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Le contrôleur de gestion de demain : un data architect?

L'afflux de données dans les entreprises bouscule les métiers dont la fonction finance. Comment le contrôle de gestion doit-il y faire face ? Quels sont les impacts en terme d'organisation et de RH ? Exemples des groupes Elis et Monoprix lors de Rencontres du contrôle de gestion de la DFCG.

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
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Le contrôleur de gestion de demain : un data architect?
© Alexander Limbach

Afflux massif de données au sein des organisations, obsolescence des outils ou déploiement de l'IA, la fonction finance, au même titre que les autres fonctions de l'entreprise, doit faire face à de nouveaux enjeux de taille. "On nous demande de descendre au niveau du cashflow, du prédictif et des KPI's précis. Le modèle Excel a atteint ses limites", confirme Grégoire Hiesse, directeur de contrôle de gestion chez Elis , entreprise dans le domaine du nettoyage et de l'hygiène à l'occasion des 4èmes Rencontres du Contrôle de Gestion organisée par la DFCG. "Entre l'obsolescence des outils informatiques et la lenteur de ces derniers, c'est chronophage. Il faut donc informatiser et automatiser tout cela et avoir des outils structurés".

Data : aller vers plus de prédictif

C'est pourquoi, la finance a pris à bras le corps le problème en se lançant dans des projets de data. Un projet data d'autant plus nécessaire que la société Elis est cotée en Bourse depuis 4 ans et affiche une croissance externe importante avec 5 à 10 rachats par an. Même écho pour le groupe Monoprix. "Avec la volumétrie des données, il y avait un essoufflement des équipes car même si on lançait des requêtes spéciales auprès de la DSI, on perdait en agilité", explique de son côté Nicolas Bailly, directeur du contrôle de gestion du groupe Monoprix. "Il y avait aussi une accélération de la demande des données, non plus à la semaine ou au jour, mais dans l'heure et aussi d'aller vers plus de prédictif. Il y a également une émulation avec les autres services comme la supply et le marketing qui sont en avance sur le sujet avec des problématiques d'approvisionnement des magasins. On ne voulait pas prendre le train en marche."


Pour lancer un tel projet, certaines conditions sont nécessaires. Chez Monoprix, cela passe par "une prise de conscience collective et le fait de cibler des projets restreints pour arriver rapidement à des résultats, générer du succès et motiver les équipes", souligne Nicolas Bailly, directeur du contrôle de gestion du groupe. S'est ajouté à cela, un "effet d'aubaine" puisque la Daf du groupe Monoprix a été nommée sponsor du digital pour le siège. La direction du contrôle de gestion a ensuite travaillé sur 4 axes de réflexion : l'automatisation des tâches pour réduire celles à faible valeur ajoutée, l'intégration des nouveaux venus et le transfert de connaissances entre contrôleurs de gestion, la diffusion efficace de la data, et enfin comment tirer parti du potentiel d'analyse de ces nouveaux outils. Au final, deux axes de travail ont été retenus: "nous allons revoir le reporting quotidien sur le chiffre d'affaires avec la mise en place d'un outil pour automatiser et regarder cela de manière plus fine et l'autre axe de travail sera plus orienté business sur la statistique de la marge au produit dit alimentaire", détaille le contrôleur de gestion du groupe Monoprix. Fin 2019, un projet de robotisation devrait voir le jour. Chez Elis, le projet data a consisté en une convergence des systèmes d'information notamment sur le reporting contrôle de gestion sur l'outil SAP BPC.

Lire la suite en page 2 : Quelle organisation? / Des data scientists au coeur d'une organisation comptable?








Des data scientists au coeur d'une organisation comptable?

La data irriguant tous les services d'une entreprise, comment le contrôle de gestion doit-il s'organiser en conséquence? Chez Elis, la direction du contrôle gestion bénéficie en son sein d'une équipe dédiée aux outils et projets de reporting et SI. Celle-ci est en charge de l'administration des systèmes de gestion ou encore des projets de développement de nouveaux outils. "Cela crée de la compétence IT au sein des équipes finances. Et montre que la finance s'investit sur le sujet et n'est pas qu'un consommateur de la donnée. Elle est un contre-pouvoir. Il ne faut pas laisser tout cela aux mains de la DSI ", souligne Grégoire Hiesse, directeur de contrôle de gestion de la société. Cette organisation avec une équipe dédiée entraîne une "spécialisation des rôles au sein du contrôle de gestion avec des personnes plus portées sur l'analyse et l'accompagnement des opérationnels et une autre plus centrée sur la production des reportings."

Chez Monoprix, il n'y a pas d'organisation dédiée au digital au sein du contrôle de gestion. Il y a de la data au sein de chaque branche de l'organisation. Néanmoins, le directeur de contrôle de gestion du groupe plaide pour "identifier un profil ou libérer quelqu'un à 100% sur le sujet. Mais à terme, il faut s'orienter vers une séparation dans les équipes, avec des data scientists d'un côté et des contrôleurs de gestion plus axés sur l'animation. Ce qui nous évitera de rechercher le "mouton à 5 pattes", soit un expert comptable capable de s'adresser aux opérationnels mais qui a aussi un profil très IT." Cependant, pour Claude Bensimon, responsable du Master Management et contrôle de gestion de la Paris School of Business (PSB) : "L'avenir est à la double compétence. Car maîtriser la data et les SI est une vraie compétence différenciante", conclut. Mais on peut aussi se poser la question dans le cadre des recrutements: faut-il recruter des informaticiens formés à la finance ou bien faut-il former des financiers au système d'information?

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