Financements et gestion de trésorerie : quelles craintes pour 2024?
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Désengagement des banques et baisse des investissements, mais aussi allongement des délais de paiement, .. l'avenir ne semble pas tout rose pour les entreprises même si celles-ci se montrent plutôt confiantes dans le maintien de leur activité. L'édition 2023 du Baromètre ARC fait le point.
Si les entreprises sont confiantes vis-à-vis de leur activité, elles sont tout aussi nombreuses à manifester leurs craintes pour les mois à venir. C'est en résumé ce qui ressort du Baromètre 2023* réalisé par le cabinet ARC avec l'IFOP sur la perception par les entreprises de leur avenir économique, le financement de leur trésorerie, leurs attentes, l'impact des retards de paiements.
Si 33% des entreprises interrogées anticipent une croissance de leur activité dans les 6 mois (contre 23% en 2022), et 50% misent sur le maintien de leur activité, 88% d'entre elles pensent que la situation économique française ne s'améliorera pas au cours des 6 prochains mois. Par ailleurs, si 47% prévoient un délai d'un à deux ans pour effacer les effets des différentes crises subies sur leur santé financière, elles sont une majorité (50%) à ne pas l'envisager avant 3 à 5 ans voire davantage. Et plus de 7 entreprises sur 10 pensent également que la conjoncture actuelle va freiner les opérations d'investissement.
Un futur qui inquiète
Alors que 60% des entreprises estiment que les dirigeants des TPE/PME ne sont pas suffisamment accompagnés juridiquement pour prévenir et gérer les difficultés financières de leur société (procédures de mandat ad hoc, conciliation, redressement judiciaire simplifié, etc.), près de 7 entreprises sur 10 (68%) pensent que la situation économique actuelle va entrainer une augmentation du nombre de dépôts de bilan de leurs clients. Et plus de 40% pensent que ces derniers ne seront pas en mesure de faire face au remboursement de leurs créances (PGE, dettes sociales, investissements, factures, ...), selon le communiqué de presse.
Un désengagement des banques
"Le financement reste la préoccupation majeure et quotidienne des entreprises, et tout particulièrement des TPE/PME, le désengagement des banques et des assureurs-crédit a aussi très nettement été soulevé par les sociétés interrogées. Leur inquiétude quant à l'attitude des assureurs-crédit est même revenue à son niveau de 2014, période compliquée et peu porteuse pour l'économie française. Or les sociétés qui aujourd'hui déposent le bilan ont, certes, réussi à surmonter la crise mais doivent maintenant faire face au remboursement cumulé de leur PGE, factures et autres créances", estime Denis Le Boss, président du Cabinet Arc.
D'une façon générale, le prêt bancaire reste, à 40%, le moyen de financement considéré comme le plus efficace pour une entreprise rencontrant des besoins de trésorerie, très loin devant les dernières aides d'Etat potentielles (6%). Mais si pour les entreprises la détérioration de la trésorerie de leur clients est citée à 45% (soit 3 points de plus qu'en 2022) comme la première difficultée pour le reciuvrement des créannces, elles sont plus de 7 sur 10 (76%) à penser que les banques se désengagent vis-à-vis des TPE/PME qui n'auront pas encore remboursé leur PGE et 62% à constater le désengagement des assureurs-crédit. L'affacturage reste, quant à lui, identifié (84%) comme une solution de financement trop coûteuse et donc peu voire pas rentable.
Les délais de paiement, variable d'ajustement des trésoreries
Les délais de paiement demeurent une variable d'ajustement dans les trésoreries des entreprises. Et leur non-respect met en danger la santé financière des entreprises.Ainsi, selon le Baromètre, les retards de paiement sont passés en moyenne de 12 à près de 15 jours. Pour 83% des entreprises interrogées (+3 points par rapport à septembre 2022) pensent que les délais de paiement risquent de devenir une variable d'ajustement, et donc d'augmenter. Ainsi, 50% des entreprises interrogées déclarent avoir recours à un allongement du délai de paiement avec leurs fournisseurs alors qu'elles ne sont que 13% à utiliser leur découvert bancaire. Les délais de paiement sont donc pleinement considérés comme un moyen de financement à part entière. Or, pour 93% des entreprises sondées, le non-respect des délais de paiement met en danger la santé des entreprises pouvant conduire au dépôt de bilan.
Des pistes pour réduire les délais de paiement
La réduction des délais de paiement est un enjeu majeur pour assurer la santé économique des entreprises. La dématérialisation des factures demeure actuellement la solution la plus efficace pour réduire ces délais (pour 56% des sondés), mais on peut citer également les amendes administratives plafonnées à 2 millions d'euros ainsi que leur publication systématique (à 43%). Cependant, d'autres pistes sont envisagées comme la prise en compte des délais de paiement dans les notations financières des agences (81%), leur intégration comme donnée obligatoire du rapport RSE (66%), ou encore la publication des amendes sur les bases d'annonces légales (exemple : Infogreffe) à 55%.
*Etude menée auprès de 501 entreprises de 50 salariés et plus interrogées entre le 24 août et le 15 septembre 2023.