Bertrand de Belmont : "Sachez prendre du temps, pour vous et pour vos équipes"
Directeur financier pendant 20 ans, Bertrand de Belmont s'est reconverti dans le coaching professionnel. Un nouveau métier épanouissant qui lui permet de se consacrer à l'humain.
La carrière de Bertrand de Belmont est faite de haut et de bas. Celle-ci débute il y a un tout juste 25 ans. En 1996, au sortir de l'EDHEC Business School, le jeune diplômé est embauché comme contrôleur de gestion au sein du groupe Michelin, entreprise dans laquelle il reste un peu plus de six ans. Il devient par la suite responsable financier de la filiale française d'un groupe suédois, Trelleborg. C'est là-bas qu'il fait ses armes et prend la mesure du rôle de responsable financier. « J'ai fait face à de nouvelles missions : être en charge de l'établissement, de l'analyse et de la présentation des comptes d'une entreprise aux différentes instances. J'ai également appris l'importance de la communication avec les commerciaux, les RH, les opérationnels et le lien particulier avec les dirigeants » explique-t-il.
Il poursuivra ensuite sa carrière dans les groupes Nufarm et Maori. Deux expériences qui se sont terminées sur fond de désaccord avec ses directions respectives, mais qui lui ont permis de s'affirmer en tant que directeur financier, garant de la fiabilité des données financières d'une entreprise. En 2015, Bertrand de Belmont est nommé Daf de Vulcain, une société sous LBO qui doit alors répondre à des attentes fortes en termes de résultat. « Je suis arrivé alors que la société venait d'être rachetée par un fonds d'investissement. C'était la première fois que je travaillais dans une entreprise sous LBO, j'ai découvert un environnement autant stimulant qu'exigeant. L'entreprise était alors en très forte croissance, avec près de 20?% par an, des rachats, des embauches, de la structuration, etc. Pendant quatre ans, avec mon équipe, nous avons structuré, outillé, développé à marche forcée pour accompagner la croissance. J'ai tenu à accompagner l'entreprise jusqu'à la sortie du fond. Mais cette période très dense m'a aussi conduit, en quelques sortes, à exploser en plein vol. »
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C'est d'ailleurs pour tout ce travail chez Vulcain qu'il a été élu Daf de l'année lors des Trophées Daf 2018. Mais la reconnaissance de ses pairs ne suffira pas à permettre à Bertrand de Belmont de poursuivre au sein de Vulcain. Victime d'un léger burn out, il décide, en juillet 2019, à la fin du cycle de LBO, de quitter ses fonctions. « J'avais l'impression d'avoir fait le tour de ce que j'étais capable de faire, d'avoir aussi vu mes limites. Il me manquait quelque chose. Il était évident pour moi que c'était le moment de passer à autre chose » raconte-t-il.
Le coaching, une évidence
C'est alors que s'ouvre un nouveau chapitre de sa carrière, de sa vie. « S'ouvrait pour moi une page blanche. En me faisant coacher pour m'aider à identifier ce que je voulais faire j'ai vite compris que l'accompagnement de personnes dans leur vie professionnelle était quelque chose qui m'appelait. C'était comme une évidence pour moi. Je me suis donc formé pendant l'année 2020, puis j'ai créé ma structure et désormais je m'épanouis dans mon nouveau métier de coach professionnel en accompagnant d'autres professionnels » détaille Bertrand de Belmont. Un métier de coach dans lequel son expérience de directeur financier et sa connaissance du monde de l'entreprise lui sont d'une grande aide. « Grâce à mon passé de Daf, je connais très bien les rouages d'une entreprise, ainsi que les enjeux des différents postes, notamment celui de dirigeant. Lorsque je dois accompagner des professionnels, le fait de savoir que j'ai été Daf et que j'ai vécu de l'intérieur la problématique qu'ils rencontrent à ce moment précis est un avantage. C'est capital de montrer à mes clients que je sais de quoi ils vont me parler. A partir de là, accompagnement et réflexion sont plus simples à mener » complète-t-il.
Bertrand de Belmont développe cette nouvelle activité autour de deux axes principaux, des ateliers notamment autour de la voix qu'il anime actuellement, « qui permet d'améliorer l'utilisation de sa voix et donc de sa prise de parole en public ». Son second axe de travail est positionné sur du coaching plus classique, « individuel pour le moment, mais mon objectif est également de développer du coaching collectif avec une ouverture au sein des entreprises pour de l'accompagnement d'équipe », précise-t-il.
L'importance de l'humain
Et si l'ancien Daf s'épanouit autant dans son nouveau métier, c'est parce qu'il a réussi à trouver ce qu'il lui manquait dans son précédent travail, à cause du rythme trop effréné qu'imposait ce poste : le rapport aux autres. « Pour moi, c'est l'humain qui doit prendre le plus de place. Ce qui me manquait c'était d'avoir le temps, ou de prendre le temps de m'intéresser aux gens qui m'entouraient, quelques soient ces personnes, qu'elles fassent partie de mon équipe ou pas. Ma personnalité faisait que j'avais envie de tout maîtriser et je ne prenais pas le temps d'aider mes collaborateurs à grandir, de savoir à qui je parlais et, au fond de moi, c'est ce dont j'avais besoin » rapporte-t-il.
Beaucoup de dirigeants d'entreprise tardent à demander de l'aide alors qu'il n'y a rien de honteux à cela. Bertrand de Belmont en a lui-même fait l'expérience. Pour lui, le coaching permet au contraire d'affronter les difficultés rencontrées dans le monde professionnel. « Une équipe est efficace si elle se sent bien. Et de temps en temps, cela peut valoir le coup de passer un peu de temps avec chaque membre qui la constitue afin de l'accompagner au mieux. Quand vous embauchez quelqu'un sur un poste un peu difficile, ça vaut la peine de le faire accompagner pour que sa prise de poste se passe bien, et cela peut passer par du coaching si l'intégration ne peut être faite par le manager. »
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Et avec du recul, il est persuadé qu'il aurait pu éviter son burn out s'il avait lui-même eu recours à du coaching en 2019. « Le pire c'est que mon patron m'avait proposé d'être accompagné. à cette époque, je ne savais pas ce que cela voulait dire. J'avais l'impression que c'était comme une punition. Dans le fond, c'était une super proposition, mais à l'époque je n'en avais pas conscience. » La façon de présenter l'accompagnement et d'amener le coaching compte donc tout autant que le coaching lui-même. « Au sein des entreprises, le coaching c'est du positif, ce n'est pas uniquement pour traiter un problème. Il sert parfois à anticiper une difficulté et faire grandir un collaborateur. Il vaut mieux traiter la difficulté avant qu'elle arrive, et essayer de l'anticiper pour faire prendre conscience à ses collaborateurs qu'ils ont des armes en eux-mêmes. »
Si lui-même n'était pas pourvu de ces armes-là au moment où il en avait besoin, Bertrand de Belmont reste tout de même fier de la trajectoire qu'a pris sa vie professionnelle. « J'aime mon parcours, parce qu'il montre une reconversion avec une certaine logique sans renier du tout ce que j'étais avant » conclut-il.
Quelles différences entre coaching et mentoring ?
Le coaching s'effectue avec un prestataire professionnel, extérieur à l'entreprise, alors que le programme de mentorat s'effectue majoritairement en interne avec des managers. Contrairement au coaching, le mentorat peut être descendant ou ascendant. Le coaching permet de donner des clés à la personne coachée par le biais d'une réflexion personnelle, tandis que le mentorat aide à développer des compétences techniques. Enfin, le mentorat ne concerne que la vie professionnelle, quand le coaching peut aborder la vie professionnelle mais aussi personnelle.
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