Face aux incertitudes, les ETI résistent, mais à quel prix ?
Incertitudes géopolitiques, tensions de trésorerie, retards de paiement, les ETI ont de nombreux défis à relever en ce début d'année. Le dernier baromètre Palatine-METI fait un état des lieux des enjeux financiers et business après un premier trimestre plutôt morose.

Les résultats du 16e Baromètre Palatine-METI du financement des ETI, publiés ce 29 avril 2025, témoignent d'un climat économique tendu pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises. Si ces dernières conservent une certaine capacité de financement et affichent des intentions de croissance en hausse, leur résilience reste fragile. Elles doivent faire face à un double choc : des pressions internationales croissantes - notamment la montée du protectionnisme - et des arbitrages budgétaires nationaux défavorables à la compétitivité.
Activité économique en repli, mais pas encore en chute libre
Les chiffres du baromètre sont révélateurs à plusieurs égards. Plus d'une ETI sur trois (environ 33%) signale une baisse de chiffre d'affaires au premier trimestre 2025 par rapport à la même période en 2024. Près de 54 % des répondants déclarent avoir un carnet de commandes moins rempli qu'au trimestre précédent (contre 47 % en janvier). Seules 13 % constatent une amélioration de leur rentabilité, alors que 38,5 % évoquent une dégradation (contre 47,3 % précédemment).
Ces données démontrent des entreprises qui font face à des soubresauts économiques et une conjoncture qui s'est malgré tout légèrement stabilisée depuis janvier. L'inquiétude reste dominante chez plus d'un dirigeant sur deux, preuve que la prudence continue de dicter les stratégies.
Des conditions de financement instables
Sur le front du financement, les résultats sont contrastés. La situation de trésorerie s'améliore : 20 % des ETI déclarent une dégradation de leur trésorerie contre 38 % en avril 2024. En revanche, l'endettement net se détériore pour 25,6 % des répondants, contre 18,2 % un an plus tôt.
Près de 1 ETI sur 4 rencontre des difficultés de respect des covenants bancaires, et plus de 40 % jugent les ratios financiers exigés très contraignants.
Malgré cela, le soutien des établissements financiers reste solide : plus de 8 ETI sur 10 obtiennent des réponses favorables à leurs demandes de financement, signe d'un tissu bancaire toujours engagé auprès de ce segment d'entreprises.
Des projets de croissance en sursis
Contre toute attente, les projets de croissance repartent à la hausse. 72 % des ETI envisagent au moins un projet de croissance organique en 2025, contre moins de 66 % en janvier. Près de 60 % planifient également au moins une opération de croissance externe, un bond significatif par rapport au début d'année. Et 88 % des projets d'investissement organique et 80 % des opérations de croissance externe ciblent le territoire français.
Cependant, ces dynamiques pourraient être freinées par le contexte international. Plus d'une ETI sur quatre se dit déjà impactée par les nouvelles mesures douanières américaines, et près de deux sur trois craignent un effet négatif sur leur chiffre d'affaires si ces mesures se prolongent.
Une pression budgétaire nationale qui pèse lourdement sur l'emploi
L'environnement fiscal et social français ajoute une couche de complexité. 30 % des ETI prévoient de réduire leur masse salariale ou leurs recrutements pour absorber la baisse des allègements de cotisations sociales. Près de 2 ETI sur 3 ont diminué ou envisagent de diminuer leurs recrutements d'apprentis, en réaction à la baisse des aides publiques. Ces ajustements risquent de compromettre l'avenir d'une génération d'alternants, souvent considérés comme un levier stratégique de transmission des compétences et d'intégration professionnelle.
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