1 PME française sur 8 face à un risque de défaillance d'ici 4 ans
Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le
Selon une étude d'Euler Hermes, 13% des PME françaises risquent de faire faillite d'ici 4 ans. Si ce chiffre est quasiment identique à celui de 2019, la fin des aides de l'Etat, prévue pour 2022, devrait mettre en péril les entreprises les plus fragiles.
Près d'une PME française sur huit risque de déposer le bilan d'ici 4 ans. C'est la triste conclusion tirée par Euler Hermes, dans un rapport publié début septembre. 3 indicateurs ont été identifié comme permettant de détecter ce risque de défaillance des entreprises d'ici 4 ans : la rentabilité des capitaux (inférieure à 6%), le taux de fonds propres (inférieur à 23,2%) et le taux de couverture des intérêts d'emprunt (inférieur à 1,1). En appliquant ces trois critères à près de 525 000 PME, Euler Hermes a estimé que 13% des PME françaises risquaient de faire faillite d'ici 4 ans. A titre de comparaison, seulement 7% des PME sont dans le même cas en Allemagne, et 15% le sont au Royaume-Uni.
"En France, la profitabilité est un problème. Après la crise du Covid, la France a les marges les moins élevées de l'Union Européenne, et a connu des détériorations sur tous les secteurs, malgré les différentes aides étatiques que les entreprises ont pu recevoir. Il existe aussi un souci de capitalisation, les PME en France ont moins capitalisé, surtout par rapport à la scène allemande détaille Ana Boata, directrice des recherches macroéconomiques d'Euler Hermes. Enfin, en plus du problème de profitabilité et de dette, se pose la question de la couverture de la charge d'intérêt. En 2020, la baisse continue des taux d'intérêt et la période de grâce concernant les PGE (qui durera jusqu'en mars 2022) ont permis une amélioration de cet indicateur. Il reste cependant mauvais, surtout comparé à l'Allemagne, car les PME ont plus de dette, payent plus d'intérêt sur ces dettes, et ont un problème de profitabilité"
Des aides de l'Etat vitales pour les PME
En comparaison, selon les mêmes critères, en 2019, 14% des PME françaises risquaient de mettre la clé sous la porte au cours des 4 prochaines années, contre 9% en Allemagne et 17% au Royaume-Uni. Cela signifie que le soutien mis en place par les différents gouvernements a contribué à réduire l'impact de la crise Covid-19 sur la santé financière des PME. Sans ces mesures publiques, la part de PME en risque de défaillance serait aujourd'hui bien plus élevée, et atteindrait 17% en France et 26% au Royaume-Uni. Euler Hermes estime que dans ces deux pays, les marges des PME auraient reculé de -5 points sans ces aides étatiques, du fait de l'impact de la crise sur leur santé financière. En revanche, en Allemagne, la part de PME fragiles aurait été relativement stable avec ou sans soutien public.
Mais avec la fin des aides de l'Etat à venir, faut-il craindre une hausse des défaillances pour les PME les plus fragiles ? "Pas vraiment, poursuit Ana Boata, pas à très court terme. Il y a toujours un risque mais, en France, ce risque semble maitrisé et il n'y aura probablement pas de choc, avec des entreprises qui fermeront les unes après les autres. Les entreprises françaises, surtout les plus fragiles, continueront d'être aidées par l'Etat jusqu'en 2022. C'est plutôt après 2022, avec la fin des aides annoncées jusqu'ici, que ces entreprises les plus fragiles se retrouveront en difficulté."
Les équipementiers automobiles en danger
En ce qui concerne ces secteurs les plus en danger face à ce risque de faillite, en France ce sont les équipementiers automobiles, les équipements de transport et l'énergie qui sont les secteurs les plus affectés. Mais il faudra également se montrer vigilant concernant les secteurs de l'agroalimentaire et des services, qui présentent une part de PME fragiles plus importante que la moyenne nationale. En Allemagne, les secteurs dans lesquels la part de PME fragiles est la plus élevée sont les équipementiers automobiles, les équipements de transports, les services et les constructeurs automobiles. Au Royaume-Uni, les domaines de l'énergie, des équipementiers automobiles, de la construction et de la distribution sont les plus touchés.