Carrière - De Daf à directeur exécutif, il n'y a qu'un pas
Accompagner la croissance de son entreprise implique parfois pour le Daf de changer de périmètre. Il peut ainsi dans la même entreprise se voir confier la direction d'une business unit ou les fonctions de DG Finance. Sébastien Martin, lui, est devenu directeur exécutif de son entreprise.
En quatre ans chez Claranova, Sébastien Martin a franchi bien des étapes, accompagné bien des changements et fait grandir bon nombre de collaborateurs. Et ce n'est pas fini ! Il revient pour nous sur la façon dont il a vécu et géré les mois de confinement en tant que Daf, et nous explique comment il envisage la suite avec sa nouvelle casquette de directeur exécutif.
En quelques années, Claranova (ex-Avanquest), société cotée de longue date sur Euronext a totalement changé de physionomie. Changement de management et changement de capitalisation ont été nécessaires pour mettre en oeuvre une stratégie de retournement afin de retrouver de la croissance. Ce chantier mené depuis 2015 a plus que porté ses fruits puisque Claranova a renoué avec un niveau de croissance important. "Sur les trois dernières années nous avons enregistré un taux de croissance moyen du chiffre d'affaires de 47% et désormais nous générons du cash, ce qui n'était pas le cas auparavant", décrit Sébastien Martin. Savoir se positionner sur des marchés porteurs fait partie de l'ADN de l'entreprise, en l'occurrence l'impression mobile avec un modèle freemium. Un atout de taille qui lui a permis de traverser les mois de confinement sans difficulté majeure.
Remettre l'humain au centre
Bien sûr, sur Euronext, le groupe a été impacté comme tout le monde et n'a pas retrouvé sa cote la plus haute. Mais grâce à une communication transparente et efficace, l'impact sur les investisseurs a été très relatif. "Si vous montrez comment l'entreprise gère cette crise tant au niveau humain que business il n'y a pas de raison que les investisseurs se désengagent". Le fait de sortir le rapport financier semestriel pendant le 1er confinement et d'en maintenir, grâce à l'organisation d'un webcast, la présentation aux analystes et actionnaires a permis de démontrer la qualité des business models de Claranova et d'expliquer les perspectives de rebond attendues et anticipées. "Nous avons mené un vrai travail de communication à travers un road show investisseurs par vidéoconférence, se souvient Sébastien Martin qui agissait à ce moment-là en qualité de Daf. Le fait d'être accessible, de répondre aux questions de façon transparente et sincère a permis de maintenir le lien humain." Cela vaut également avec les collaborateurs. "Si nous avons pu sortir un rapport semestriel de cette qualité pendant le confinement c'est grâce à l'esprit et au fonctionnement d'équipe. L'entraide entre collaborateurs a été importante pendant cette période. Plus la crise est forte plus l'humain est important. C'est capital ! "
Il faut dire que Claranova bénéficie d'une situation enviable : en plus d'adresser le mass market en général assez résilient, Claranova a la chance d'être sur un modèle économique à bfr négatif. "Nous avons quand même une dette EuroPP mais dont la maturité est à plusieurs années ce qui nous offre de la visibilité et une situation en termes de gestion du cash plus que correcte", reconnait Sébastien Martin. Avec une trésorerie nette de 23,5 M€ au 31 décembre 2019, le groupe jouit aujourd'hui d'un confort que beaucoup d'entreprises n'ont pas. Ce qui ne le dispense pas de rester vigilant. "Nous devons rester prudents et employer ce cash à bon escient." Car si aujourd'hui l'entreprise performe il ne faut pas oublier que 5 ans en arrière elle était en quasi-faillite. C'est grâce à une stratégie de retournement menée tambour battant par la direction financière que le groupe a pu malgré la crise sanitaire passer la barre des 400 M€ de CA annuels à fin juin.
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Redimensionner le management pour franchir un cap
En 5 ans le groupe s'est réinventé autour de trois activités différentes avec des niveaux de maturité différents : l'activité printing qui se dirige vers une extension de son périmètre d'activité à des produit éco-personnalisés; l'activité logiciel dont le modèle économique a été réorienté vers le marché de l'édition de logiciel en mode SaaS et l'activité Internet des objets qui n'en est qu'à ses débuts mais dont le potentiel est très important. Toutes ces évolutions ont été accompagnées par l'équipe managériale d'origine. "Ces cinq dernières années la taille de l'entreprise a considérablement augmentée et le CA a été multiplié par quatre. Il semblait important, pour pouvoir passer à une nouvelle phase, de redimensionner les équipes de direction", explique le nouveau directeur exécutif dont le poste et les missions viennent d'être créées.
Le conseil d'administration s'est également étoffé de profils très solides à l'international et notamment en Amérique du Nord où Claranova nourrit de grands projets. "Notre ambition est de devenir un groupe technologique leader sur nos marchés et de dépasser le milliard !" Pour cela le groupe doit se rendre plus visible aux Etats-Unis. "En Europe nous sommes une grosse small cap mais à l'échelle US nous sommes encore une micro cap", pointe Sébastien Martin qui s'est donné pour mission, entre autres, de créer une interface plus forte avec les fonds nord-américains et d'obtenir une vraie reconnaissance de cette communauté d'investisseurs. "Nous commençons à apparaître dans leurs radars mais il faut forcer le trait et un travail de fond est nécessaire pour être plus visible là-bas."
Créer ses propres opportunités
Les autres sujets majeurs du directeur exécutif seront de trouver des M&A structurantes et de mener une réflexion sur l'implémentation de nouveaux projets de long traine. Cette orientation moyen-long terme est sans doute la principale différence avec ses anciennes fonctions de Daf qui lui imposaient de plus travailler le court-moyen terme. "Je ne quitte pas la sphère financière, précise-t-il. Je garde une orientation finance mais avec une typologie différente. C'est ce qui est passionnant avec ce groupe très dynamique qui a un rythme exigeant." Selon lui Claranova est l'archétype de l'ETI de croissance "et la France a bien besoin de ces champions-là", estime-t-il.
En termes de carrière et d'attrait, il n'y a pas mieux pour Sébastien Martin. "C'est tout l'intérêt des entreprises en forte croissance, vous pouvez créer vos propres opportunités et n'avez pas besoin d'aller voir ailleurs pour évoluer." Quant à savoir quelles qualités sont nécessaire à ce type d'évolution, pour lui il y en 4 principales : d'abord avoir une très forte capacité de travail, ensuite savoir conjuguer court terme et long terme en permanence car vous évoluerez dans un environnement qui nécessite d'alterner tout le temps les deux visions. Ensuite, et c'est un élément clé, avoir une orientation business très forte. Il ne s'agit d'être dans un rôle de financier classique mais véritablement d'aider le business dans toutes ses modalités. Enfin, la dernière qualité indispensable est managériale. Il faut animer vos équipes. "Moi je n'ai rien réussi, ce sont les équipes qui ont tout fait, défend le directeur exécutif. Il est impossible d'agir seul. Je suis devant mais ce sont les équipes la vraie force. Notre plus grande richesse est l'humain !"
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