Daf : Mathieu Grêlé
Effectif 2014 : 100 salariés