Quels sont les éléments qui pourraient enrayer la reprise ?
Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
Qu'est ce qui pourrait casser la relance économique ? Alors que les pays développés tendent peu à peu à retrouver leur niveau de croissance d'avant-crise, certains facteurs pourraient freiner leur allant dans les mois à venir. C'est ce qu'explique Patrick Artus, membre du Cercle des économistes.
On le sait, la reprise économique est en marche. Les pays développés retrouvent à peu près leur niveau d'avant-crise, et le PIB mondial devrait progresser de 6% cette année. Mais certains paramètres sont à prendre en compte pour éviter de se retrouver négativement impacter dans cette relance.
Le premier de ces facteurs à prendre en compte est l'inflation. Elle est actuellement de presque 5,5% aux Etats-Unis et de 3,5% dans la zone euro. Et alors que le principe de stagflation, situation économique la plus gênante pour les banques centrales, pointe le bout de son nez, Patrick Artus, Senior Economic Advisor de Natixis, professeur d'économie à l'École d'économie de Paris et membre du Cercle des économistes, se veut rassurant et pense que le scénario le plus probable est celui d'une inflation transitoire, pour deux raisons. "Si vous mélangez les coûts salariaux unitaires qui n'augmentent pas et le retournement à la baisse du prix des matières premières, on devrait retrouver au printemps 2022 une inflation acceptable par les banques centrales, de l'ordre de 1,5% en Europe et 2,5% aux EU. Il n'y a donc pas de risque d'inflation à long terme. Du point de vue de l'inflation, le danger serait que les salaires s'indexent sur les prix, mais ce n'est pas du tout ce qui se passe aujourd'hui."
Gare aux déficits publics !
En ce qui concerne la croissance, "il y a des plus et des moins" reprend Patrick Artus. Parmi les points positifs, il existe des entreprises françaises qui se portent très bien, malgré cette crise, et qui continuent donc à investir massivement. La reprise du commerce mondial, avec une croissance de 11% cette année tirant par la même occasion les exports vers le haut, est également une très bonne nouvelle pour les entreprises françaises.
Il existe également des points de doute qui peuvent faire craindre une reprise plus compliquée. "La forte réduction des déficits publics est un sujet qui m'inquiète énormément et auquel, selon moi, on accorde encore pas assez d'importance. C'est un phénomène très spectaculaire aux Etats-Unis, où le déficit public va passer de 15% du PIB cette année à 8% l'année prochaine, et très néfaste pour la croissance. En France, le déficit public structurel, qui ne tient pas compte de l'effet de reprise, va baisser de 2% du PIB entre 2021 et 2022," indique l'économiste.
Comme vu plus haut, même si l'inflation ne risque pas de durer, elle entraine tout de même une baisse des salaires réels, une mauvaise nouvelle pour la croissance. Enfin, reste la question de la Chine, grande puissance dont dépendent une partie des entreprises françaises. "On observe un vrai ralentissement chinois avec notamment une réduction très importante de l'investissement des entreprises depuis plusieurs années, en partie à cause de la politique locale. Aujourd'hui, hormis les exportations, qui représentent moins de 20% du PIB chinois, il n'y a plus aucun moteur de croissance en Chine" conclut Patrick Artus.