Le Daf à la croisée des chemins
Au-delà de son rôle de technicien, le Daf devra aborder l'aspect humain pour parvenir à porter le changement. A travers 4 ateliers pratiques, FiPlus et Mazars ont fait ressortir les principales évolutions à venir et la meilleure façon de s'y préparer. Explications.
"70% des projets n'arrivent pas à leur objectif initial," rappelait Valérie Bazin, associée Mazars en ouverture de l'événement Comment réenchanter les financiers à l'heure des robots et de la donnée?, organisé à l'initiative du méta réseau de finance d'entreprise FiPlus. "Cela ne veut pas dire que 70% des projets échouent, cela veut dire qu'ils n'ont pas répondu à leur objectif premier", souligne l'experte. Pourquoi ? Peut-être parce que la façon dont les entreprises mènent leurs projets de transformation est à revoir. "La plupart des situations de blocage liées à la transformation sont dues à une faiblesse de communication, explique Jean-Marc Charlet, associé Mazars. Même si le projet est bien ficelé il est nécessaire de l'animer au-delà du lancement."
Bien sûr la donnée et l'automatisation par l'outil de certaines tâches sont venus bouleverser l'approche et le traitement d'un projet. Mais ce n'est pas parce que la technologie permet de faire toujours plus de choses qu'il faut en oublier l'humain. "Au contraire, estime Christophe Delorme, DAF et membre du comité de pilotage du réseau FiPlus. A l'heure de la robotisation et de la donnée, il est primordial pour nous de considérer les deux autres ingrédients qui permettront que cette révolution 4.0 soit une véritable "success story", à savoir : le directeur financier, non pas en tant que technicien mais bien humain, qui va conduire ses équipes à travers le changement ; et l'histoire à construire et à vivre. Une histoire qui n'est jamais la même et qui s'écrit au fil de l'eau."
Le Daf story teller
C'est donc bien au Daf, plus encore qu'au DRH ou au DSI, de porter la transformation au sein de l'entreprise. Le Daf va donc devoir se faire "story teller" afin de donner du sens au changement. "Réussir une fusion, réussir un PSE, réussir la mise en place de SAP, tout cela n'est pas une fin en soi, chacune de ces actions ne sont qu'un moyen pour servir un but stratégique et c'est cela qu'il faut donner à voir aux collaborateurs", insiste Jean-Marc Charlet. Pour que le projet de transformation soit vécu positivement, il importe que le Daf dans son discours : assume la dimension extraordinaire de la transformation et ne minimise pas le changement, appréhende l'émotion lié à ce changement (on ne répond pas à la peur par des arguments rationnels), et accompagne le passage à l'action (obtenir l'adhésion ne suffit pas il faut la traduire en actes concrets).
Heureusement, d'après une étude menée auprès de 400 étudiants de MBA, les profils des financiers de demain ont déjà commencé à évoluer. Ils montrent en effet des résultats proches des autres profils avec notamment une capacité importante à faire preuve d'empathie mais aussi de créativité. En revanche ils se révèlent un peu moins consciencieux que la moyenne. Des résultats somme toute étonnants donc pour des profils finance !
De l'orchestre symphonique au jazz band
Au niveau des organisations financières on constate aussi des évolutions notables. Alors qu'il y a 20 ans la Daf ressemblait plutôt à un orchestre symphonique, imposant et où chacun avait un rôle précis, aujourd'hui elle ressemble plutôt à un orchestre dodécaphonique au sein duquel la tonalité n'existe plus telle qu'on la connait. "Les CSP (centres de services partagés) ont un peu cassé le lien entre les métiers et se sont inventés un cadre qui peut sembler parfois un peu cacophonique", illustre Valérie Bazin.
Et demain? Il ne sera plus question d'orchestre imposant mais de jazz band agile. "Tout laisse à penser que demain, les organisations finance seront moins nombreuses mais plus expertes et dotées d'une grande écoute entre chacun de ses membres", estime Valérie Bazin.
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