Brexit : un coup de frein sur les opérations de croissance externe, du flou et de l'attentisme
Publié par Yann Petiteaux le | Mis à jour le
La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne crée un choc sans précédent. Les mois à venir vont être marqués par l'incertitude. A long terme, tous les pays membres de l'UE vont être pénalisés. Entretien avec Jean-Noël Mermet, PDG du cabinet Frenger international (fusions-acquisitions).
Le Royaume-Uni a finalement voté en faveur d'une sortie de l'Union européenne. Quel est votre sentiment ?
Franchement, c'est un choc. Hier encore, on était globalement optimiste, on faisait confiance aux agences anglaises qui penchaient en faveur du " remain ". Aujourd'hui, on est dans le brouillard.
On constate dans ce référendum qu'il y a une fracture géographique entre Londres et le Sud qui ont voté en faveur du " remain " et les campagnes du Nord qui ont voté pour la sortie de l'union européenne. On peut se demander s'il s'agit d'une sanction des classes populaires qui estiment ne pas avoir profité de la reprise économique.
"Ce matin, un de mes clients français, qui doit venir visiter des entreprises anglaises dans le cadre d'un projet d'acquisition, m'a demandé ce que l'on devait faire : continuer ou stopper"
Quelles vont-être, à court terme, les conséquences de ce Brexit ?
Le déclenchement des négociations de sortie ne se fera pas avant octobre voire novembre. Nous allons donc passer plusieurs mois de flou artistique où il ne va rien se passer. Ce sera une période d'attentisme.
Pour vous donner un exemple, ce matin, un de mes clients français, qui doit venir visiter des entreprises anglaises dans le cadre d'un projet d'acquisition, m'a demandé ce que l'on devait faire : continuer ou stopper. Je pense que le Brexit va ralentir les projets en cours et en faire annuler d'autres, car les milieux financiers n'aiment pas l'incertitude. Il risque d'y avoir un gros coup de frein sur les opérations de croissance externe.
D'un autre côté, le décrochage de la livre sterling par rapport à l'euro sera bénéfique dans la mesure où les acquisitions de sociétés anglaises seront moins coûteuses.
En revanche, l'impact du Brexit sur la croissance du pays reste une question. Certains parlent même d'un risque de récession.
Qu'allez-vous conseiller aux entreprises françaises qui souhaitent investir au Royaume-Uni ?
Il faut avancer de toute manière car une opération de croissance externe est un processus long. Le Brexit n'est évidemment pas une bonne nouvelle, mais le Royaume-Uni va rester la deuxième puissance économique européenne.
Et à plus long terme ?
Je n'ai pas passé beaucoup de temps à réfléchir à ce scénario, car je ne voulais pas y croire. Ce que l'on peut dire, c'est que pendant la période de négociation, qui durera au moins deux ans, il n'y aura pas de différence notable dans la pratique des affaires.
Après, la question qui se pose, c'est : comment l'Europe et les institutions européennes vont-elles réagir face à ce vote ? Soit les modalités de sortie prévoient de faire payer cher ce départ et cela aura des conséquences sur l'économie britannique, soit l'Union européenne essaie d'assouplir les relations avec le Royaume-Uni.
Quoi qu'il en soit, la sortie de l'UE de la deuxième économie européenne va pénaliser à la fois le Royaume-Uni et les autres pays membres.