Comment attirer et fidéliser les talents ?
Dans le contexte actuel de guerre des talents, la rétention des collaborateurs est devenu un enjeu clé. Flexibilité, environnement de travail, missions attractives, rémunération, développement des compétences… Zoom sur les principaux leviers dont disposent les DAF pour attirer et fidéliser les collaborateurs.
La rétention des talents fait aujourd’hui partie des priorités pour les directions financières. Pour discuter de cette question, plusieurs DAF et experts de la finance et des RH se sont réunis au Ritz le 25 mai dernier, dans le cadre du Cercle des DAF. Ces derniers ont mis en avant un certain nombre de bonnes pratiques pour fidéliser leurs équipes et séduire de nouveaux collaborateurs. A commencer par la mise en place d’une organisation de travail flexible. Deux à trois jours fixes de télétravail par semaine, full flex, jours de télétravail à répartir librement dans le mois ou le trimestre… Les participants ont partagé les différents modes de fonctionnement dans leur entreprise et ont confirmé les bienfaits apportés au niveau des équipes. Avec toutefois un point de vigilance. « Un télétravail à 100 % peut créer une forme de distanciation par rapport à l’entreprise et rendre plus compliqué le maintien du corps social et collectif », a pointé Emmanuelle Brun-Neckebrock, DAF de SAP. Pour elle, il est essentiel de trouver un juste équilibre entre travail à domicile et sur site pour éviter un désengagement des équipes.
Un environnement de travail agréable
Pour pousser les collaborateurs à venir travailler au bureau, l’environnement de travail et les services associés jouent un rôle clé. « Nos maisons de famille (sièges sociaux) disposent de salles de pause, de sport et de relaxation. Nous avons également un chef sur place et nous proposons des petits-déjeuners et goûters à nos collaborateurs », a relaté Antoine Tamboloni, le DAF de Châteauform’ (groupe leader de l'accueil de séminaires, formations et événements). De son côté Thomas Courtois, p-dg de la fintech Nickel, a souligné l’importance d’organiser régulièrement des évènements dans les locaux (quizz, conférence, tournois de babyfoot…) pour permettre une meilleure mixité des équipes et créer de la cohésion. Il est également essentiel de mesurer le climat social de l’équipe à travers des points réguliers, des baromètres et des questionnaires anonymes. « Nous réalisons aussi des rapports d’étonnement auprès des nouvelles recrues », ajoute Thierry Sar, DAF du cabinet de conseil Finegan. La fidélisation des collaborateurs intervient en effet dès les premiers mois d’intégration et il convient de soigner le processus d’onboarding.
Des missions motivantes
Si l’organisation et l’environnement de travail sont des paramètres importants, les missions représentent un critère clé de fidélisation des collaborateurs, qui veulent trouver du sens à leur travail. « La nouvelle génération est assez zappeuse et s’ennuie vite, il faut leur proposer des missions variées », constate Antoine Tamboloni. Un avis partagé par Thierry Sar. « Pour motiver les plus jeunes collaborateurs, nous essayons de leur proposer des perspectives d’évolution à trois ans », confie-t-il. Qui dit missions variées, dit développement des compétences. « Je pousse mes collaborateurs à se former dès que possible. Entre le CPF et les plans de formation, nous arrivons à faire des choses intéressantes. Cela leur permet aussi de développer leur employabilité future », indique Laure Perréard, CFO d'Odity (expert de la relation client). Les valeurs de l’entreprise prennent aussi de plus en plus d’importance, notamment chez les plus jeunes. « Un de nos leviers est de montrer que nous avons une forte empreinte sociale avec une dévotion et un sens du service au client très forts », pointe Carlo Poggi, DAF d’Amplifon. Pour proposer des tâches à plus forte valeur ajoutée, les DAF attachent aussi une grande importance à automatiser certains process. « Je fais en sorte que mes comptables ne saisissent rien et évitent les tâches récurrentes, qui peuvent être réalisées par des outils », explique Nicolas Zanelli, CFO de la marque de joaillerie Messika. De son côté, Mathieu Delacour, DAF de l’IPag (école de management et de commerce), a récemment conduit un projet de numérisation. « Nous avons développé des outils de numérisation de factures, de notes de frais, de cartes bancaires, etc. Cela a permis d’accélérer le traitement numérique de nos flux et de fidéliser nos plus jeunes collaborateurs », observe-t-il. Chez SAP, les processus transactionnels sont opérés globalement avec un un fort niveau d’automatisation dans des centres de services partagés, notamment à Prague pour la zone Europe. Dans ce contexte, le développement de certaines softskills est primordial. « Demain, tout financier devra avoir une capacité d'analyse critique et de recul, pour exploiter les nombreuses sources de données provenant de nombreuses sources digitalisées, et être un excellent communicant pour partager, avec impact, son analyse de la performance de l'entreprise », estime Laure Perréard.
Une rémunération au prix du marché
La question de la rémunération a également été abordée car elle reste un critère essentiel pour les collaborateurs, en particulier dans cette période d’inflation. « Aujourd’hui il faut être au prix du marché car les salariés le connaissent bien. Nos collaborateurs ont eu de belles augmentations de salaire ces deux dernières années », informe Thierry Sar. Même constat chez Amplifon. « Nous avons fait un geste concret pour nos équipes comptables qui avaient un niveau de rémunération en dessous du marché afin de les retenir et de les encourager à monter en compétence face au changement du nouveau ERP », explique Carlo Poggi. Nicolas Zanelli ajoute pour sa part « qu’il est aussi possible d’apporter satisfaction grâce à des dispositifs comme la participation et l’intéressement selon le résultat des entreprises ». L’ensemble des participants se sont cependant accordés à dire que la rémunération ne se suffit plus à elle seule et vient en complément des autres avantages sociaux.
Retrouvez les autres thématiques abordées lors du Cercle des DAF