CSRD : quel état d'avancement des entreprises sur le volet social ?
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Au-delà du sujet environnemental, la directive CSRD embarque également la dimension sociale du développement durable. Cependant, le niveau de maturité des organisations sur ce dernier aspect ne semble pas très élevé, selon une récente étude menée par le cabinet Deloitte en partenariat avec l'ORSE et l'ANDRH.
Généreuse marge de progression
D'après cette enquête, seules 24 % des entreprises interrogées estiment avoir un niveau élevé de compréhension de la norme sociale CSRD. Et plus encore, près de 34 % des répondants déclarent ne même pas savoir s'ils entrent dans le champ d'application du texte.
Malgré ce faible taux de connaissance, les dirigeants semblent de plus en plus prendre conscience de l'urgence de mieux intégrer ces normes dans leur stratégie de pilotage. En effet, 65 % d'entre eux identifient la compréhension de ces règles comme une priorité à court terme. « Les entreprises doivent se saisir de l'opportunité que représente la mise en oeuvre de la CSRD, qui doit devenir un outil au service de la stratégie, nécessitant une vision à long terme des enjeux de durabilité », analyse Lydie Recorbet, chargée de mission engagement social et sociétal à l'ORSE.
Les premières publications CSRD sont attendues dès 2025, comprenant entre autres des indicateurs relatifs au dialogue social, aux effectifs, à l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, à la rémunération, à la diversité, à l'inclusion, etc. Ces nouvelles règles ont vocation à devenir un point de comparaison des indicateurs stratégiques pour les organisations, notamment sur la question des salaires. La future directive « pay transparency » devant compléter ce dispositif. Mais là encore, selon l'étude du cabinet Deloitte, 49 % des entreprises estiment ne pas savoir traiter les exigences de la CSRD inhérentes à la rémunération.
Nécessité d'un sursaut des ressources humaines
« La maturité de la fonction RH sur la thématique sociale de la CSRD reste factuellement perfectible », explique Franck Chéron, associé Deloitte France et Afrique francophone. « Le défi immédiat pour cette fonction est d'être dès aujourd'hui le chef d'orchestre de nombreuses parties prenantes, internes et externes, car les premiers reportings sortiront en 2025. »
Sans réaction rapide de la part des ressources humaines, le sujet risque d'aboutir dans l'escarcelle exclusive de la fonction RSE des entreprises, alors que « les directions RH disposent d'un historique et de nombreux outils pour répondre au besoin de transparence exigé par la CSRD », avance Lydie Recorbet.
C'est pourquoi Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l'ANDRH, martèle et conclut : « Nous sommes convaincus au sein de l'association de l'importance stratégique pour la fonction RH du projet CSRD et de la nécessité de prendre la mesure de notre rôle et de nos responsabilités dans les enjeux de transformation impulsés par ces nouvelles exigences de reporting. »
Méthodologie de l'étude
L'enquête s'est déroulée en deux phases : une première phase quantitative pour identifier les principales tendances ; une seconde phase qualitative avec des entretiens pour recueillir les données et témoignages opérationnels d'acteurs clés.
Au total, plus de 74 entreprises ont été interrogées, représentant plus de 2 millions de salariés à travers 15 secteurs d'activité.