Conseils financiers indépendants: une alternative aux big four?
Proximité culturelle
Autres situations où le recours à un conseil indépendant se "banalise", en quelque sorte: les missions d'évaluation, d'audit RSE/ESG et de restructuration, comme le montre la deuxième édition de l'enquête menée auprès des décideurs financiers conjointement par Day One et Daf Magazine. Sur le premier segment, le cabinet américain Duff & Phelps s'est fait le grand spécialiste de l'évaluation et de l'expertise indépendante en France depuis son implantation en 2007.
"Que ce soit dans le cadre d'attestations d'équité ou de missions d'évaluation liées à des transactions, nous observons une convergence des pratiques de recours à un tiers indépendant", se félicite Carine Tourneur, managing director au bureau parisien de Duff & Phelps, qui admet, toutefois, un manque de lisibilité de l'offre pour un Daf non confronté à ce type de prestations de manière récurrente. Bien plus que le conseil opérationnel, en effet, les missions d'évaluation sont les plus sujettes à conflit d'intérêts pour des auditeurs. Ce qui rend l'exercice périlleux pour des big four aux parts de marché hégémoniques en commissariat aux comptes, mais bien plus maîtrisable pour des cabinets de petite taille capable de dresser des barrières "infranchissables" entre leur portefeuille clients CAC et les autres...
Des métiers complémentaires
C'est le choix totalement assumé de Finexsi, qui fait reposer son activité, depuis 15 ans, sur trois piliers: l'audit, le conseil en contentieux et l'évaluation. "Ces trois pôles de compétence bénéficient de fortes synergies et ne fonctionnent pas en silos étanches", explique Olivier Peronnet, qui insiste sur la complémentarité de ses trois métiers et la transversalité de ses équipes pluridisciplinaires.
Avec sa quarantaine de collaborateurs, il se retrouve à la fois sur le terrain de jeux des big pour le commissariat aux comptes et en concurrence avec les Accuracy et Duff & Phelps sur le segment de l'évaluation et du contentieux. Ce qui en fait un animal atypique dans le paysage des professionnels du chiffre. Ce positionnement de multispécialiste de niche est-il pérenne face à la concentration inexorable du secteur? "Nous sommes pragmatiques et ouverts à des rapprochements, mais nous voulons avant tout préserver notre spécificité et notre proximité culturelle avec nos clients ETI", répond Olivier Peronnet. C'est peut-être aussi ça, l'ingrédient secret qui fait le succès des conseils indépendants auprès des Daf d'ETI!
Les Big Four en embuscade
Expertise pointue et pluridisciplinarité sont les deux piliers sur lesquels se fonde sur le positionnement des big four en matière de conseil. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont accéléré la cadence, ces derniers mois, quitte à faire leur marché chez les conseils indépendants ou les expertises annexes à la finance comme PwC, qui a finalisé en 2014 le rachat du spécialiste du conseil en stratégie Booz & Company (devenu Strategy&) ou EY, qui a tout dernièrement mis la main sur le prestigieux cabinet de conseil Ricol & Lasteyrie Corporate Finance, très réputé pour l'évaluation et le conseil financier, pour renforcer son pôle Transaction Advisory Services (TAS).
"Ce qui fait notre force est notre capacité à réunir dans une même structure toutes les compétences nécessaires à nos clients et de les déployer sur mesure en fonction de leurs besoins, explique Guillaume Cornu, qui chapeaute le TAS chez EY. En cela, notre modèle peut se rapprocher du banquier qui fait du coverage et décline ses produits à ses clients dans une relation de proximité et de confiance avec les dirigeants."
Un interlocuteur unique, donc, pour tous les besoins de la direction administrative et financière et de la direction générale: "Nous avons ajouté à toutes nos expertises financières des "offres opérationnelles" regroupant, notamment, Operational Transaction Services Corporate Finance Strategy et Cash & Working Capital Management. Enfin, nous renforçons également la dimension sectorielle dans notre organisation, afin d'être au plus près des enjeux et de l'actualité de nos clients." Une industrie bien huilée qui laisse peu de place aux artisans du conseil.