Comment financer son entreprise sans lever de fonds ?
Alors que les levées de fonds rythment la croissance de nombreuses start-up, certaines entreprises parient sur une tout autre approche. Misant sur une autonomie financière et une gestion prudente des investissements, le bootstrapping fait de l'oeil à certains entrepreneurs en quête d'indépendance. Nous faisons le point sur cette méthode avec Anne Mouchet, cofondatrice de The Charging Place.
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Financer son entreprise par ses propres moyens. Tel est l'objectif du bootstrapping, une stratégie qui consiste à capitaliser sur les flux générés par l'activité de son entreprise pour financer son développement, sans faire appel à des investisseurs extérieurs. « Cela nous permet d'avoir une certaine liberté financière et d'être totalement indépendant dans nos choix, sans avoir à rendre de compte à des investisseurs », souligne Anne Mouchet, cofondatrice de The Charging Place, une entreprise fondée en 2014 sur ce modèle d'auto-financement. Avec seulement 10 000 euros d'économies personnelles, elle a lancé, aux côtés de son associé Jérémie Navarro, The Charging Place, une société spécialisée dans la recharge d'appareils électroniques. Présente dans diverses structures, elle propose une large gamme de produits allant de bornes pour smartphones à des solutions adaptées aux vélos et aux trottinettes électriques. L'entreprise recense aujourd'hui plus de 1 000 stations implantées.
Un concept en vogue
S'il était encore assez marginal lors du lancement de The Charging Place, le concept de boostrapping semble prendre de l'ampleur dans le monde entrepreneurial. « Nous observons une évolution des mentalités de la part des entrepreneurs, qui s'ouvrent à d'autres modèles de croissance. D'ailleurs, beaucoup de clubs spécialisés dans l'entreprenariat bootstrap se créent », constate Anne Mouchet. Pour rendre l'activité pérenne, les fondateurs de The Charging Place misent sur une rigueur financière. « Tout fond investi doit avoir du sens. Chaque décision est prise sur la base de contrats signés, plutôt que sur des projections hypothétiques. Nous faisons évoluer nos produits en fonction des demandes de nos clients », explique Anne Mouchet. La fondatrice concède toutefois qu'avec cette logique de prudence, la croissance est moins rapide et l'entreprise est plus limitée pour acquérir de nouveaux clients.
Une croissance maîtrisée et une flexibilité stratégique
Néanmoins, cette discipline lui a permis de franchir des étapes cruciales, comme le rachat de son fournisseur aux Pays-Bas en 2018 et l'acquisition d'un concurrent historique en 2021. La flexibilité stratégique a également joué un rôle clé dans le développement de l'entreprise. Face à la crise du Covid-19, elle a su par exemple se réinventer en diversifiant son activité vers la recharge de solutions pour la mobilité verte. « Ce secteur représente aujourd'hui 45 % de notre chiffre d'affaires », se félicite Anne Mouchet. Onze ans après sa création, The Charging Place génère un chiffre d'affaires d'environ 1,2 M€ et emploie une dizaine de personnes. « Nous avons également des équipes d'intérimaires que nous faisons intervenir lors du déploiement de gros événements saisonniers, comme des festivals ou des compétitions sportives », relate la fondatrice. Pour les années à venir, l'entreprise compte poursuivre sa croissance de façon maîtrisée, tout en misant sur une certaine agilité. « Nous suivons les besoins du marché, nous savons qu'une demande spécifique d'un client peut aboutir à une opportunité future », précise Anne Mouchet. Offrant une alternative aux modèles traditionnels de financement, le bootstrapping impose des choix stratégiques plus prudents. Objectif : bâtir une entreprise résiliente et flexible, en se basant sur l'autonomie et la rigueur.
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