Conseil en investissement financier indépendant : ce que la directive MIF 2 implique pour les conseillers patrimoniaux.
Le conseiller en investissement financier est l'interlocuteur de prédilection dès lors que l'on souhaite se faire accompagner pour investir son patrimoine. Fort de son expertise en matière de placements et de fiscalité, ce professionnel conseille ses clients sur le choix des dispositifs d'épargne et des fonds d'investissement adaptés à leur profil. Le conseiller fournit des recommandations personnalisées permettant d'organiser le patrimoine du client en adéquation avec les projets de vie de ce dernier.
Bénéficier des bons conseils d'un expert est d'autant plus important que les objectifs financiers sont souvent multiples : valoriser son patrimoine, préparer sa retraite, se constituer une rente, aider ses enfants, anticiper sa succession, etc. Le conseiller propose alors une allocation patrimoniale diversifiée s'adaptant aux différents horizons d'investissement et au profil de risque de son client.
Où trouver un conseiller en investissement financier ?
D'un point de vue pratique, les épargnants sont nombreux à se tourner spontanément vers leur conseiller bancaire en agence pour obtenir des conseils. C'est l'occasion pour le conseiller bancaire de mettre en avant les placements proposés par son établissement. Mais pour aller plus loin et comparer, l'épargnant peut confronter ces propositions de placements à celles d'autres acteurs du conseil en investissement.
En effet, les épargnants peuvent également se tourner vers un conseiller en gestion de patrimoine indépendant (CGPI). En France, on compte près de 5 000 cabinets de conseil en gestion de patrimoine enregistrés en tant que conseillers en investissement financier (CIF). Certains travaillent au sein d'un réseau ou d'un regroupement.
Les acteurs du conseil en investissement financier (CIF) se divisent en 2 catégories, selon qu'ils proposent un conseil en investissement financier indépendant ou non-indépendant.
L'introduction de la directive européenne MIF 2 a permis de réglementer et clarifier la notion de conseil en investissement financier indépendant. Désormais, le conseil en investissement financier indépendant implique que le conseiller se rémunère exclusivement sous forme d'honoraires de conseil.
Or, il faut savoir que ce mode de rémunération n'est pas le plus répandu. La majorité (95 % !) des conseillers en gestion de patrimoine (CGP) se rémunère via les rétrocessions de frais qu'ils perçoivent de la part de leurs partenaires. Même les CGP indépendants. Il en est de même pour les banques.
Ces rétrocessions sont financées grâce aux frais sur versement des différents placements (assurance vie, plan d'épargne retraite, etc.) Et également grâce aux frais de gestion que prélèvent les gestionnaires des fonds sur les encours dont ils ont la gestion. Sur certains fonds, les frais de gestions annuels représentent près de 2 % des encours, et les rétrocessions avoisinent 1 % par an.
À titre indicatif, le niveau moyen des rétrocessions perçus par les CGP est de l'ordre de 0,70-0,80 % par an sur les fonds en unités de compte logés au sein des assurances vie. Pour rappel, l'assurance vie est le dispositif de prédilection des épargnants pour investir leur patrimoine financier. Ce dispositif d'épargne fiscalement très attractif est le placement le plus souvent proposé par les CGP et les banques à leurs clients.
Les frais de gestion des fonds minorent la performance nette des placements du client. Or, ces frais varient fortement selon le type de fonds. Si l'on prend le cas des fonds d'investissement en actions, les frais collectés annuellement avoisinent les 2 % pour les fonds actifs. Mais on trouve d'autres types de fonds actions affichant des frais de gestion beaucoup plus réduits. C'est par exemple le cas des fonds indiciels cotés, des fonds "clean shares" ou des parts de fonds réservées aux institutionnels.
Les fonds indiciels cotés ("index ETF" en anglais) sont facilement accessibles aux épargnants individuels. Ils ont fortement gagné en popularité au cours des dernières années. Des sociétés telles que BlackRock ou Amundi proposent un large choix d'ETF. Les épargnants individuels sont nombreux à se tourner vers les ETF indiciels. Ce sont des fonds cotés en bourse dont l'objectif est de répliquer la performance d'un indice boursier (CAC 40, Euro Stoxx 50, S&P 500, MSCI World, Nasdaq, etc.). Les ETF présentent des frais de gestion très faibles, de l'ordre de 0,30 %. Grâce à ces frais de gestion réduits, les ETF affichent d'excellentes performances nettes de frais.
Les conseillers en gestion en gestion de patrimoine sont actuellement peu nombreux à proposer ces fonds indiciels à leurs clients. Et pour cause, les fonds indiciels cotés ne versent pas de rétrocessions. Le mode de rémunération des CIF au conseil non indépendant les incitent à privilégier les fonds actifs afin de bénéficier de rétrocessions généreuses.
CIF indépendant : le conseiller ne se rémunère que sous forme d'honoraires de conseil
À l'inverse, les CIF au conseil indépendant n'ont aucune réticence à conseiller des fonds indiciels à leurs clients. Et sur des contrats sans frais sur versement. Cet exemple illustre la façon dont le modèle de rémunération du conseiller peut influencer le choix des placements conseillés.
Nicolas Decaudain, cofondateur du cabinet de conseil en gestion de patrimoine Prosper Conseil confirme cet état de fait : "Le fait de délivrer un conseil en investissement financier indépendant au sein du cabinet Prosper Conseil, c'est-à-dire un conseil rémunéré sous forme d'honoraires, rassure nos clients car leurs intérêts sont pleinement alignés avec ceux de nos conseillers. On identifie les meilleurs fonds d'investissement pour nos clients, et il se trouve que ce sont souvent des fonds avec des frais de gestion réduits. Nous n'avons aucune limitation sur le choix des fonds. Nous travaillons en architecture ouverte, nous recommandons à nos clients des fonds et des contrats de différentes sociétés. Nous proposons même une assurance vie luxembourgeoise quand cela se justifie.".
Le conseil en investissement financier (CIF) est une activité réglementée. Le conseiller doit être enregistré à l'ORIAS et adhérer à l'une des associations agréées par l'AMF. Ces associations assurent notamment le contrôle des conseillers et vérifient que ces derniers respectent leurs obligations professionnelles. Avant de solliciter l'aide d'un conseiller en investissement financier, prenez systématiquement le temps de vérifier qu'il est bien enregistré auprès de l'ORIAS et d'une association agréée.
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