Flotte auto : comment diminuer les coûts liés aux infractions
Responsabiliser au lieu de culpabiliser
Il est donc impératif de sensibiliser les conducteurs face aux risques routiers. "Quand on s'adresse à un grand rouleur qui prend la route quotidiennement, il faut lui rappeler que le risque est permanent, à la fois pour sa santé, mais également en termes économiques", précise Philippe Orvain, cofondateur de Nomadic, qui commercialise des solutions matérielles pour la mobilité durable, la géolocalisation, la traçabilité et la sécurité des personnels itinérants de l'entreprise. Mais pour sensibiliser, il convient d'identifier les conducteurs à risque, ceux qui sont sujets aux infractions.
Grâce à la mise en place de tableaux, il est possible de générer un classement afin de confronter les insouciants face à la triste réalité de leurs exploits : excès de vitesse, non-respect des feux de signalisation... Des campagnes de sensibilisation, non seulement auprès des mauvais élèves, mais également à destination des autres conducteurs de l'entreprise, sont nécessaires pour éviter à tous d'être pris par la patrouille. Concrètement, les campagnes peuvent se traduire par une simple communication en interne sur la notion de vigilance-prudence. Mieux, il peut être judicieux de mener des campagnes de motivation chaque mois, pour récompenser les meilleurs élèves via des primes pour "bonne conduite".
L'écoconduite en renfort
Encore mieux, la mise en place de stages de conduite, voire d'éco-conduite, peut s'avérer "payante" pour diminuer les coûts. Baisse de la consommation de carburant, du taux de sinistralité, de l'émission de CO2, sans oublier le volet sur la baisse du nombre d'infractions, les enjeux liés à une démarche d'éco-conduite sont loin d'être négligeables. Les commerciaux, gros rouleurs, sont les premiers concernés. "Lorsque les conducteurs apprennent à se servir de leur véhicule avec davantage de souplesse, d'anticipation, de prudence, la conduite devient plus apaisée et plus respectueuse des règles du code de la route, avec pour conséquence directe une exposition moins grande aux infractions", précise Marc Bodson, directeur général de Beltoise Evolution, société de formation à la sécurité routière et à l'éco-conduite.
La démarche éco-conduite répond à deux objectifs : réduire le TCO (total cost of ownership) ou coût d'usage du véhicule, et prévenir les risques routiers, ce qui n'est pas sans conséquences sur les infractions au Code de la route. En s'orientant vers l'éco-conduite, l'entreprise montre à ses collaborateurs qu'elle s'occupe d'eux. Toutefois, certaines organisations se refusent à ajouter des contraintes à des équipes déjà sous pression. Entamer une telle démarche revient finalement à mettre les conducteurs face à leurs responsabilités.
Enfin, une telle stratégie de prévention, si elle n'est pas totalement menée et suivie par la hiérarchie, est vouée à l'échec. Il est donc très fréquent de voir des dirigeants d'entreprises, quelle que soit leur taille, suivre des stages de conduite. Attention néanmoins aux contraintes de productivité constatées dans certaines entreprises. Les exigences en matière de performance sont particulièrement contraires à la fois aux préoccupations de sécurité routière et au respect de la conduite à suivre.
Zoom - La vitesse, le téléphone et l'alcool en ligne de mire
Les mesures phares prises par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve :
- Un abaissement de la vitesse de 90 à 80 km/h est prévu sur trois routes nationales durant une phase de test de deux ans.
- Pour l'alcool au volant, le décret abaisse le taux légal d'alcoolémie de 0,5 à 0,2 g/l pour les jeunes conducteurs durant les trois ans de la période probatoire de leur permis (deux ans s'ils ont suivi la conduite accompagnée).
- Interdiction des oreillettes: est désormais proscrit tout ce qui isole le conducteur de son environnement, à savoir les écouteurs fixés sur ou dans l'oreille (autres que médicaux). Seuls les systèmes d'origine Bluetooth proposés par les constructeurs sont autorisés.
- Enfin, se garer sur un passage piéton, un trottoir ou une voie cycliste sera passible d'une amende de 135 € (contre 35 €).