CSRD : premiers retours d'expériences d'entreprises qui publient en 2025
Publié par Christina DIEGO le - mis à jour à
Nicolas Letavernier, directeur du développement France chez Workiva partage certains premiers retours d'expérience d'entreprises de la vague 1 qui ont publié ces dernières semaines.
Quels ont été les défis des entreprises de la première vague ?
Nicolas Letavernier : Le principal défi rencontré lors de cette première phase de reporting CSRD a clairement été la collecte de la donnée. Ce challenge a pu être relevé grâce à une collaboration renforcée entre les équipes finance et RSE, un point de convergence relevé par de nombreuses entreprises ayant mené ce premier exercice. Dans certains cas, ce sont même des anciens profils issus des équipes de consolidation qui ont endossé le rôle de chef de projet CSRD, grâce à leur maîtrise des systèmes de reporting traçables, audités et fiables.
Un deuxième enjeu majeur a été celui de la collaboration interfonctionnelle. La CSRD implique bien au-delà des seules équipes RSE : les directions financières, les ressources humaines, les services de gestion des risques et d'autres fonctions clés ont dû être mobilisés, souvent sans que cela ait été pleinement anticipé par les entreprises. Ce besoin de coordination transversale a constitué une découverte et un défi pour beaucoup.
Enfin, le troisième grand point de tension a concerné l'audit. Si les entreprises avaient anticipé une charge d'audit importante, la réalité des interactions avec les auditeurs, la fréquence des aller-retours, et l'intensité du processus ont parfois été sous-estimées. Cela a engendré une pression opérationnelle forte pour de nombreuses équipes.
Comment la plateforme Workiva permet de soutenir ces défis ?
N. L. : Dans ce contexte, la plateforme Workiva permet de connecter les données depuis leur source jusqu'au rapport final, assurant ainsi conformité et fiabilité à chaque étape. Sa dimension collaborative a également été particulièrement appréciée : les différents services peuvent travailler simultanément, en temps réel, dans un espace de travail unifié. De nombreux retours clients ont souligné que, sans cet outil, la production du premier rapport CSRD aurait été bien plus complexe. Cette intégration permet de réduire les aller-retours avec les auditeurs, de centraliser les preuves et justificatifs dans le document, et de fluidifier l'ensemble du processus de validation. L'objectif est clair : simplifier et automatiser au maximum le processus de reporting, qu'il soit financier ou extra-financier.
Quels sont les changements majeurs avec l'arrivée de la CSRD ?
N. L. : Ce qui a été essentiel dans le développement de la plateforme, c'est d'intégrer la capacité à prendre en charge l'analyse de double matérialité, l'intégration des normes ESRS, ainsi que la maintenance de ces normes dans le temps. Mais surtout, comme la donnée est connectée en continu, une information collectée pour le reporting CSRD peut être réutilisée à l'identique pour d'autres référentiels ESG.
L'un des enjeux majeurs a donc été de conserver et maintenir les référentiels préexistants avec lesquels les entreprises étaient déjà en conformité, afin de capitaliser sur la donnée collectée. Cela permet non seulement de l'utiliser dans tous les rapports ESG, mais aussi dans les réponses aux questionnaires des agences de notation, qui représentent un enjeu critique pour les entreprises.
La logique sous-jacente repose sur une gestion unifiée de la donnée via ce que l'on appelle le programme ESG, véritable tour de contrôle permettant de déployer automatiquement la même donnée vers tous les usages nécessaires : rapports réglementaires, extra-financiers ou demandes des parties prenantes externes.
Quel est pour vous le principal enjeu du reporting de double-matérialité dit CSRD ?
N. L. : On parle peu de ces entreprises qui ont, pour la plupart, déjà commencé à mettre en oeuvre la CSRD. Pour de nombreuses multinationales, cette directive est même en passe de devenir un véritable standard international. Si l'on revient aux fondements d'une entreprise - la croissance, la génération de cash, l'attractivité des talents - il ne faut pas oublier un pilier essentiel : la résilience. Et c'est précisément ce volet que la CSRD vient renforcer.
C'est en tout cas ce que reflètent les retours d'expérience des clients de Workiva. Plusieurs ont choisi de structurer leur démarche CSRD avec un double sponsoring, associant le Directeur Financier (CFO) et le Directeur du Développement Durable (CSO), pour en faire un levier stratégique de résilience à long terme. La CSRD est véritablement une opportunité pour renforcer ce pilier de la résilience de la compagnie.
Comment les entreprises de plus petites tailles envisagent-elles ce reporting ?
N. L. : Le reporting de durabilité attire de plus en plus d'entreprises de taille modeste, notamment celles en forte croissance qui souhaitent rapidement se hisser au niveau des standards des grandes entreprises. Pour elles, l'enjeu est double : garantir leur conformité à la CSRD, mais aussi saisir l'opportunité de digitaliser des processus encore manuels, tout en renforçant leur résilience.
Par ailleurs, certaines petites structures s'intéressent à une plateforme comme la nôtre en raison de leurs ressources limitées, tant pour le reporting financier que pour le reporting extra-financier. La CSRD représente pour elles une charge supplémentaire, qu'elles cherchent à alléger par l'automatisation. Ces solutions technologiques permettent non seulement d'améliorer la collaboration entre équipes, mais surtout de générer des gains de productivité significatifs, estimés à environ 30 % sur les processus couverts. Un levier précieux pour les entreprises de taille plus réduite.
Pensez-vous que les entreprises qui ne soumettraient pas à la CSRD pourraient être considérées comme moins concurrentielles ?
N. L. : La mise en oeuvre de la CSRD constitue un véritable avantage concurrentiel pour les entreprises, indépendamment de leur taille. Elle permet de renforcer le pilier de la résilience, tout en ouvrant de nouvelles opportunités business, notamment grâce à la collecte de données inédites jusque-là non suivies.
Cette transformation favorise également une collaboration renforcée entre différentes fonctions clés : gestion des risques, contrôle et audit internes, finance et RSE. Elle permet de décloisonner les pratiques et d'améliorer la coordination.
Enfin, pour les entreprises européennes concernées, cette démarche représente un atout stratégique par rapport à d'autres sociétés, y compris à l'international, qui ne seraient pas encore soumises à la CSRD. Elle offre ainsi un positionnement plus solide en matière de transparence, de gestion et de gouvernance.