Dans 10 ans ou moins, une entreprise sera RSE ou ne sera plus
Publié par Yveline Pouillot, GMBA le - mis à jour à
La crise sanitaire a souligné l'intérêt d'adopter un comportement socialement responsable et respectueux de l'environnement. Aujourd'hui, un nombre croissant d'entreprises, d'administrations, d'associations et, de façon générale, d'organisations, semble prêt à prendre le virage de la RSE.
Une entreprise devra-t-elle s'inscrire dans une démarche RSE pour exister à l'avenir ? Il sera, dans tous les cas, difficile de faire la sourde oreille face à la montée en puissance des préoccupations citoyennes, tant sur le plan environnemental, social qu'éthique. Adopter une démarche RSE présente également de nombreux avantages, à la fois comme outil de rationalisation des coûts, de développement économique, de fidélisation de ses parties prenantes (salariés, clients, fournisseurs...) et donc de performance.
La norme ISO 26000, une feuille de route de la RSE
Qu'est-ce qu'une politique RSE, appelée également RSO pour désigner la "responsabilité sociétale des organisations" ? En réalité, il n'existe pas une seule et unique définition, plusieurs référentiels et autres guides pratiques se côtoient, si bien qu'il peut s'avérer difficile pour une entreprise de s'y retrouver.
S'appuyer sur la norme ISO 26000, unique norme internationale qui présente les lignes directrices d'une politique RSE, est conseillé. Celle-ci précise 7 principes génériques de la RSE, qui font aujourd'hui plus que jamais écho aux préoccupations des citoyens parmi lesquels : la transparence, le comportement éthique, le respect des droits de l'homme, le principe de légalité ou encore la redevabilité...
Il est important de souligner qu'une entreprise n'est soumise à aucune obligation juridique de nature contraignante dans le cadre de la mise en place de sa stratégie RSE. Des milliers de dispositifs sont disponibles : chartes d'engagements, achats responsables, partenariats... Gage de crédibilité et de confiance, il est toutefois conseillé d'opter pour une labellisation, comme le label français de responsabilité sociale Lucie, aligné sur la norme ISO 26000.
La RSE, un levier de développement économique et d'anticipation des risques
Quels avantages présente la RSE pour une entreprise ? Elle constitue un levier de développement économique particulièrement efficace. En renforçant son image de marque, une démarche RSE permet de se différencier par rapport à la concurrence. La volonté de Bercy de verdir la commande publique, à travers la réforme des standards d'achats réalisés par l'Etat et les collectivités territoriales, est également révélatrice de la montée en puissance de la responsabilité environnementale.
Opter pour une démarche éco-responsable peut également constituer un formidable outil de rationalisation des coûts. En adoptant certains éco-gestes, une entreprise peut réaliser de précieuses économies d'échelle sur le long terme : réduction des dépenses liées aux énergies, aux transports, aux déchets plastiques et papiers et autres dépenses " non essentielles " (goodies, flyers etc.).
Dans le domaine managérial, adopter une démarche RSE est un atout indéniable pour développer sa marque employeur et attirer les nouveaux " talents ". Selon un baromètre Ipsos pour Boston Consulting Group, près de 76% des jeunes diplômés jugent désormais nécessaire que leur poste soit en phase avec leurs valeurs. Système de parrainage, questionnaires de satisfaction auprès des collaborateurs, mise en place d'une écoute relationnelle et psychologique, sont autant de dispositifs permettant de fidéliser ses salariés.
Enfin, et la crise de la Covid l'a prouvé, une " entreprise RSE " est davantage résiliente face aux situations de crise. Grâce à un état d'esprit et des valeurs résolument tournées vers la confiance et la responsabilisation de ses salariés, et vers l'utilité économique qu'elle doit à ses clients, elle est opérationnelle pour gérer des réorganisations de process ou encore l'introduction du télétravail " long ".
Quel avenir pour la RSE ?
Depuis 2001 et la publication d'un Livre vert par la Commission Européenne, visant à promouvoir un cadre européen pour la RSE, de nombreuses évolutions réglementaires sont venues renforcer la légitimité de cette démarche : la loi Sapin II (2017), qui introduit l'obligation pour les entreprises d'inscrire dans leurs rapports de gestion des informations relatives aux actions de prévention de la corruption, et plus récemment la loi Pacte (2019), qui intègre la notion d' " entreprise à mission " et de " raison d'être ".
Mais au-delà du seul cadre réglementaire, un changement de paradigme semble avoir été opéré en matière de responsabilité sociétale, de développement durable et d'engagement éthique. Aussi, depuis quelques temps, on voit des start-up s'intéresser à la RSE (comme le montre le Salon Change Now qui promeut des solutions répondant aux Objectifs de Développement Durable définis par l'ONU). Au-delà, la création le 22 mars 2021, par Euronext, du CAC40 ESG, qui regroupe les 40 sociétés qui ont démontré les pratiques les plus exemplaires du point de vue environnemental, social et de gouvernance (ESG), est également révélatrice des attentes des investisseurs et du marché en faveur d'une finance plus durable.
La crise du coronavirus a-t-elle agi comme un catalyseur d'un changement profond ou s'est-elle simplement inscrite dans la suite logique de tendances déjà préexistantes ? Difficile d'être catégorique face à cette question. Une certitude en revanche, engagement, confiance ou encore transparence, semblent être les maitres mots de demain.
Par Yveline Pouillot, secrétaire générale du cabinet de conseil, d'audit et d'expertise fiscale, comptable et sociale GMBA. Elle est également chargée de mission en RSO et accompagne quotidiennement les entreprises dans la mise en place de leurs démarches. Elle anime notamment des formations/ateliers sur la RSO et la norme ISO 26000.