Koesio : les clés du succès de son refinancement bancaire de 550 millions d'euros
Publié par Stéphanie Gallo le | Mis à jour le
Koesio, leader français des services numériques (impression, IT, téléphonie) vient de finaliser un refinancement bancaire de 550 millions d'euros. Ce refinancement s'inscrit dans une stratégie de « deleverage » visant à optimiser la structure financière du groupe. Elle doit lui donner les moyens de doubler son chiffre d'affaires d'ici cinq ans. Décryptage par son directeur financier, Olivier Badel.
Vous venez de boucler une opération d'envergure, un refinancement bancaire de 550 millions d'euros. Quelle est la genèse de cette opération pour Koesio?
En 2020, à l'occasion d'une acquisition importante, celle du Groupe Koden (170 millions d'euros de chiffre d'affaires), nous avions procédé à un refinancement global du Groupe. Il n'y avait pas d'urgence mais l'horizon de maturité de ce refinancement approchait avec des échéances importantes en juin 2026 et en 2027. Il fallait donc se pencher sur le sujet. En 2024, lorsque nous avons commencé à réfléchir à la question, l'objectif n'était pas forcément de refinancer l'intégralité du groupe mais uniquement la partie désintermédiée en remboursant Amundi et CIC Private Debt qui avaient participé au refinancement en 2020 pour un montant de 100 millions d'euros avec une marge relativement élevée (notre levier dettes nettes / EBITDA LTM était proche de 4 à la date du refinancement en 2020). Le remboursement de cette dette désintermédiée n'ayant pas été possible au cours de l'été 2024 du fait de contraintes liées à notre documentation bancaire, nous avons décidé, en octobre dernier, de procéder au refinancement de l'ensemble du groupe. Notre priorité était de réduire le montant de nos charges financières en bénéficiant de meilleures conditions bancaires du fait :
Nous avons entamé les démarches en octobre 2024 et nous avons pu signer définitivement le 11 février 2025. Nous avons obtenu un accord favorable de l'ensemble de nos partenaires : Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE, CIC, Arkea et la Banque Postale. Le désengagement de HSBC n'est pas une surprise compte tenu de leur recentrage sur une clientèle internationale présente aux USA et en Asie. La procédure de refinancement s'est bien déroulée dans un timing relativement rapide.
Comment avez-vous réussi cette performance ?
Nous nous sommes appuyés sur notre quatre banques principales : la Société Générale, BNP Paribas, le Crédit Agricole et BPCE. Nous nous sommes concentrés d'abord sur ces quatre partenaires afin de valider avec eux un premier term sheet nous ayant permis d'embarquer rapidement nos autres partenaires financiers. Cela s'est fait rapidement puisque le 19 décembre, le jour de notre « bank meeting » dédié à notre projet de refinancement, nous avons obtenu cet accord de nos quatre banques principales nous permettant de sécuriser100% des financements nécessaires. Et finalement, nous avons finalisé le refinancement avec un engagement de l'ensemble des comités de crédit représentant 137% des besoins de refinancement du Groupe.
Vous êtes-vous fait accompagner dans cette démarche ?
Non, nous avons tout fait en interne, nous nous sommes chargés de la production de toute la documentation : le business plan, l'info mémo, l'état du marché, la stratégie, les perspectives etc. Nous avions un peu d'expérience car ces deux dernières années, nous avions produit déjà de la documentation à l'occasion de l'entrée de fonds minoritaires au capital (dont Montefiore) ; nous avions notamment été accompagnés par Natixis Partners et Eight Advisory. Pour ce refinancement, nous avons estimé que nous pouvions avancer seuls.
Quels sont, selon vous, les leviers du succès ?
Nous avons l'habitude d'être très transparents avec nos partenaires bancaires et nous avons construit un véritable partenariat avec l'ensemble des groupes bancaires avec lesquels nous travaillons. Nous les réunissons régulièrement pour leur présenter nos résultats, notre business plan, notre stratégie. Et nous entretenons des relations de proximité avec chacun d'entre eux, je les contacte fréquemment, nous échangeons régulièrement avec eux afin de les informer des évènements qui jalonnent la vie de l'entreprise qu'ils soient positifs ou négatifs et en profitons pour organiser des déjeuners occasionnellement. Je crois que cette relation de confiance a constitué un élément majeur pour faciliter ce refinancement. Et puis, bien entendu, Koesio est un groupe en bonne santé, qui se développe de manière régulière, très résilient puisque nous avons bien traversé la crise Covid et les autres crises sans subir de retournement de notre activité ni de notre rentabilité.
Concrètement, quels gains avez-vous obtenus via cette opération ?
Nous avons gagné presque deux points sur les financements sur la dette désintermédiée de 100 millions d'euros, c'est très important. Et nous avons obtenu in fine un financement 100% bancaire, avec des conditions améliorées par rapport à ce qui nous était appliqué depuis l'acquisition de Koden. Au total, nous économisons environ 10 millions d'euros par an (estimation pour un tirage total de 550 millions). Ce montant inclut également le travail réalisé par notre trésorier embauché en début d'année 2024 (nous n'en avions pas jusqu'à cette date), qui a permis de capter 20 à 30 millions d'euros de trésorerie dans nos filiales, de rembourser une partie de notre RCF et donc d'économiser des charges d'intérêts.
Autre avantage, nous avons simplifié notre documentation bancaire. En 2020, nous étions très « leveragés », avec par conséquent une documentation bancaire très contraignante : en quatre ans, nous avons dû demander à sept reprises des waivers (avenants). Désormais, ce sera plus souple.
Par ailleurs, nous avons gagné en maturité avec des échéances in fine positionnées en 2030 ; ce refinancement nous permettra de financer nos acquisitions dans les années à venir. Nous avons d'ailleurs profité de cette opération pour mettre en place les bases d'un financement complémentaire de 200 millions d'euros supplémentaires dans le cadre d'une éventuelle acquisition significative (crédit non confirmé).
Justement, quelles sont les ambitions de croissance de Koesio ?
Nous allons continuer de grandir par croissance organique mais aussi par croissance externe, avec un trend d'acquisitions de l'ordre de 80 à 100 millions d'euros par an essentiellement sur le territoire français. En plus de ces opérations de croissance externes en France, nous recherchons activement des cibles à l'international (M&A structurant en Europe).
D'ici cinq ans, l'ambition est de multiplier par deux le chiffre d'affaires de Koesio avec une activité majoritairement orientée vers les métiers de l'informatique et du télécom.
Repères :