Actifs numériques : quels risques et opportunités pour les entreprises ?
Si les crypto-actifs apportent des opportunités aux entreprises, leur gestion doit être encadrée car ils présentent aussi des dangers. Le directeur financier joue un rôle central en garantissant une bonne maîtrise des différents risques.
Les actifs numériques (crypto-monnaies, NFT ou stablecoins) agitent la sphère financière et le monde de l'entreprise depuis quelques années. « Nous observons des degrés de maturité très divers selon les groupes. Les entreprises du retail et du luxe ont notamment pris une longueur d'avance », constate Catherine Philippe, associée chez KPMG Advisory et responsable blockchain & crypto. Un sujet qui intéresse de plus en plus les directions financières car elles jouent un rôle central dans la gestion de ces actifs. Celles-ci sont souvent amenées à s'emparer du sujet après une demande métier en vue d'une expérimentation autour des blockchains et des actifs numériques.
Au sein des entreprises, les cas d'usage sont nombreux : programmes de fidélité, passeport digital du produit, objets de collection, traçabilité des produits, personnalisation de l'expérience client, etc. « Dans ce cadre, les entreprises peuvent être amenées à recevoir des actifs numériques, notamment de l'ether, ou à l'utiliser pour payer des contributeurs ou artistes. C'est en général à ce moment que les directions métiers font appel au directeur financier », remarque Catherine Philippe. Cela demande en effet d'avoir accès à une plateforme d'échange de crypto-monnaies.
Bien maîtriser les risques
« Il est essentiel que le DAF soit mis dans la boucle car il y a des enjeux de conformité et des risques technologiques et de blanchiment d'argent. La plateforme utilisée doit être conforme à la réglementation », souligne Catherine Philippe. Pour l'experte, il est important de mettre en place des protocoles de conservation et des outils de compliance adaptés pour sécuriser les transactions et identifier celles qui sont atypiques ou illicites. D'autant que le cadre réglementaire n'est pas encore mis en place sur le Vieux Continent puisque le règlement européen sur les marchés de crypto-actifs entrera en vigueur en janvier 2025. « Il y a également un enjeu de communication financière car à partir du moment où une entreprise dispose d'un volume significatif de crypto-actifs, elle a l'obligation de les présenter dans son information financière annuelle », pointe Xavier Niffle, associé KPMG Audit, en charge du digital audit et de l'innovation.
Des opportunités pour la gestion de trésorerie
Les actifs numériques permettent aussi d'explorer de nouveaux rails de paiement, ce qui suscite notamment l'intérêt des trésoriers. Ils offrent aussi la possibilité de diversifier les investissements. Dans ce domaine, il existe une grande différence entre la France et les États-Unis, qui sont beaucoup plus matures sur le sujet. Certains grands groupes américains disposent ainsi de portefeuilles d'investissement qui comprennent des actifs numériques. « Aujourd'hui, il est rare de voir des directions financières et des trésoriers aller vers ce genre de diversification en France. Les entreprises devraient avoir moins d'appréhension lorsque le cadre réglementaire sera posé », analyse Catherine Philippe. « La volatilité observée sur les marchés en 2022 a aussi refroidi un certain nombre d'entreprises, même si les marchés repartent à la hausse », ajoute Xavier Niffle. La gestion des actifs numériques impose ainsi aux directeurs financiers de maîtriser un certain nombre de risques en matière de réglementation, de sécurité et de volatilité.
Sur le même thème
Voir tous les articles BI