[Avis d'expert] "DAF augmenté" : comment se saisir des innovations digitales pour augmenter sa valeur et son rôle ?
Au-delà de l'implémentation d'outils, la transformation digitale impacte la fonction même du Daf qui doit devenir le chef d'orchestre d'un écosystème élargit. Le temple Finance s'ouvre et son gardien doit en faire de même.
La transformation digitale impacte l'entreprise à tous les niveaux mais elle n'est pas seulement un sujet d'intégration ou d'optimisation d'outils, bien que le degré de performance soit un sujet crucial pour tous les métiers. Pour les services Finance, la transformation digitale créé de nouveaux défis : de la maîtrise des risques au pilotage de la performance en passant par la gestion des données à l'appréhension de grandes tendances en matière d'innovation. Demain, des assistants virtuels, avec des fonctionnalités de plus en plus étendues, pourront gérer certaines tâches à faible de valeur ajoutée. Dans ce contexte où la capacité des outils technologiques augmente, comment le DAF peut-il s'en saisir tout en augmentant la valeur de son métier et contribuer encore plus au développement de l'entreprise ? Comment peut-il renforcer son rôle de business partner en collaboration avec les autres fonctions et la direction générale pour que l'entreprise prenne les bonnes décisions ? Comment construire un écosystème financier digital efficient au service de la croissance de l'entreprise et donner plus de valeur à l'humain ?
Le DAF, co-pilote de la transformation digitale ?
L'économie actuelle tend à se complexifier et se globaliser, il faut pouvoir gérer les risques, prendre des décisions plus rapidement, collaborer plus largement, automatiser les tâches à faible valeur ajoutée, anticiper les tendances... Le décideur financier n'est plus seulement un " gardien du temple ". Le temps où sa préoccupation majeure portait sur la conformité et le reporting est révolu. La raison est simple : la position du décideur financier est trop centrale et stratégique pour qu'il puisse faire l'impasse sur un rôle de business partner voire de co-pilote de la transformation digitale.
Une défaillance d'entreprise sur quatre est liée à des retards de paiement en France. Alors que le RGPD pose aujourd'hui de nombreuses questions, les risques de cyberfraudes sont plus importants et récurrents, le décideur financier est d'abord concentré sur la trésorerie. Pourtant, les conséquences du non-traitement de ces sujet peuvent être dramatiques : pertes financières, données compromises ou atteinte à la réputation. Dans un contexte de digitalisation croissance, comment maîtriser ces sujets concernant la trésorerie, la cybersécurité ... Il devient nécessaire de se doter des outils de Business Intelligence qui permettent de suivre les flux de trésorerie, d'être alerté si nécessaire, et même de prendre les devants. Malgré l'intelligence du DAF et la qualité des collaborateurs, l'expertise et la compétence ne suffisent plus : la technologie est un game changer pour les directions financières ! Les algorithmes observent et croisent plus de données que ne le pourrait jamais une femme ou un homme. Bien outillé, le directeur Financier avec l'aide de ses pairs (DSI, DRH) peut mettre en place les process nécessaires pour protéger l'entreprise et contribuer à saisir de nouvelles opportunités de croissances.
Un pilotage dynamique pour maîtriser les risques et générer de la croissance
Chiffre d'affaires, marges, excédent brut d'exploitation, salaires, factures, les données sont l'or noir des directions financières. Sans informations fiables, comment piloter de manière efficiente la croissance de l'entreprise et ce, pendant que le volume des données lui explose ? Un travail doit donc être opéré sur la collecte et la structuration des données, en les rassemblant dans une base de donnée unique pour les connecter aux différentes applications de gestion.
Une direction financière moderne ne doit plus produire des rapports longs et complexes. Elle doit disposer de cet outil de Business Intelligence, avec des indicateurs dynamiques, contextualisés et plus simples à comprendre, pour délivrer à la direction générale et aux métiers les bonnes informations. De plus en plus, il pourra être demandé aux services Finance des informations fiables en temps réel pour avoir une vision toujours actualisée des différentes situations financières ou extra-financières.
Ce contenu est d'autant plus précieux lorsque l'on sait que 59% des entreprises craignent l'incapacité de leurs clients à honorer leurs engagements. La bonne maîtrise et un pilotage dynamique des données permet d'éviter des situations à risque avec une bonne gestion du workflow, la tenue d'une bonne trésorerie et surtout d'avoir une longueur d'avance pour lancer des nouveaux projets pertinents pour la croissance.
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Demain, un assistant digital pour aider à la décision
En passant à des systèmes Cloud pour la maîtrise et la gestion des données, les workflows ont soudainement gagné en souplesse et en pertinence. Cela a modifié la nature des échanges internes et le partage des informations entre les services Finance et les différentes business units. Demain, grâce à une intelligence artificielle de mieux en mieux maîtrisée et rendue ultra-pertinente par sa capacité à apprendre en permanence de ses interactions avec l'utilisateur, les robots se positionneront sur des tâches encore plus complexes. Un robot ou plutôt un assistant virtuel sera capable de répondre à des interrogations, ou pourra suppléer le DAF sur des tâches complexes ou répétitives mais aussi croiser des millions de données internes et externes pour produire des analyses plus profondes et plus pertinentes. Il sera par exemple possible de réaliser des demandes d'achat au moyen de la voix sur son smartphone. Ainsi, les directeurs financiers pourront s'appuyer sur des algorithmes pour détecter des tendances et des risques et en fonction de la survenance de tel ou tel événement se voir suggérer des actions par cet assistant virtuel.
Pour les utilisateurs des applications Finance, un nouveau monde émerge. Finies les tâches fastidieuses, bienvenue dans l'ère de l'analyse et de l'aide à la décision ! De la maîtrise des risques au pilotage de la performance, les directeurs financiers sont au centre de la transformation digitale des entreprises. Demain, le DAF sera donc augmenté par la technologie, non pas pour être remplacé mais pour donner le meilleur de lui-même et proposer des opportunités de croissance à la direction générale. Aux business units, il partagera des indicateurs encore plus pertinents afin d'être efficients et performants. A la condition d'être doté d'un bon outil de Business intelligence.
Laurent Ludvig est directeur exécutif de la business unit Finance et Taxes chez Cegid depuis 2015. Cegid est un acteur majeur des solutions de gestion pour les professionnels de l'Expertise Comptable, de la Finance et de la Fiscalité, de la Paie et des Ressources Humaines et du Retail.
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