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La génération Z chamboule les codes du travail

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à

Les jeunes actifs seraient-ils en train de révolutionner le monde du travail ? Revendiquant un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, la génération Z pose de nombreux défis aux entreprises.

Ils ont moins de trente ans et ont un rapport au travail différent de leurs aînés. Surnommés la génération Z, ces jeunes actifs donnent parfois du fil à retordre aux managers. En cause ? Un manque de professionnalisme et de motivation, entraînant un certain nombre de démissions et de licenciements. Selon une étude d'Intelligent.com menée en août 2024 auprès de 966 entreprises américaines, 75 % des répondants ayant intégré de nouveaux diplômés l'an dernier déclarent ne pas être satisfaits de leur embauche. En outre, six entreprises sur dix ont indiqué avoir licencié un jeune diplômé l'année dernière. En France, le constat semble similaire. D'après une enquête d'Ipsos menée dans l'Hexagone auprès de 1000 jeunes et 405 chefs d'entreprise, un peu plus de la moitié des entreprises juge la génération Z moins investie et moins respectueuse de la hiérarchie que les précédentes générations.

Volatiles et exigeants

72 % la considère également moins fidèle à l'entreprise. « Les jeunes profils peuvent se lasser rapidement et switcher facilement d'employeur », confirme Aurélien Boucly, directeur du recrutement permanent chez Robert Half pour les profils Finance & Comptabilité. Un avis partagé par Emeric Lebreton, docteur en psychologie, expert en bien-être et santé au travail et dirigeant du cabinet Orient'Action, qui explique que : « les jeunes collaborateurs n'ont en général pas d'attaches, peu de charges et d'obligations familiales. Il est donc plus facile pour eux de démissionner, d'autant que le marché du travail leur est actuellement favorable ». Ils semblent également avoir plus d'exigence vis-à-vis de leur employeur, notamment en termes de rémunération. « Cette génération est particulièrement informée et va plus facilement regarder des grilles ou études de salaire en amont pour mieux négocier lors des entretiens », constate Aurélien Boucly. « Ils sont aussi très à cheval sur le droit du travail, ce qui peut être un peu stressant pour un employeur », ajoute Stéphanie Richard, directrice au sein du cabinet de recrutement Robert Walters. Outre le salaire, l'organisation du travail est également particulièrement scrutée par les jeunes candidats. Selon une étude publiée par Robert Half en avril 2024 et réalisée auprès de 1000 professionnels âgés de 18 à 65 ans, 38% des 18-34 ans se disent prêt à quitter leur entreprise si la politique de télétravail était supprimée ou modifiée (contre 30 % chez les autres populations). « Le télétravail est presque considéré comme un prérequis pour les jeunes générations », constate Antoine Tamboloni, directeur financier de Chateauform', qui encadre une équipe de 70 personnes.

Trouver un équilibre

Ces attentes vis-à-vis du télétravail l'attestent : cette nouvelle génération de travailleurs est en quête d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. « Elle a une autre façon d'appréhender le travail, de par son éducation, l'environnement économique et le passage du covid, qui a fait prendre conscience de l'importance de l'équilibre entre la vie personnelle et professionnelle, qui est aujourd'hui un enjeu primordial chez les jeunes », résume Stéphanie Richard. La Gen Z est aussi particulièrement attentive aux valeurs de l'entreprise. « Ils sont à la recherche de sens au travail et sont très attentifs à l'impact de l'entreprise sur la société. Le fait que Chateauform' soit une entreprise à mission a d'ailleurs beaucoup de résonnance auprès des jeunes de notre équipe », constate Antoine Tamboloni. De même, la façon dont ils sont managés peut avoir un impact considérable sur leur motivation, ce qui implique davantage de bienveillance et de bien-être au travail. « Cela peut être, au final, bénéfique pour tout le monde », note Stéphanie Richard. D'après l'étude d'Ipsos, 40% des entreprises pensent d'ailleurs que la Gen Z va améliorer l'organisation du travail (alors que 32% estiment qu'elle va la dégrader). « Ils sont aussi très à l'aise avec l'utilisation d'outils digitaux comme les ERP ou l'IA, ils sont en général assez moteurs sur ces sujets-là dans une équipe », pointe Aurélien Boucly. « Les managers doivent s'habituer à ces nouvelles règles du jeu. Lorsqu'on parvient à trouver un bon équilibre, les jeunes collaborateurs nous le rendent bien et sont très investis », assure Antoine Tamboloni. En bousculant les pratiques managériales traditionnelles, la génération Z redéfinit le monde du travail.

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