[Tribune] Les 5 majeures d'un bon Daf dans une PME ou ETI sous LBO
Quand un fonds d'investissement entre au capital, se pose très rapidement la question du renforcement de la fonction finance. Et c'est un profil très particulier qui est recherché. On peut distinguer 5 caractéristiques récurrentes. Éclairage par Laurence Bouttier, Associée de Parquest Capital.
Sur les quelques 1 500 investissements menés en moyenne par les fonds d'investissement en France chaque année, plus d'un millier concernent des PME et ETI. Compte tenu de leur taille et de leur historique de développement, ces sociétés n'ont pas toujours donné la priorité à la structuration de la direction administrative et financière. Aussi, quand un fonds d'investissement entre au capital d'une de ces entreprises, que ce soit dans le cadre d'une prise de contrôle ou d'un ticket minoritaire significatif, se pose très rapidement la question du renforcement de cette fonction. C'est en effet un profil très particulier qui est recherché pour le poste de Daf d'une PME sous LBO. Outre la maîtrise de compétences techniques essentielles, le candidat idéal sera capable de manager (son équipe, mais aussi la relation avec les achats, les RH et les éventuels dirigeants de filiales...) et de représenter l'entreprise, notamment vis-à-vis des banques ou des actionnaires et en premier lieu du fonds d'investissement.
Savoir démontrer l'apport de sa fonction
La première étape pour le fonds d'investissement -et par conséquent pour celui ou celle qui assumera ce poste- consiste souvent à convaincre le dirigeant de l'utilité de renforcer cette fonction qui répond à une logique organisationnelle alors que celui-ci est souvent dans une logique de développement commercial. De fait, l'arrivée d'un fonds au capital d'une société accompagne souvent un tournant dans la vie des sociétés et dans la plupart des cas une volonté de développement ambitieux de la part des dirigeants. Dans ce contexte, une fonction financière limitée à un aspect purement comptable, va devoir évoluer et le Daf jouera un rôle central dans cette évolution. En effet, et avant tout projet de développement, le fonds d'investissement aura besoin d'obtenir de la part de la société une information comptable et financière fiable et de qualité. Ces exigences seront renforcées avec la mise en oeuvre de projets de développement.
Un financier mais pas que...
Les tâches qui attendent le Daf sont nombreuses :
- sécurisation des écritures comptables,
- mise en place d'une comptabilité analytique et d'un contrôle de gestion,
- gestion des problématiques de bilan (cash-flow, BFR, dette),
- mise en place de tableaux de bord
- mais aussi la gestion des sujets juridiques et fiscaux, des RH et des systèmes d'information.
Et si le projet comporte en plus une dimension croissance par acquisitions, le Daf jouera également un rôle clé en support des opérationnels dans la mise en oeuvre de la stratégie d'acquisition via l'analyse des chiffres clés, la construction et/ou la revue puis le suivi du business plan de reprise, la mise en place des financements...
Un communicant fiable
Le Daf est un des piliers essentiels du succès du LBO et est l'interlocuteur privilégié des fonds sur les sujets financiers. En plus des discussions relatives au reporting mensuel, aux comptes annuels et au budget, le ou la Daf a régulièrement des échanges informels avec ses actionnaires. De plus, dès l'opération réalisée, il est également en charge du suivi des clignotants mis en place au moment de la structuration du deal par les fonds et ses leurs partenaires bancaires. Même si tout a été modélisé en amont (schémas de remontée de dividendes, échéances des dettes et frais financiers) et se révèle assez simple en termes de suivi (mis à part peut-être l'intégration fiscale, pour laquelle le Daf peut s'appuyer sur des conseils extérieurs dans le cadre de la " hot line " mise en place durant les 6 premiers mois du deal), il est essentiel de s'assurer du respect dans le temps de ces clignotants.
En relation directe et régulière avec les investisseurs, le Daf doit nouer une relation transparente et de confiance. Une proximité qui explique pourquoi les investisseurs regardent avec intérêt les candidats à ce poste dans leurs participations.
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Parcours appréciés par les fonds
Comparé aux rôles de courroie de transmission limité de la filiale d'un grand groupe et de responsable financier d'une PME familiale dont le dirigeant connaît tous les chiffres par coeur et n'a pas de grosses ambitions en matière de développement, le Daf d'une entreprise sous LBO jouit d'un épanouissement potentiel nettement supérieur de par son exposition vis-à-vis des dirigeants, du fonds d'investissement et des partenaires bancaires. Aussi, le LBO est souvent un moyen de booster la carrière d'un Daf. Son recrutement se fait le plus souvent par l'intermédiaire d'un cabinet de recrutement en étroite concertation entre les dirigeants et le fonds d'investissement.
Capacité d'analyse et faculté d'adaptation
Une des qualités particulièrement appréciées des investisseurs est la capacité à prendre du recul par rapport aux chiffres et aux enjeux et de pouvoir accompagner la réflexion stratégique de l'équipe de direction dont le Daf fait logiquement partie intégrante. En définitive, un homme à tout faire avec un véritable état d'esprit d'entrepreneur qui saura, au fil du temps, développer une équipe. En effet, avec la vie du LBO, le rôle et le périmètre de cette fonction sont souvent amenés à évoluer significativement. Bien sûr, au fil de son parcours le Daf d'un LBO sera soutenu si nécessaire en fonction de ses champs de compétences par des conseils extérieurs dans l'accomplissement de ses différentes missions.
Pourquoi rejoindre une entreprise sous LBO
Pourquoi un Daf répondant à toutes ces exigences, bref cet " oiseau rare ", rejoindrait-il un LBO alors qu'il a en général un bon niveau de rémunération dans des fonctions bien installées dans un grand groupe ou une PME de taille significative ?
4 raisons : le niveau de responsabilité de ce type de poste, la phénoménale courbe d'apprentissage, la possibilité d'atteindre plus rapidement un rôle dans le comité de direction et enfin la possibilité d'investir au capital de la société dans le cadre d'un projet entrepreneurial ambitieux et de bénéficier du package management sont autant de réponses que ces profils ont en tête en rejoignant ce genre de situations, et l'expérience montre qu'ils ont raison !
Affichant une expérience de 13 ans dans le private equity (segment du midmarket), Laurence Bouttier (EDHEC, Lille) a rejoint Parquest Capital en 2003 après avoir travaillé dans l'équipe M&A - private equity de KPMG Corporate Finance Paris. Elle bénéficie d'une expertise sectorielle dans les biens de consommation, la distribution et la santé.
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