Portraits de Daf reconvertis - Benjamin Nolf : "il y a une vie après la finance"
"C'est moins facile que ce que j'avais envisagé initialement mais je ne regrette absolument pas mon choix". A 53 ans, Benjamin Nolf est à la tête, depuis l'automne dernier, d'une petite entreprise spécialisée dans le traitement de l'humidité et basée à Douai dans le Nord. Confronté à quelques aléas, il doit faire face à un démarrage plus lent que ce qu'il avait envisagé initialement. Pour autant, il ne remet certainement pas en cause sa décision. Cette décision, prise en 2021, de quitter la carrière dans la finance qu'il menait depuis ses études à l'Edhec et qui l'avait emmené depuis des premières missions dans l'audit jusqu'à des postes de Daf dans diverses entreprises : WTX (automobile, 50 millions d'euros de chiffre d'affaires) et Anaïk (cadeaux professionnels) notamment.
"J'avais besoin de changement"
Pourquoi cette bifurcation soudaine vers l'entrepreneuriat ? "Je m'ennuyais à mon poste. Je me suis rendu compte que cela ne correspondait en réalité plus à mes envies", se souvient-il. Il négocie alors son départ, en février 2021, pour pouvoir tourner la page plus sereinement et accompagne son successeur quelques mois, tout en préparant la suite. "Initialement, je pensais me lancer dans une activité de Daf à temps partagé pour voir d'autres choses, accompagner des entreprises de taille plus modeste mais finalement, j'ai eu connaissance d'une possibilité de reprise d'entreprise qui m'a semblé intéressante".
L'idée ne lui est pas tombée dessus par hasard, elle lui trottait dans la tête depuis plusieurs années mais il l'avait mise en arrière-plan, jusqu'ici trop sollicité pour se lancer dans une recherche sérieuse de cible. "J'étais plus ouvert à une reprise d'entreprise industrielle qu'à une entreprise du BTP, secteur que je ne connaissais pas du tout, mais le potentiel et l'activité de cette société qui réalisait 1,5 million de chiffre d'affaires m'ont attiré. Les perspectives semblaient très bonnes".
Sauf que, juste après le début des négociations avec le cédant, l'ensemble du personnel a décidé de démissionner... "Les salariés n'étaient pas au courant des discussions, leur décision n'avait aucun lien avec moi mais plutôt relevait d'un conflit avec le propriétaire de l'entreprise. Ces démissions ont mené rapidement l'entreprise à la liquidation. Comme je m'étais déjà beaucoup investi dans cette aventure et que les pistes me semblaient bonnes, je me suis quand même lancé en reprenant le matériel et les locaux. Les ex salariés n'ont pas souhaité revenir, ils avaient retrouvé un emploi dans l'intervalle".
Démarrage "difficile" mais expérience "enrichissante"
D'une reprise d'entreprise, Benjamin Nolf est donc finalement passé à une création d'entreprise, celle d'Assainiom. Depuis septembre dernier, il s'emploie à faire connaitre le nom de l'entreprise et à développer son activité. "J'ai reconstitué progressivement une équipe : j'ai maintenant trois commerciaux, deux poseurs et deux prospecteurs". L'ex-Daf s'est également formé pour obtenir les qualifications techniques nécessaires afin de ne pas dépendre uniquement de celles de ses salariés.
"Le démarrage de l'activité est plus long que ce que j'avais envisagé. Je ne me tire pas encore de salaire et les revenus tirés des allocations Pôle Emploi sont évidemment moins élevés que mes salaires antérieurs mais je le savais, j'ai fait ce choix en toute connaissance de cause. Ma situation financière, avec des enfants qui ont terminé leurs études, me le permettait. Je sais ce que j'ai accepté de perdre le cas échéant", souligne le nouveau chef d'entreprise. "Cela en vaut la peine, ce que je vis aujourd'hui est extrêmement enrichissant. J'apprends tous les jours. Sans compter que je suis dans une logique de développement de l'entreprise, c'est vraiment stimulant, je ne m'ennuie plus !".
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S'il a effectué une bifurcation à 90 degrés, Benjamin Nolf reconnait que les compétences acquises tout au long de sa carrière lui donnent des armes intéressantes pour sa nouvelle vie : dans ses échanges avec les banques ou avec les réseaux d'aide à la création d'entreprise par exemple. Sans compter le savoir-faire en matière de business plan, de calcul des marges, de réalisation de la comptabilité de l'entreprise, etc...
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