Marché des changes : qu'attendre de 2022 ?
Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
Si 2021 était toujours fortement marquée par le Covid, 2022 sera certainement davantage l'année de l'inflation, marquée par une augmentation des taux de la part des différentes banques centrales.
Après une année 2021 où les devises gagnantes étaient celles des pays avancés en matière de vaccination (dollar canadien notamment), 2022 va récompenser les banques centrales qui prendront des décisions fortes face à l'inflation.
Une tendance qui a commencé à apparaître fin 2021. « Le billet vert a terminé l'année comme étant le grand gagnant de 2021, que ce soit contre les devises majeures ou les devises exotiques. Et ce depuis le discours de Jérôme Powell, le président de la Fed, jugeant que l'inflation n'était plus transitoire », rapporte Sullivan Joubert, partner responsable du trading chez Ebury France.
Hausse des taux directeurs
L'inflation sera en effet toujours présente en 2022, notamment tirée par la crise énergétique. « Nous pensons chez Ebury qu'une normalisation des politiques monétaires est inévitable », pointe Sullivan Joubert. La réponse de la Fed a pour le moins été adaptée à la situation puisqu'il est prévu 5 hausses de taux en 2022 dont la première devrait avoir lieu dès mars. « Certains parlent même de 7 hausses de taux mais nous en doutons chez Ebury : si les hausses de taux sont trop strictes, la devise va s'apprécier, ce qui serait dommageable », note Sullivan Joubert.
Et en Europe ? La prise de conscience est moins nette mais Christine Lagarde, présidente de la BCE, a ouvert la possibilité à une hausse des taux directeurs le 3 février dernier, estimant qu'elle n'était pas contre. Une réaction à la forte inflation observée en janvier 2022 (+5,1%) ? « Les marchés prévoient 5 hausses de taux, comme aux Etats-Unis. Nous pensons chez Ebury qu'il y aura bien une augmentation mais pas aussi importante », indique Sullivan Joubert.
Ces actions concomitantes devraientt générer un statu quo sur le rapport Euro/Dollar américain. Sauf si la Fed prend finalement des décisions beaucoup plus drastiques de hausses des taux directeurs.
Un Yuan qui tire son épingle du jeu
Du côté des pays émergents, les banques centrales ont été très réactives, normalisant rapidement leur politique monétaire. « Nous pensons qu'en 2022, les marchés émergents seront les grands gagnants : ils ont eu une réponse vive face à l'inflation et une bonne reprise post-covid avec une devise qui se redresse », analyse Sullivan Joubert. Il reste cependant quelques exceptions : Turquie, Argentine, Venezuela...
La Chine est aussi une exception : le yuan chinois continue à s'apprécier face à l'ensemble des devises sans que le gouvernement chinois ait pour autant réagi à l'inflation. « Cela est dû au plan « One belt, one road » (également appelé « Les nouvelles routes de la soie » NDLR) qui vise à développer les échanges en RMB », explique Sullivan Joubert.
Face à cette exception, Ebury conseille de payer les fournisseurs chinois en devise locale. « C'est un véritable outil pour éviter les négociations de prix à la hausse des fournisseurs », estime Anne-Sophie Mathieu, dg France d'Ebury. Une bonne pratique qui peut être mise en place dans d'autres pays comme l'Indonésie ou le Vietnam.