Défaillances d'entreprises en 2024 : une année noire pour les PME/ETI
Publié par Christina Diego le - mis à jour à
BPCE L'Observatoire a publié ce jeudi 8 janvier un bilan alarmant des défaillances d'entreprises pour l'année 2024. Avec 66 500 entreprises défaillantes, le niveau atteint est le plus élevé depuis 2009. Sur le seul quatrième trimestre, 17 966 défaillances ont été recensées, un record qui met en lumière les défis croissants pour les entreprises françaises dans un contexte économique complexe.
Au total, 260 000 emplois ont été menacés en 2024 par ces défaillances qui représentent « un niveau record soit 28 % de plus qu'en 2019, année référente avant la crise sanitaire de 2020-2022 », indique l'Observatoire BPCE, organisation d'études économiques du groupe bancaire qui recense depuis 2010 les entreprises placées en redressement ou en liquidation judiciaire. Quelles perspectives pour 2025 ? Détails.
Un contexte économique difficile pour les entreprises
Autre élément, l'environnement économique de 2024 qui a pesé sur les entreprises : une croissance modérée de +1,1 % en 2023 et 2024 soutenue principalement par la dépense publique et le commerce extérieur, une demande intérieure privée atone entre consommation et investissement en net recul, impactant particulièrement les TPE et PME, une inflation qui a tardé à se réduire.
Les entreprises ont eu à subir un coût du financement élevé entre mi-2023 et la hausse des taux qui a réduit la rentabilité des entreprises et freiné leur demande, notamment dans les secteurs du bâtiment et de l'immobilier.
Une autre étude de BPI-Rexecode publié en décembre indiquait que « 56 % des dirigeants de TPE-PME considéraient l'incertitude politique impactant fortement leur activité, conduisant 50 % des entreprises à reporter leurs projets d'investissement, et 21 % à les annuler ».
PME/ETI et certains secteurs en première ligne
Le rapport de L'Observatoire BPCE met en évidence une situation particulièrement préoccupante pour les PME et ETI : « 51 % d'augmentation des défaillances parmi les PME-ETI (10 salariés et plus) par rapport à 2019 ».
Dans le détail, 5 265 PME et ETI (Entreprise de taille intermédiaire) ont fait défaut en 2024 parmi lesquelles on s'en souvient, Duralex, Le Coq Sportif ou encore Caddie. L'Observatoire explique d'ailleurs ce chiffre exceptionnel de 2024 par un « rattrapage partiel des quelque 53 500 défaillances évitées durant la crise sanitaire » entre 2020 et 2022.
Les petites structures (3 à 9 salariés) enregistrent une hausse de 31 %, tandis que les microentreprises (+25 %) subissent une accélération récente. Les secteurs les plus touchés comprennent :
-Construction et immobilier : des emplois menacés représentant jusqu'à 3,5 % des effectifs du secteur.
-Hébergement-restauration : toujours en difficulté après la crise sanitaire.
-Services aux entreprises et ménages : exposition accrue par rapport à 2019.
Des disparités régionales importantes existent. Certaines régions comme la Lorraine, Champagne-Ardenne et le Limousin ont été relativement épargnées, avec une hausse des défaillances inférieure à 15 %. À l'inverse, des régions comme l'Aquitaine (+43 %) et l'Île-de-France (+34 %) affichent des hausses significatives.
Pour les entreprises de taille moyenne (6 salariés et plus), les écarts sont encore plus marqués dans le Limousin (seulement +5 % de hausse) et en Aquitaine avec un bond de +101 %.
Vers un record en 2025 ?
Selon BPCE L'Observatoire, 68 000 entreprises pourraient faire défaut en 2025, exposant 240 000 emplois à un risque direct. Les petites entités seront particulièrement vulnérables, tandis que le rattrapage des défaillances pour les PME-ETI semble déjà largement accompli.
Et plusieurs facteurs pourraient aggraver la situation : une croissance économique limitée (moins de 1 %), un recul modéré des coûts de financement, des remboursements des PGE qui tardent et une normalisation des recouvrements de l'Urssaf et le contexte politique indécis.
Le bilan de 2024 constitue une alerte pour les décideurs politiques et économiques estime Alain Tourdjman, directeur des études économiques de BPCE « Les efforts doivent se concentrer sur le soutien aux petites entreprises, qui restent les plus vulnérables dans ce contexte. »
Pour éviter une hémorragie économique, les entreprises et les pouvoirs publics devront travailler de concert pour préserver l'investissement conclut l'étude, tout en allégeant les charges structurelles et garantir un environnement économique stable. L'année 2025 s'annonce donc comme un tournant crucial.