[Daf Day 2019] Le Daf, chef d'un nouveau chantier
En pleine transformation structurelle, la fonction finance engage le Daf à faire évoluer son rôle. Impossible d'évincer ces questions centrales lors du dernier Daf Day : comment redéfinir sa mission et quelles solutions concrètes mettre en oeuvre ? Témoignages et conseils pratiques.
Gestion des risques, digitalisation, accompagnement des équipes... Dans le contexte d'une transformation générale de la fonction finance, le rôle du Daf est également en pleine mutation, voire toujours en construction. C'est ce qui ressort des débats qui ont eu lieu lors du dernier Daf Day et dont témoigne notamment Bertrand de Belmont, Daf chez Vulcain Ingénierie, société de conseil et d'ingénierie : "en cinq ans, mon rôle a énormément évolué. Je suis arrivé dans une entreprise où le Daf devait être un couteau suisse. Avec la croissance, nous sommes montés d'un niveau". Un constat que partage Stéphane Pimienta, président de LucaNet France, solution de pilotage de la performance financière : "le Daf a un rôle plus large que le directeur financier qu'il était avant, avec une position de business partner orienté opération et stratégie groupe".
Quand Susanne Liepmann, présidente de FiPlus, méta-réseau des Financiers d'Entreprise en France, parle de "roc solide", Alban Clot, co-fondateur de Supervizor, éditeurs de logiciels d'audit et contrôle comptable et opérationnel, évoque le Daf comme un "rempart contre les contraintes externes de plus en plus fortes". Une capacité d'adaptation est donc nécessaire et même intrinsèque au poste de Daf. C'est à lui de mener le chantier.
Bâtir un édifice
Mais comment construire la charpente ? "Le Daf a un rôle fondamental, explique Stéphane Pimienta : il bâtit l'édifice. Le premier étage est transactionnel et correspond aux fondamentaux de la réglementation. Le deuxième étage concerne la partie gestion et exploitation des informations". Alban Clot complète : "il faut changer les outils progressivement, de manière à libérer du temps pour la réflexion. Au lieu de chercher une approche globale et travailler seul, il faut s'entourer d'experts ou consultants déjà confrontés à ma problématique".
Concrètement, selon Susanne Liepmann, le but est d'être le plus efficace possible en perdant le moins de temps : "les audits rapides sont une bonne solution. De la même manière, il faut choisir ses batailles et ses solutions : agir en connaissance de cause, en impliquant tout le Codir". Prioriser les actions et déléguer. Tel est le schéma privilégié par Bertrand de Belmont, qui convient néanmoins qu'il est parfois difficile de s'y tenir ; ce qui permet à la présidente de FiPlus de renchérir : "C'est vrai que c'est une solution idéale et pas forcément évidente. Ce qu'il faut tout de même retenir et viser, c'est le good enough. L'important est de combiner les deux : si le message est connu et compris, alors il faut considérer que ça va".
Comment évoluer vers les compétences soft ? - Les conseils de Susanne Liepmann
- Axer sur la communication, le "teamwork au sens transversal"
- Trouver des solutions rapides actionnables, en valorisant l'intelligence émotionnelle
- Mieux se connaître et connaître les équipes permet d'arriver à prendre du recul.
Le Daf pilier
La transformation de la fonction amène son lot de difficultés. Le Daf d'hier doit notamment apprendre à s'adapter aux générations de demain avec leur vision différente du métier et de leur apport. "Les nouvelles générations veulent apporter leur pierre à l'édifice. Il faut être à l'écoute car ils nous permettent d'évoluer et d'avoir une nouvelle vision, notamment sur les outils", avance Alban Clot. En quête de sens, les millenials ont besoin que le Daf puisse leur donner des perspectives. Pour Bertrand de Belmont, "il faudrait pouvoir planifier, organiser le travail et avoir les moyens de faire en sorte que chacun ait plus de temps pour soi".
D'une manière générale, pour faire face aux difficultés liées à la transformation, il convient selon Alban Clot de privilégier l'agilité puis l'évaluation. Une démarche que partage Stéphane Pimienta : "il faut décomposer la solution, éviter la paralysie par l'analyse et voir comment avancer pas à pas". Pour Susanne Liepmann, il s'agit de ne pas s'éparpiller : "l'important, c'est le bon sens et surtout la prise de recul. Il faut réussir à s'extraire des difficultés pour se dynamiser et ne pas perdre le libre arbitre". Avancer petit à petit certes, sans se perdre de vue non plus. "Il faut aussi faire attention à garder de l'énergie, parce que le Daf doit pouvoir rester solide pour diriger ses équipes", souligne Bertrand de Belmont. Le Daf doit donc soutenir, sans pour autant porter seul tout le poids de l'édifice.
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